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AFF – Chanson Douce : Un cruel manque de surprise

AFF – Chanson Douce : Un cruel manque de surprise

Chanson Douce a été diffusé dimanche en avant-première au Arras Film Festival. Le nouveau film de Lucie Borleteau avec Karin Viard, Leila Bekhti et Antoine Reinartz dans les rôles titres, parle des relations parents-enfants (surtout du côté maternel). Des liaisons qui seront bouleversées par l’arrivée, dans la famille, d’une nourrice (Karin Viard) très impliquée.

Etant fan de thrillers psychologiques, de personnages troubles et insaisissables, de récits sur le fil, je trépignais. Allais-je assister à une petite pépite du cinéma français ? L’émergence d’une jeune réalisatrice ? La naissance de personnages marquants ? Non.

Mécanique et attendu

Si vous avez vu la bande-annonce, vous avez tout vu. Le film ne sera que le déroulé de scènes ne comportant aucune surprise, ni retournement de situation. Une simple descente dans les abîmes d’une folie caricaturale. A quel moment ce film est-il original ? A quel moment apporte-t-il quoi que ce soit au cinéma ? Tous ses thèmes ont déjà été vus et revus, alors pourquoi les utiliser si ce n’est pas pour y ajouter quelque chose ? Dans tous les cas, ne vous attendez pas à voir de la nuance. Le caractère de la nourrice apparaît très vite, limpide. Une fois saisi, plus de surprise. Attendez-vous à voir Karin Viard surjouer en gardant des enfants pendant 1h30. Encore une fois : regarder la caméra avec un air absent, grave et immobile, ne suffit pas à rendre l’œuvre profonde. Des errements malheureusement populaires que l’on peut retrouver dans des œuvres américaines comme The Handmaid’s Tale.

De vieux vêtements et de l’immobile étrange : suffisant pour installer un personnage profond ? Crédit : izlesene

Ne pas comprendre ses effets

Alors oui, Lucie Borleteau a le sens de l’image belle et significative. Le montage est sympa par moment et les acteurs sont bons. Mais avoir une belle coquille ne suffit pas et toutes ses tentatives de transgressions se soldent par des échecs. Le film n’a pas compris que montrer Karin Viard nue ne suffit pas à être transgressif. Pour cela, il faudrait aller dans l’originalité et la surprise. Il faut aller contre les codes profonds du cinéma. Pas les détruire, mais s’en jouer avec malice. Ici toutes les cases du thriller psychologique sont remplies une à une. Si on les connait, on ne fait qu’attendre qu’un événement survienne, il arrive, on attend le suivant.

Après, c’est un défaut tout relatif. Les ignorants du genre pourront tout à fait y trouver leur compte. Car ce n’est pas un film honteux, loin de là. Il serait sorti il y a trente ans, je l’aurais sûrement jugé autrement. Mais le genre a été surexploité depuis et le récent Mother! de Darren Aronofsky est venu y mettre un point d’honneur. Voilà de l’originalité en barre, de l’inattendu et des retournements de situations. Je ne dis pas que c’est ce qu’il faut pour faire un bon film, mais quand ces effets ne sont remplacés par aucun ressort, alors on ne fait qu’attendre la fin.

Une fin à la hauteur ?

De plus, quand tout le film est fait pour amener la fin, on peut espérer que celle-ci soit très bonne. L’endroit où nous mène cette route longue et tortueuse doit être à la hauteur. L’est-il ? Oui. La fin est excellente et nous donne (enfin) cette montée en puissance qui aurait dû être le fil conducteur du film. Là on vibre et la salle monte en tension. Est-ce que ça rachète pour autant cette heure et demi, longue et pénible ? Non. On pourra dire que la destination ne vaut pas le trajet.

C’est donc un film à voir pour les ignorants du genre, mais à fuir pour initiés. Ici le Arras Film Festival bat son plein, alors tournons la page. Si Chanson Douce est une déception, des films à voir, pleins de promesses et d’inattendus, se dessinent à l’horizon.

Bande annonce :

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