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Cinq écoles se regroupent pour former la nouvelle Université de Lille

Cinq écoles se regroupent pour former la nouvelle Université de Lille

  • L'article a été mis à jour le 28/12/2020 à 21h15
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Le projet Université de Lille 2022 engagé il y a quelques années grâce à la labellisation I-SITE, un label d’université d’excellence délivré en 2017 à l’établissement, et rendu possible par l’ordonnance du 12 décembre 2018 qui autorise la fusion d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, pourrait voir le jour dès janvier 2022.

Le conseil d’administration de l’Université de Lille a affirmé son engagement dans la construction du projet le 17 décembre dernier. Centrale Lille, l’École Supérieure de l’Architecture et du Paysage de Lille, l’École Supérieure de Journalisme de Lille, Sciences Po Lille et l’Université de Lille, cinq acteurs clés de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, pourraient fusionner pour former l’Université de Lille. Cet établissement public expérimental (EPE) repose sur la volonté de répondre aux enjeux de la transition globale.

Rassembler les atouts

Ce projet, loin de faire consensus, pourrait alors voir le jour d’ici janvier 2022. Mais rien n’est encore sûr, en témoigne le communiqué de Centrale Lille, qui a décidé de poursuivre sa contribution au projet non plus en tant qu’établissement-composante mais en tant qu’établissement-associé. Des désaccords persistent en effet sur les statuts notamment.

L’idée du projet serait d’associer les organismes de recherche présents sur le site lillois, les collectivités territoriales et les acteurs de la société civile et du monde socio-économique. Le modèle institutionnel qu’il propose se veut stratégique pour partager les compétences de chaque établissement, tout en conservant une autonomie d’action des différentes composantes.

Le défi que s’est lancé Université de Lille 2022 est de répondre aux problématiques contemporaines des transitions globales, technologiques, économiques, sanitaires, sociales ou environnementales, particulièrement prégnantes dans la région Hauts-de-France. Cette dernière a été touchée par ces transitions, en témoigne son important passé industriel et minier. Les responsables de l’enseignement supérieur et de la recherche de la métropole lilloise sont partis de ce constat et souhaitent contribuer à relever ces défis de transition en associant les différents secteurs du savoir et de l’expertise. La synergie des spécificités de chacune des composantes pour penser le changement doit permettre de générer des pistes d’action pour réinventer le progrès, créer de nouveaux parcours de formation, tout en s’appuyant sur l’identité du territoire lillois.

La thématique générale retenue par les acteurs lillois, « Une université pour la transition globale », vise à répondre aux grands enjeux sociétaux de la transition, de l’échelle mondiale à la dimension des Hauts-de-France, dans un effort de valorisation du spectre disciplinaire représenté par les différentes institutions lilloises. Quatre thèmes de recherche ont été définis, correspondant aux secteurs de pointe du site lillois : La santé de précision ; L’innovation au service d’une planète en mutation ; La transition numérique au service de l’humain ; Cultures, sociétés et pratiques en mutation.

Le rassemblement des forces que propose l’établissement public expérimental vise à faire rayonner les établissements lillois au niveau international, mais avant tout européen. L’Université de Lille 2022 traduirait le potentiel d’un site scientifique qui vise à s’intégrer sur la carte de l’excellence universitaire européenne. Au carrefour de l’Europe du Nord, sa position géographique lui confère la possibilité de s’imposer comme acteur académique majeur, capable de figurer parmi les grandes universités européennes, avec pour objectif de faire de l’Université de Lille un établissement plus visible, donc plus attractif.

 

Une gouvernance à deux niveaux

L’Université de Lille, Centrale Lille, Science Po Lille, l’École Supérieure de Journalisme de Lille et l’École Supérieure de l’Architecture et du Paysage de Lille s’engageraient ainsi à réunir leurs forces. D’autres établissements répartis sur le territoire régional sont associés à cette dynamique : l’ENSAIT, l’IMT Lille-Douai, le campus lillois des Arts et métiers, YNCREA Hauts de France, ainsi que les grands organismes de recherche que sont le CNRS, l’Inserm, le centre Inria Lille Nord-Europe, l’Institut Pasteur de Lille et le CHU de Lille.

L’organisation de ce nouvel établissement vise à articuler deux niveaux de responsabilité, pour assurer une organisation efficace qui respecte les spécificités de chaque composante.

D’abord, le niveau central serait garant de la stratégie collective, chargé de définir et de suivre les objectifs stratégiques de l’Université de Lille. Il se devra de garantir la cohérence budgétaire de l’ensemble et de coordonner les actions transversales conduisant à la réalisation des objectifs de réponse aux défis de transitions globales. La présidence, le comité de direction ainsi que trois conseils délibérants seraient chargés de coordonner les missions de ce premier niveau.

Le niveau décentralisé, constitué des composantes et établissements-composantes, mettrait en oeuvre la stratégie selon les spécificités de chaque champ disciplinaire. Un accroissement des compétences et prérogatives est prévu, les conseils des composantes auraient la capacité de délibérer et une décentralisation des moyens administratifs serait opérée.

L’autonomie des établissements devrait être conservée

Les quatre établissements-composantes – établissement-associé pour Centrale Lille – qui entreraient dans l’établissement public expérimental conserveraient leur personnalité morale, déploieraient leur propre stratégie de formation et de recherche dans le respect de la ligne directrice initiale. Concrètement, ils continueraient de recevoir la subvention pour charge de service public de leur tutelle, adopteraient leur budget et percevraient leurs ressources propres, en restant affectataires de leurs locaux. Ils demeureraient ainsi employeurs de leur personnel, recrutant eux-mêmes les enseignants-chercheurs. Ce sont eux qui devraient continuer de fixer les droits d’inscription de leurs formations propres, les frais d’inscription des diplômes nationaux qu’ils délivrent, désormais accrédités par l’établissement public expérimental.

Université de Lille 2022, fusion, enseignement supérieur
Les cinq établissements-composantes devraient fusionner dans l’objectif de regrouper leurs forces pour répondre aux enjeux de transition globale dès janvier 2022. © Université de Lille

Leur budget et leur politique de ressources humaines devraient désormais tenir compte du contrat d’objectifs et de moyens qu’ils passent avec l’établissement public expérimental, suivi par le niveau de gouvernance centrale. De nouvelles possibilités institutionnelles dans la mise en place de compétences partagées avec l’Université de Lille 2022 pourraient s’ouvrir aux établissements-composantes, comme la tutelle associée d’une université de recherche.

Et les étudiants dans tout ça ?

La vie universitaire se verrait intégrée dans l’exercice de ces compétences partagées par la mise en commun de matière documentaire et de vie universitaire.

L’Université de Lille 2022 se fixe pour objectif d’inventer de nouvelles formations au croisement des spécialités des facultés et écoles pour former aux métiers de demain, par exemple entre santé et ingénierie, entre journalisme et sciences ou entre architecture et sciences sociales. Au niveau master et doctorat, l’offre de la nouvelle université serait conçue pour conjuguer des parcours disciplinaires et des programmes gradués interdisciplinaires.

Quant à la vie étudiante et de campus, celle-ci se verrait réinventée. Des services communs en matière de culture, d’action sociale, de santé et d’initiatives étudiantes seraient mis en place par l’Université de Lille, qui s’articuleraient avec les initiatives proposées par chaque campus. L’université organiserait de grands événements à l’échelle du nouvel établissement comme une semaine de l’environnement ou un festival de théâtre, pour renforcer les rencontres et le sentiment d’appartenance commun. Enfin, un Conseil étudiant composé d’un étudiant ou d’une étudiante de chaque composante et établissement-composante désigné au sein de son conseil se verrait créé pour associer les étudiants aux décisions centrales.

L’Université de Lille-2022 devrait voir le jour en janvier 2022 en s’ouvrant d’abord sur une phase d’expérimentation jusqu’en 2027 avec notamment en 2024 la création du nouvel Institut d’ingénierie-Centrale Lille, par rapprochement avec Polytech Lille.

À ce jour, les quatre écoles ainsi que les différentes composantes de l’Université ne semblent pas avoir trouvé d’accord définitif et consensuel quant à la création de cet EPE. Un article complémentaire sera prochainement publié pour mettre en lumière les oppositions au projet et ses conséquences.

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