Cruella, le préquel d’une parfaite méchante
Le 23 juin 2021 le film Cruella, proposé par les studios Disney, est sorti dans les cinémas français et sur la plateforme de streaming Disney+. S’imposant comme préquel des 101 Dalmatiens, entre univers de la mode revisité et personnages odieux et brillants, le film semble déjà avoir ravi les spectateurs.
Avec Emma Stone dans le rôle de la jeune Cruella d’Enfer, la production flamboyante et diabolique tournée dans une ambiance punk et pop-rock des seventies a eu beaucoup de succès, aussi bien auprès du public qu’auprès de la presse. Redécouvrir et faire briller les méchantes des histoires fantastiques à l’instar de Maléfique en 2014 semble être la bonne formule pour les studios Disney.
Plongée dans les années 70 au cœur du vieux Londres, la jeune Estella, passionnée de mode, traverse à sa manière les épreuves de la vie pour lui permettre d’atteindre son rêve d’enfant : devenir la styliste la plus reconnue. Escortée par ses deux compagnons de voyage Jasper (Joel Fry) et Horace (Paul Walter Hauser), Estella apprend tous les codes d’une vie au sein d’une maison de haute couture, tenue par la Baronne Von Hellman, qui ne manque pas d’observer attentivement les dessins de la jeune fille. Et si Estella semble être à l’écoute de toutes les discussions au sein de la maison, derrière ses lunettes et son sourire d’ange se cache bien dissimulée la véritable femme brillante, impitoyable et démoniaque : Cruella.
L’art de la haute couture
Dans cette adaptation, on tire notre chapeau à la qualité, l’originalité et l’hommage que rend le film à la haute couture. Les costumes portés par Cruella ont été choisis par la grande styliste britannique Jenny Beavan, déjà récompensée deux fois aux Oscars. Des robes spectaculaires, remplies de pétales cousues mains, des vestes militaires complètement repensées, des couleurs rouges, noires et blanches qui densifient le personnage diabolique de Cruella. Et la liste est longue. C’est au total 47 tenues qu’Emma Stone porte durant le film ; toutes choisies par la costumière septuagénaire inspirée par son propre vécu dans le vieux Londres des années 70.
À travers ces costumes tous plus fous les uns que les autres, les effets spéciaux sont de la partie, venant sublimer le changement de robe de Cruella lors d’une cérémonie. La robe passe d’un blanc angélique au rouge démoniaque en s’enflammant. C’est sans doute un clin d’oeil à Katniss, la fille du feu, dans la trilogie de Hunger Games.
Un film tout public
Le parti pris de Disney est d’avoir fait de Cruella un film tout public. Ayant déjà été adapté par les studios Disney en 1961 sous forme de dessin animé et issu de l’histoire The One Hundred and One Dalmatians paru en 1956, cela semble stratégique pour le géant de l’industrie cinématographique de cibler aussi bien un public jeune qu’un public averti, comme il l’a toujours fait dans ses précédentes adaptations. La souffrance de Cruella, due à une situation personnelle très tourmentée, aurait pu être davantage retranscrite à l’écran : des moments d’angoisse, de dépression, de perte de contrôle. Mais dans la logique d’une production Disney, cela semble trop délicat à mettre en oeuvre.
Difficile de mettre en avant des problématiques de personnes torturées intérieurement, quand le film est aussi adressé à de jeunes enfants. Montrer une jeune femme forte, qui rebat elle-même les cartes de la vie et qui ne semble jamais faillir, malgré une histoire familiale et une jeunesse à la dérive, c’est un choix scénaristique qui peut en séduire plus d’un, mais qui laisse une image idéalisée d’une vie aussi complexe et difficile que celle de Cruella. L’histoire a néanmoins ravi les spectateurs, nous laissant découvrir l’enfance et la vie de l’infecte personnage de Cruella.
Une suite ?
Avec une scène post-générique qui s’ouvre sur le don des dalmatiens à Roger et Anita faisant directement référence au long métrage animé des 101 dalmatiens, les studios Disney semblent s’être laissés une belle possibilité de poursuivre Cruella. D’un point de vue financier, le film a déjà rapporté plus de 160 millions de dollars dans le monde. Tout laisse à penser que le studio proposera une suite prochainement. Sans surprise, satisfaits des chiffres au Box Office, un médiateur de Disney a tout récemment annoncé qu’une suite était déjà en préparation. Aux commandes : le même réalisateur Craig Daniel. Un Cruella 2 pourrait voir le jour d’ici 2023.