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Chambre d’échos, l’exposition d’une vie covidée sous l’humour clownesque de Gilles Defacque

Chambre d’échos, l’exposition d’une vie covidée sous l’humour clownesque de Gilles Defacque

Au cœur de la bibliothèque de l’université Pont de Bois sommeille Chambre d’échos, l’exposition avant-gardiste de l’artiste plasticien et metteur en scène Gilles Defacque, mise en place par l’association étudiante IcarE et l’Onde Théâtrale. Jusqu’au 25 juin, le directeur du théâtre Le Prato vous propose de découvrir son univers clownesque et burlesque à travers dessins, installations et photographies.  

C’est cette fois-ci au travers de Chambre d’échos que le projet de l’Onde théâtrale mené par la Compagnie 8 entend continuer sa lutte contre la précarité culturelle dans le milieu étudiant. Ce nouveau travail, mis en place par l’association étudiante IcarE, entre en résonance avec la pièce de théâtre Un Clown sans contact, un autre projet de l’Onde théâtrale. L’exposition s’inscrit dans l’actualité et propose par l’intermédiaire d’un art brut masques détournés, télétravail, fermeture des bars, peintures de Neymar et mots alambiqués… Bref, un vrai programme covidesque. 

Une oeuvre engagée

Gilles Defacque, 76 ans, a vécu toute son enfance au café théâtre Mignon Palace à Friville-Escarbotin en Picardie, tourné autour des arts de la scène. Dès son plus jeune âge, il a à cœur de mélanger œuvre politique et artistique. Anarchiste de la première heure, Gilles déconstruit les codes établis. Il souhaite interpeller le spectateur par son œuvre contemporaine. Gilles, ému, nous confie : « C’est la première fois qu’il y a une exposition aussi bien concentrée sur mon travail. »

« Son engagement c’est le rire, faire rire les gens et ne pas hésiter à s’emparer de sujets de société qu’ils traversent pour produire. C’est un artiste total. » – Erwin Orassibe, co-comissaire de l’exposition.

Marie-Claire Régent, commissaire de l’exposition, affirme : « On est face à un artiste qui a des idées phénoménales. » Le co-commissaire, Erwin Orassibe, ajoute que l’artiste Gilles Defacque « a réalisé une centaine de dessins et poèmes cette année. Son engagement c’est le rire, faire rire les gens et ne pas hésiter à s’emparer de sujets de sociétés qu’ils traversent pour produire. C’est un artiste total.« 

“Le temps de l’acteur n’est pas le temps du spectateur”

« Avec l’art on peut réactiver un temps« , d’après les mots d’Erwin. Qui n’a pas gardé un souvenir, une émotion, d’une visite au musée ? 

Gilles Defacque déclare que « le temps de l’acteur n’est pas le temps du spectateur » et à ce sujet, Erwin nous explique : « Il y a ce mythe romantique de l’artiste qui s’abandonne à la solitude, c’était le cas de Gilles Defacque. Le temps de l’artiste c’est un temps très long, alors que le spectateur a devant lui un temps très court face aux oeuvres. Il faut que le spectateur puisse saisir en un temps limité ce fil, il doit s’intéresser pour essayer de comprendre l’oeuvre. » Face à ce paradoxe artistique, Marie-Claire Régent, en licence 3 d’Etudes culturelles, rajoute : « Il est tout autant important pour l’un comme pour l’autre, le temps interagit de manière personnelle et subjective.« 

Poésie fragmentée, ©Erin Dassube
Poésie fragmentée. © Ewrin Orassibe

Une pratique : l’art brut

À mi-chemin entre le spectacle et l’intimité d’une chambre, les scénographes de Chambre d’échos ont choisi de faire confiance aux œuvres et de miser sur une installation aussi brute que ces dernières. 

Émancipée des textes et des normes, l’exposition laisse au spectateur une liberté d’interprétation vaste qui pourrait en démunir certains.C’est un clown, il fait des numéros”, affirme Erwin. Un élément que l’exposition ne manque pas de rappeler. Cette co-construction déambulante se veut à l’image de l’artiste et de ses méthodes de travail, c’est “un jeu de passerelle et d’allers-retours entre les textes et les œuvres”. Très appréciée par les amateurs d’art brut, cette courte exposition pourrait ne pas suffire à la carence culturelle de ceux qui ne partagent pas ce goût ou n’y sont pas habitués.

"l'oeuvre est derrière", ©Erwin
« L’oeuvre est derrière », les cartons de pizzas de Gilles Defacque. © Erwin Orassibe

Alternant les va-et-vient entre rires et revendications, Gilles Defacque choisit d’exprimer sa pratique comique en utilisant des bases simples comme l’encre de Chine, la peinture acrylique, les collages ou les cartons de pizzas, il détourne alors le quotidien d’une vie covidée sous une teinte d’ironie.

Ainsi, chaque station met l’accent sur une thématique touchant la vie de l’artiste et le plus souvent le rattachant à l’art de la scène. Bien que le regard soit attiré par les couleurs vives des têtes de covid ou des portraits des spectateurs de foot, les murs amusés de la bibliothèque de Pont de Bois regorgent aussi de poésies fragmentées et d’oeuvres dénuées d’humour. Entre eux prennent place quelques reliques aux allures enfantines et les carnets de l’artiste.

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