À la Passerelle, la solidarité n’a pas de prix

Vous êtes peut-être déjà passé devant sans oser y entrer. Au 100 rue d’Arras, à deux pas de La Poste de Moulins, se trouve La Passerelle, une épicerie solidaire fondée en 2012 puis étendue en 2016 à son adresse actuelle. Le Pépère News vous fait découvrir les missions de cette association.

Un projet ambitieux

La présidente de La Passerelle, Linda Motrani, est partie d’un constat simple : il fallait une boutique d’alimentation générale proche des gens, qui touche à « la vraie vie ». L’établissement précédent, rue de Condé, convoquait les bénéficiaires tous les quinze jours à date fixe. Or cela constituait plus une contrainte qu’une aide pour de nombreuses familles. Alors quand, en 2016, l’agence immobilière HLM Lille Métropole Habitat a proposé un partenariat avec La Passerelle, Linda Motrani n’a pas hésité une seconde. C’est ainsi qu’est né ce local de 250 m² qui propose des produits divers (alimentaire, hygiène, vêtements) à des prix « 20 à 30% plus faibles que dans un magasin traditionnel ». Avec une clientèle toujours plus importante : de 250 au démarrage, on estime aujourd’hui à 900 le nombre de familles qui viennent y faire leurs courses régulièrement.

Néanmoins, à la question de savoir si l’association était subventionnée par l’État, la présidente de l’association nous confie que les dossiers à constituer pour en faire la demande sont bien trop compliqués à réaliser. “Quand je veux constituer un dossier, j’ai l’impression que je vais acheter le palais présidentiel”, ajoute-t-elle sur le ton de l’humour, semblant n’avoir que peu d’espoir en une quelconque aide des collectivités territoriales.

La Passerelle, épicerie solidaire (100 rue d’Arras, Lille). © Léo Maillard

La solidarité comme mot d’ordre

Les publics visés ? Principalement les familles en difficulté budgétaire, les travailleurs précaires, les retraités et les étudiants. Les assistantes sociales de Lille 1, Lille 2 et le CROUS disposent d’une habilitation pour diriger les étudiants vers La Passerelle. Pour être inscrit comme bénéficiaire, il suffit de fournir les documents administratifs nécessaires (prestations CAF, avis d’imposition, justificatif de bourse). On vous attribue alors une carte sans photo renouvelable tous les 6 mois, indispensable pour faire ses achats. Ouverte du lundi au vendredi de 13h à 15 h (10h-12h le samedi), la Passerelle ouvre spécialement ses portes aux étudiants à 12h45. « C’est souvent compliqué pour les étudiants qui ont cours le matin et l’après-midi», explique Mme Motrani pour justifier ce choix.

Une structure bien rôdée

Trouver un modèle pérenne n’a pas été chose facile. L’épicerie s’approvisionne auprès de plusieurs enseignes de la grande distribution lilloise. Elles lui fournissent leurs invendus, principalement des produits frais à DLC basse (« à consommer jusqu’au… ») et des produits secs dont la Date de Durabilité Minimale (« à consommer de préférence avant le… ») est dépassée, sans que cela n’altère en rien le goût ou la qualité des articles. Depuis 2016, la loi Garrot oblige les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 à nouer des partenariats avec des organisations caritatives. Cela permet d’éviter que les enseignes ne rendent leurs invendus impropres à la consommation en les aspergeant de lessive. Selon la présidente de l’association, si « la plupart des magasins du Nord avaient déjà des circuits » et n’ont pas attendu la loi pour organiser la collecte, certaines enseignes rechignent encore à faire le pas et continuent à jeter leurs invendus. Le problème réside surtout dans la redistribution, qui demande des efforts que la grande distribution n’est pas toujours prête à fournir. Par ailleurs, elle contraint donc parfois les associations à jeter ce qui n’a pas pu être donné. C’est pour cela que La Passerelle s’est associée à d’autres organismes comme l’Abej, qui vient en aide aux personnes sans domicile fixe. Pour Linda Motrani, “rien ne doit être jeté à la poubelle”.

Rebâtir du lien social

Mais l’action de la Passerelle dépasse de loin celui d’une simple épicerie. Elle organise chaque année un goûter de Noël ainsi que de nombreuses sorties culturelles en lien avec l’association Tous les possibles. “Grâce aux prix pas chers je peut me permettre un restaurant ou un cinéma ce que je ne faisait pas avant”, témoigne par exemple Nathan sur le site internet de la Passerelle.

L’association est composée de 5 salariés en contrat aidé PEC, et d’une grosse dizaine de bénévoles parmi lesquels de nombreux bénéficiaires venant participer à la logistique ou accueillir les familles le samedi matin. « Le but est de valoriser la personne humaine », affirme Linda Motrani. Et, quand on lui demande quels sont ses objectifs pour le futur, la réponse fuse : « Je rêverais d’amener les enfants à Eurodisney ». Une nouvelle preuve, s’il en faut, de la générosité des membres de l’association, qui ne comptent pas leurs heures lorsqu’il s’agit d’aider. Alors, la prochaine fois que vous passez devant le 100 rue d’Arras, que ce soit pour vous inscrire ou seulement donner un coup de main, n’hésitez pas à franchir les portes de La Passerelle !

La Passerelle, épicerie solidaire (100 rue d’Aras, Lille). © Léo Maillard
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