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Covid-19, des étudiants du monde témoignent #14 : Taïwan, la gestion d’une main de fer

Covid-19, des étudiants du monde témoignent #14 : Taïwan, la gestion d’une main de fer

Drapeau de Taïwan

Alors que la pandémie de coronavirus s’étend dans toutes les régions du monde, Taïwan est l’un des pays les moins touchés avec seulement 428 cas et 6 décès recensés. Pourtant situé à moins de 200 km de la frontière chinoise, l’État insulaire asiatique de presque 24 millions d’habitants a su être très réactif face à la menace. Aujourd’hui, malgré des mesures strictes et la soumission à un contrôle permanent, les Taïwanais ne sont pas confinés. Le Pépère News a interrogé Coline Grancher, étudiante à Taipei.

Dès le 31 décembre, le petit État fait part de ses inquiétudes à l’OMS vis-à-vis de ses sept malades touchés par une “pneumonie atypique” dans la province de Wuhan. Taïwan étant considéré comme un territoire chinois par Pékin et mis au ban de l’ONU, l’agence spécialisée n’a pas réagi face à l’alerte. Craignant une nouvelle épidémie comme celle du SRAS qui a fait plus d’une cinquantaine de morts dans le pays en 2003, le gouvernement taïwanais met donc aussitôt en place des mesures de prévention pour mieux protéger sa population. Très tôt, alors que la Chine n’avait encore pris aucune précaution, Taïwan anticipe, s’organise et déploie toutes ses ressources.

Discipline et transparence pour maintenir les libertés

Coline Grancher est originaire de Lille, mais étudie cette année à l’Université de la culture chinoise de Taipei. Fin janvier, elle était partie découvrir l’Asie du Sud-Est. Dès son retour début février dans l’aéroport de la capitale taïwanaise, “il y avait une fiche à remplir pour savoir si tu avais été en Chine, à Wuhan plus précisément, à Macao ou à Hong Kong. Si tu avais mis « oui » ou eu un doute, ils te prenaient à part et t’envoyaient directement en quarantaine”, confie-t-elle.

La gestion du pouvoir politique pour endiguer le virus est stricte. Toutes les personnes venues de l’étranger, ou ayant été en contact avec des malades, sont considérées à risques. Elles doivent effectuer un isolement de quatorze jours minimum. Il leur est alors interdit de sortir de leur lieu de confinement, même pour acheter de la nourriture, sous peine d’une amende de 30.000 euros. Les technologies numériques sont ainsi mises au service de la protection des habitants à travers leur géolocalisation systématique pour assurer le respect de l’isolement. Le gouvernement promet qu’une fois sorti de la crise, il reviendra à un fonctionnement “normal” et n’effectuera plus de contrôle numérique.

Dans tous les lieux publics, le port du masque et la prise de température sont obligatoires. “Il y a un poste à l’entrée de chaque bâtiment du campus avec deux personnes qui contrôlent ta température. Si c’est bon, ils te mettent un tampon sur la main, mais si tu as plus de 37.4, ils ne t’acceptent pas et tu rentres chez toi”, développe Coline.

Des détecteurs de température infrarouges sont installés sur chaque campus. Crédits photo : Coline Grancher.
Des détecteurs de température infrarouges sont installés sur chaque campus. Crédits photo : Coline Grancher.

Le contrôle social

Des contrôleurs tenant des pancartes de prévention sont à l’entrée de chaque métro, “si tu ne portes pas de masque, tu risques une amende de 490 euros”. Coline ajoute par ailleurs que “si tu ne le mets pas, tu te feras mal voir. On va te regarder et bien te faire comprendre qu’il faut que tu le mettes”. Le contrôle social de la population témoigne de la discipline et du respect des règles imposées par l’État pour contourner le confinement total de sa population.

Un rationnement par l’État s’est mis en place pour éviter toute pénurie. Les habitants ont le droit à neuf masques tous les quatorze jours en présentant leur carte d’assurance médicale. “Beaucoup le portent pendant deux jours en essayant de le garder propre. Chacun sa technique” s’étonne Coline. Mais il y a un rationnement de masques par la fac pour les étudiants étrangers non-résidents. On est censés pouvoir récupérer trois masques par semaine, ce qui est encore pire.”

L’étudiante française use néanmoins d’une alternative : “avec ma coloc, on s’est plutôt tournées vers les masques en tissus. Tu peux en trouver partout, sur tous les marchés et il y a plein de types différents, pour la poussière, la pollution… C’est plus écologique et c’est plus pratique aussi”.

Trois types de masques sont disponibles. Crédits photo : Coline Grancher.
Trois types de masques sont disponibles. Crédits photo : Coline Grancher.

Considéré comme un modèle pour certains et ignoré par d’autres, le gouvernement taïwanais privilégie l’intérêt collectif au détriment de l’isolement de potentiels malades. Sa gestion quasi “militaire”, visant à freiner l’expansion du virus et à garantir les libertés des citoyens, révèle son efficacité par ses résultats.

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