À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
Benjamin Defromont, 17 ans, L3 philo
Benjamin, avec plus de 2 300 ELO, est maître de la fédération internationale d'échecs - et l'initateur de l'équipe universitaire d'échecs de Lille.
A terme il aimerait, comme d'autres de ses "frères d'armes", créer un club d'échec au sein de l'Université.
À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
Jean Lefrère, 20 ans, licence socio-histoire
Jean, originaire de Douai, joue depuis treize ans. Sa mère lui a appris les rudiments des échecs, et son tonton, qui jouait en club, l'a aidé à progresser.
S'il se considère comme l'outsider de l'équipe, il croit en leurs chances de réussite. "On va pas se laisser faire."
À l’Université de Lille, les génies des échecs contre le reste du monde
Ivan Tawegoum, 21 ans, 4è année de pharma
Originaire de Wattignies, Ivan joue aux échecs depuis ses 12 ans. "Mon grand-frère y jouait alors comme tout petit frère, je me suis mis à faire pareil."
Seulement, aujourd'hui, Ivan s'apprête à concourir une compétition internationale. "Je peux bien me dégager quelques heures à côté des études pour jouer aux échecs."
Sept étudiant·e·s de l’Université de Lille viennent de monter leur équipe d’échecs. Ils vont se mesurer aux meilleurs joueurs du monde universitaire lors du championnat du Monde d’échecs en ligne des Universités à partir du 13 mars. Un challenge à la hauteur de leur niveau.
L’ambiance est studieuse dans le studio photo de l’Université de Lille. Benjamin Defromont, à l’initiative de ce projet d’équipe universitaire, est en train de se faire tirer le portrait, échiquier sous le nez, air concentré. L’heure est aux préparatifs, moins de deux semaines avant le début du championnat. Avec ses six partenaires, ils affronteront certains des plus éminents joueurs d’échecs au monde, des Texans aux Russes en passant par d’autres compatriotes français. Un challenge intellectuel, stratégique et organisationnel qui, en temps de pandémie, permet aux 7 férus d’échecs [voir galerie] de revenir dans la partie.
Un championnat d’excellence
Comprenez bien que l’équipe universitaire de Lille ne s’apprête pas à affronter un banal championnat. Le championnat du Monde d’échecs en ligne des Universités est organisé par la Fédération Internationale des Échecs, principale autorité en la matière, et par l’Université Texas Rio Grande Valley, réputée entre autres pour la qualité de ses joueurs. Environ 1.000 universitaires à travers le monde devraient ainsi concourir, exclusivement des étudiants de moins de 26 ans. Deux phases sont proposées, l’une en blitz (chaque joueur a trois minutes pour mettre l’autre en échec et mat, plus deux secondes par tour pour « exécuter » son coup) et l’autre en parties rapides, où les adversaires ont cette fois-ci dix minutes pour terminer la partie avec plus cinq secondes à chaque tour.
Le championnat débutera le 13 mars et se déroulera sur plusieurs week-ends, durant lesquels les universités s’affronteront sur la plate-forme Tornelo Chess. Certaines, comme Texas Rio Grande Valley, comptent plusieurs joueurs d’échecs de renom, des « grands maîtres ». Nos Lillois en plaisantent. « Ça va être l’occasion de manger du GM. » Plus sérieux, Benjamin relativise. « C’est tout à fait possible de battre un maître ou un grand maître sur une partie sans en être un soi-même. »
Benjamin et ses coéquipier·e·s restent pourtant modestes. Être officiellement maître de la fédération d’échecs ne donne pas le melon à Benjamin, 17 ans, en L3 de philosophie à l’Université de Lille. Pas plus qu’à ses camarades, excellents joueurs, qui restent sur la défensive. À l’instar d’Axel Vanneste, 21 ans, en DUT statistiques et informatique décisionnelle : « Je suis là parce que je crois que cette équipe représente une opportunité unique. C’est le genre d’évènement qui me restera en mémoire toute une vie. »
Une équipe montée au pied levé
C’est lorsque la Fédération Internationale des Échecs annonce la mise en place du championnat que Benjamin décide de monter son équipe universitaire. À 17 ans, il est déjà en L3 de philosophie à l’Université de Lille, et bénéficie du statut de sportif de haut niveau – comme se plaît à le rappeler Murielle Garçin, vice-présidente des activités physiques et sportives de l’Université. « Benjamin nous a sollicité [pour monter une équipe] alors qu’il bénéficiait déjà de ce statut. Avec Philippe Tanchon, qui préside la commission des sports de haut niveau à l’Université de Lille, nous avons sauté sur l’opportunité. » Objectif affiché pour l’administration : soutenir l’équipe d’échecs et montrer qu’il est possible d’allier études supérieures et sport de haut niveau. Concrètement, l’Université prétend aider l’équipe en fournissant des sweats aux couleurs de l’établissement aux joueurs et en organisant un shooting photo dans ses studios, rue Paul Duez.
De la comm’ en somme, mais qui a pour l’instant fait son effet. « Il a fallu recruter des joueurs », explique Benjamin. « On a informé à travers le compte Instagram de la fac et sur Moodle [l’intranet de l’université, ndlr] qu’on cherchait du monde pour monter l’équipe. On a reçu 48 candidatures de joueurs débutants mais pas seulement. Il a fallu faire un tri ! » Un tri qui s’est orchestré à la loyale, à travers un tournoi. « On a organisé une sélection sur quelques heures, en faisant des blitz. Au final ça fait des parties assez rapides, d’une dizaine de minutes. C’est l’idéal, ça finit par faire mal aux yeux les échecs sur écran », plaisante Benjamin.
Ainsi, toute l’équipe ne se connaît pas. Les premières rencontres se font parfois avec un peu d’embarras. Mais très vite, la passion qui unit Benjamin, Axel, Samuel, Ivan, Thomas, Jean et Emma prend le dessus, et la discussion tourne à l’échiquier. « Les échecs, à un certain niveau, deviennent un jeu où on apprend beaucoup de choses par cœur, des scénarios de jeu, des ouvertures, des fins de parties », explique Axel. « Mais ça demande beaucoup de créativité tout de même, tous les jours il y a de nouvelles parties, avec des choses qu’on ne voit jamais », complète Thomas Lepoittevin. En nous laissant tenter par un peu de chauvinisme, on ne saurait douter que l’équipe universitaire d’échecs de Lille nouvellement formée sache montrer ces qualités.