Aux États-Unis, la question des armes dans le viseur
Depuis le 1er janvier 2019, 4 546 personnes sont mortes par balle aux États-Unis. A raison d’environ 28 nouvelles victimes des armes par jour, cette statistique est déjà caduque.
Si je devais vous effrayer encore plus, le Washington Post a récemment affirmé que plus d’Américains étaient morts par balle entre le 1er janvier et le 6 mars que lors du débarquement du 6 juin 1944, l’un des plus grands bains de sang de l’histoire américaine. 2 501 soldats alliés morts lors du D-Day, 2 502 sur les deux premiers mois de l’année. Flippant.
La NRA toujours plus puissante
Lorsqu’on parle d’armes outre-atlantique, il faut évidemment mentionner la National Rifle Association, plus de 6 millions d’adhérents et surtout le plus gros lobby des armes aux USA. Si celui-ci défend le droit de posséder et de porter des armes, il soutient surtout le fait que ce ne sont pas les armes qui posent problème dans les tueries de masse. Wayne LaPierre, vice-président de la NRA avait déclaré en 2012 après un énième massacre : « le seul moyen d’arrêter un méchant avec une arme, c’est un gentil avec une arme. » La NRA est persuadée que pour stopper les attentats dans le milieu scolaire, il faut armer le corps enseignant. Encore une fois cela paraît fou en Europe mais il est important de comprendre l’encrage profond des armes dans la société américaine. La conquête de l’ouest et du territoire en général s’est faite par les armes aux 18 et 19èmes siècles. Ainsi, les américains ont toujours possédé des armes et ce avant toute législation. Le port d’arme apparaît de facto comme un droit fondamental dans la constitution.
Et les jeunes ?
En 2018 plusieurs millions de jeunes ont défilé tout au long de l’année en protestation contre l’usage des armes et surtout contre les lois qui l’avantagent. A l’instar de jeunes comme les rescapés de la tuerie de Marjory Stoneman Douglas qui s’engagent, beaucoup de jeunes remettent en question la possession d’arme. Le but pour eux n’est pas simplement de contrôler et d’encadrer le port d’arme mais bien de mettre fin à ce fléau. Bonne nouvelle, ces jeunes commencent à être entendus. Ils ont récolté plus de 5 millions de dollars de dons et possèdent leurs propres bureaux et lobbyistes à Washington. Malheureusement, ils ne sont pas les seuls et la NRA a une influence énorme sur le Congrès. L’association y défend les armes par le raisonnement « On ne va pas interdire les voitures car des gens se font renverser, c’est pareil avec les armes. » Néanmoins c’est la première fois aux États-Unis que la classe sociale que sont les jeunes manifeste son envie de peser sur le débat politique qui tourne autour des armes.
Voici donc un tableau qui peut sembler peu optimiste mais qui nourrit quand même les espoirs. Le nombre de détenteurs d’armes à feu a baissé ces dernières années. De plus en plus d’Américains se disent favorables au contrôle sur les armes et les jeunes ont les moyens de faire bouger les choses progressivement. Avant une potentielle amélioration, on continuera d’avoir des Columbine, Virginia Tech, Sandy Hook, Orlando, Las Vegas, Sutherland Springs, Santa Fe…