Christelle Dabos : « Être comparée à J.K. Rowling, c’est assez intimidant »
Vous avez sans doute vu ces couvertures dans les étagères de votre librairie préférée. Des couvertures aux fines illustrations, renfermant une écriture tout aussi fine et légère qui nous emmène dans un monde digne des plus grands romans de fantasy. La Passe-Miroir, c’est un best-seller en France. Le quatrième et dernier tome sortira le 28 novembre prochain et le Pépère News a eu la chance de rencontrer son auteure, Christelle Dabos.
Pépère News : Les Fiancés de l’hiver, premier tome de La Passe-miroir, a remporté le prix du premier roman jeunesse de Gallimard. Est-ce que vous pensez que c’est grâce à cette distinction que le roman a eu un tel succès ?
Christelle Dabos : C’est certain que cela a dû jouer. Le partenariat de Gallimard avec RTL et Télérama a été bénéfique, surtout grâce à un article de Télérama qui a tout de suite attiré l’intérêt des lecteurs. Mais il y a également eu un énorme travail des libraires. C’est réellement à partir du tome 2 que j’ai remarqué l’engouement du public, surtout pendant les séances de dédicaces. Des booktubeuses comme Bulledop ont fait des vidéos sur le roman et de nombreux lecteurs me disent encore aujourd’hui que c’est grâce à YouTube qu’ils ont entendu parler de la saga. Bien-sûr, il ne faut pas négliger l’effet des couvertures réalisées par Laurent Gapaillard qui a fait un travail remarquable. Les images attirent, c’est la première accroche.
PN : Avoir été traduite dans 6 autres langues, dont l’anglais, c’est une consécration pour vous ?
CD : À la sortie du troisième tome, j’ai obtenu un contrat avec les éditions Europa qui a permis une traduction en anglais. C’est vraiment particulier car l’anglais est une langue universelle. D’autant plus qu’avoir été traduite dans la langue de deux de mes références littéraires, J.K. Rowling et Philip Pullman, est un immense honneur pour moi. Grâce à ces traductions, j’ai pu remarquer des fan-arts venant d’autres pays, surtout d’Italie.
PN : Être comparée à J.K Rowling et au monde d’Harry Potter, ça vous fait quoi ?
CD : Honnêtement, c’est très intimidant. Ce que j’admire dans le travail de Rowling, c’est qu’elle a réussi à créer un univers sombre, mais il y a toujours une touche d’humour. Son don pour l’enquête et les retournements de situation est incomparable. Cependant, je trouve que comparer de la fantasy à de la littérature jeunesse est un gros raccourci. Je me sens plus proche de Pullman, notamment au niveau de l’univers.
PN : Aimeriez-vous voir votre saga adaptée au cinéma ou à la télévision ?
CD : C’est une idée troublante. Je suis très proche de l’animation. Dans mes romans, les descriptions sont très précises, il serait difficile de trouver des acteurs qui leur ressemblent. Mais dans l’animation, notamment dans le travail de Miyazaki, le dessin n’arrête jamais de bouger. Ce serait donc plus facile de faire correspondre les personnages à mes descriptions. Autrement, je préférerais une série puisque j’en suis une amatrice. On retrouve ainsi le principe de se retrouver sur plusieurs saisons comme sur plusieurs tomes.
PN : Avez-vous déjà songé à une adaptation en bande dessinée ?
CD : Ce serait très intéressant d’assister à ce projet. En illustrant mes romans, Laurent Gapaillard a mis la barre très haute. Le lecteur associe forcément l’image de la couverture à l’histoire. Mais je ne sais pas s’il serait intéressé par un projet comme celui-ci. J’ai fait le choix de ne pas représenter les personnages sur les couvertures car je ne veux pas imposer une image aux lecteurs. Ils le font très bien de leur côté avec tous ces merveilleux fan-arts. Si le projet d’une bande dessinée se concrétise, il faudra bien donner une image fixe à ces personnages.
PN : Comment gérez-vous la fin de La Passe-Miroir avec ce quatrième et dernier tome ?
CD : Pour le moment, je ne ressens pas beaucoup de tristesse car il y a une énorme communauté de lecteurs qui continue à faire vivre les livres. J’ai également envie de tourner la page. Cela fait douze ans qu’Ophélie (personnage principal de la saga, ndlr) m’accompagne, c’est une période clé de ma vie mais j’ai envie de couper le cordon ombilical.