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#BalanceTonRappeur, quand les réseaux sociaux se transforment en cour de justice

#BalanceTonRappeur, quand les réseaux sociaux se transforment en cour de justice

Roméo Elvis en pleine tourmente dans le mouvement #BalanceTonRappeur

La semaine dernière, plusieurs témoignages d’ex-compagnes du rappeur Moha La Squale ont été diffusés sur les réseaux sociaux, accusant ce dernier d’agressions sexuelles, de violences et de séquestrations. Quelques jours plus tard, c’est le rappeur Roméo Elvis qui est à son tour accusé d’agression sexuelle. Dans le contexte de prise de conscience féministe installé notamment avec les mouvements #MeToo et Balance Ton Porc, le jeune public a très vite réagi en boycottant ces artistes.

On l’a encore vu en février dernier avec la polémique engendrée par l’affaire Polanski, nous vivons à l’ère où les femmes s’émancipent et s’insurgent contre les discriminations qu’elles subissent encore trop fréquemment. Paradoxalement, les jeunes générations – souvent les plus ouvertement engagées dans le combat féministe – sont également celles qui écoutent et soutiennent des artistes parfois violents et misogynes. C’est précisément ce débat qui a enflammé la toile cette semaine.

Une chute aussi soudaine que ses débuts

De son vrai nom Mohamed Bellahmed, Moha La Squale est un rappeur dont la côte de popularité a grimpé en 2017 suite à la publication de plusieurs freestyles sur les réseaux sociaux. Alors qu’il avait déjà connu plusieurs litiges avec la police, notamment en mars dernier lors d’une interpellation musclée filmée et relayée sur internet, il est aujourd’hui de nouveau au cœur d’un scandale. Il est accusé par plusieurs femmes qu’il a fréquentées d’agressions sexuelles, de violences et de séquestrations, et celles-ci ont porté plainte contre lui. Une enquête judiciaire a été ouverte contre le rappeur qui encourt plusieurs milliers d’euros d’amende et de la prison, dans le pire des cas jusqu’à perpétuité.

Instagram, le théâtre de la polémique

C’est suite au témoignage de Romy, ex-compagne du rappeur, que les réseaux sociaux se sont enflammés. Appuyée par les histoires d’autres jeunes femmes, elles aussi victimes de l’artiste, le #BalanceTonRappeur est rapidement arrivé en Top Tweet, témoin de l’indignation suscitée chez les fans de l’artiste. Alors que Moha La Squale était jusque là décrit comme l’étoile montante du rap français par les médias, il a rapidement été boycotté par son jeune public. Si l’affaire a obtenu autant de visibilité, c’est en partie avec le partage de Léna Simonne, influenceuse et modèle photo, qui a relayé le témoignage de Romy sur son compte Instagram. Seulement, quelques jours plus tard, c’est le rappeur Roméo Elvis – qui n’est autre que le compagnon de Léna Simonne – qui a à son tour été accusé d’abus sexuels. Les deux rappeurs ont ainsi écopé d’un véritable lynchage virtuel cette semaine.

Roméo Elvis, ici au Zénith de Lille en 2019, accusé récemment d'agression sexuelle
Le rappeur Roméo Elvis, ici au Zénith de Lille en 2019, accusé récemment d’agression sexuelle. ©Estelle Cacheux / Collectif Gerda

Contrairement à Moha La Squale qui ne s’est pas exprimé sur le sujet, Roméo Elvis a présenté des excuses privées et publiques à la jeune femme concernée. La gravité des accusations ainsi que les nombreux témoignages à l’encontre de Moha La Squale laissent peu de chance au rappeur de sortir indemne de cette polémique, aussi bien légalement que quant à son avenir dans l’industrie du rap.

Au-delà du bad buzz

La jeune femme à l’origine du scandale invite le jeune auditoire à boycotter ces artistes qui commettent des actes répréhensibles et s’en inspirent pour composer leurs musiques. Dans le titre Luna, Moha La Squale livre ses excuses à son ex-compagne qui a donné son nom à la chanson et qui dit avoir fait les frais des comportements violents du rappeur. Ce titre longtemps interprété par les fans de l’artiste comme une déclaration d’amour pourrait faire en réalité l’apologie des violences conjugales. Ainsi se pose une question : comment continuer à écouter ces tubes qui ont rythmé nos soirées une fois le contexte révoltant de leur écriture révélé ? Plus encore, cette polémique relance le débat connu l’hiver dernier lors de la cérémonie des César : faut-il séparer l’œuvre de l’artiste ?

Par Maëlys Michel

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