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Ce Nord qui licencie : portraits d’ouvriers

Ce Nord qui licencie : portraits d’ouvriers

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Aymeric Cargill
jean luc cargill
Maxence Cargill
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Aymeric Cargill

La situation économique post-Covid est critique dans le Nord. La région semble être l’une des premières sinistrées en matière d’emploi, puisque au moins 1.000 licenciements dans le secteur industriel sont prévus dans les trois prochains mois.

“C’est comme une deuxième famille. C’est de ne plus être avec eux qui va être un grand changement.” Maxence a 37 ans et a passé la moitié de sa vie à travailler pour Agfa. Comme 174 de ses collègues, Maxence va être remercié. En janvier, l’usine de Pont-à-Marcq sépcialisée dans la production de plaques d’impression devrait déjà avoir fermé ses portes, elle qui s’inscrit dans la vie de la commune depuis 1935. La situation n’a pourtant rien d’extraordinaire. Partout, autour de Lille et dans les Hauts-de-France, ça vire. Le géant mondial de l’agro-industrie, Cargill, est prêt à licencier jusqu’à 180 salariés de son usine de Haubourdin. Mais c’est le plan de licenciement mené par l’entreprise Bridgestone qui s’avère le plus carnassier, puisque 863 emplois sont menacés.

La Covid, seule responsable ?

Si la crise sanitaire n’a fait de bien à aucune entreprise, on peut douter que la Covid soit la seule responsable des fermetures d’usines et des licenciements. En fait, le modèle industriel lui-même y est pour beaucoup : il est parfois vieillissant, moins en phase avec la demande. La production de l’usine de Pont-à-Marcq, pour ne citer qu’elle, aurait ainsi largement baissée. À la direction de se justifier : “Ce marché a vu, au cours des dernières années, une chute importante et durable des volumes de plaques d’impression et une érosion substantielle des prix.”

Pour autant, les syndicats des usines concernées par les licenciements voient le problème ailleurs : la compétitivité vis-à-vis des marchés asiatiques n’est plus tenable. Bridgestone l’assume d’ailleurs : l’usine de Béthune n’est plus capable de concurrencer les manufactures chinoises, indiennes ou indonésiennes. C’est notamment ce qui pousse certains employés à s’interroger, comme ceux d’Agfa : la Covid ne sert-elle pas de prétexte pour pouvoir délocaliser ? Pour Patrick Deletombe, délégué CGT interrogé par des journalistes de 20 Minutes, le bien-fondé de ce licenciement économique reste à prouver. “Pour nous il s’agit d’une fermeture plus stratégique qu’économique.”

La parole des ouvriers

Lors d’une réunion avec la préfecture le 11 septembre, nous avons interrogé trois ouvriers syndiqués des usines de Cargill et de Haubourdin. Cliquez sur leur portrait pour accéder à leurs témoignages.

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