En lecture
Cry Wolf, une juste esquisse des violences domestiques

Cry Wolf, une juste esquisse des violences domestiques

Cry Wolf

Jeudi 11 mars, le festival Séries Mania organisait l’avant-première digitale de la mini-série danoise Cry Wolf. Initialement, la série devait être projetée lors de l’édition annulée du festival en mars 2020. Créée par Maja Jul Larsen, la scénariste du brillant Borgen, et réalisée par Pernille Fischer Christensen, la série aborde le douloureux sujet des violences domestiques mais aussi le rôle si important des travailleurs sociaux.

Holly, 14 ans, soumet une rédaction à son professeur dans laquelle elle décrit les violences qui lui sont infligées par son beau-père. Directement alertés, les services sociaux représentés en la personne de Lars, décident presque instantanément de la croire. Ils la retirent elle et son frère de la garde familiale. Pourtant, toute la famille d’Holly nie les faits et la fait passer pour une menteuse. Quant aux preuves, rien n’indique pour le moment qu’il y a bien eu des violences volontaires. Alors qui doit-on croire ?

À la recherche de la vérité

Dans Cry Wolf, tout n’est qu’équilibre. La réalisatrice Pernille Fischer Christensen voulait créer une subtilité environnante pour parler de ce sujet brûlant. Avec une certaine animalité, le spectateur est au coeur du drame familial qui entoure Holly. Les gros plans sur le visage des personnages sont constants, parfois un peu trop, comme si nous étions collés à eux. Dans le débat suivant l’avant-première, la réalisatrice souligne qu’il était important pour elle d’arriver “à une parfaite authenticité pour donner de la crédibilité au récit”. Voilà pourquoi la caméra ne se concentre pas sur le décor ou les costumes, mais bien sur les visages contrits et larmoyants.

Cet équilibre, on le retrouve dans l’ambivalence des personnages. Ces derniers procurent tous des sentiments mitigés. Ils paraissent normaux mais sont également très dysfonctionnels. C’est la raison pour laquelle il est si difficile pour le spectateur de savoir qui croire. À ce propos, la scénariste et créatrice Maja Jul Larsen explique : “Dans notre esprit, il fallait faire comprendre au spectateur qu’il y a ce que l’on voit à la surface des personnages et la réalité plus profonde qui n’est pas forcément visible à l’œil nu.” La performance de la jeune actrice Flora Ofelia Hofman Lindahl, 15 ans seulement, est tout à fait remarquable et participe à la complexification de l’intrigue.

Cry Wolf
Christine Albeck Borge (gauche) et Peter Plaugborg (gauche) interprètent des parents totalement dysfonctionnels à l’apparence pourtant normale. © Movistar+

Plongée dans l’intimité des travailleurs sociaux

Le point de départ de cette mini-série est venu de l’intérêt de la créatrice pour les travailleurs sociaux. Ils ont en effet énormément de pouvoir entre leurs mains, celui de retirer la garde aux parents. Une décision difficile à prendre et lourde de conséquences. Voilà pourquoi dans le cas d’Holly, le travailleur social Lars devient de plus en plus confus au fur et à mesure de la série. Il a peur de trop attendre et d’assister à un drame mais il craint également d’accuser à tort le beau-père.

Cry Wolf
Bjarne Henrikssen encore une fois impérial dans le rôle de Lars Madsen. © Movistar+

Le portrait du travailleur social est brillamment interprété par le monument de la télévision et du cinéma danois Bjarne Henriksen (The Killing, Borgen). Si l’on pensait avoir tout vu de son jeu d’acteur, il nous surprend encore une fois avec ce rôle à la fois touchant et puissant. La proximité qu’il a réussi à avoir avec Flora Ofelia Hofman Lindahl fait que la relation entre Lars et Holly est une des clés pour comprendre la série. En immersion totale dans le système danois, on fait tout de même face à quelques longueurs qui auraient pu être évitées. Le silence quasi-permanent imposé par Holly rajoute de l’effet à cette longueur et rend la série encore plus pesante.

Déjà récompensée par le prix de la meilleure série lors du Festival international du film de Goteborg, Cry Wolf débarquera sur les écrans français le 18 mars prochain sur la plateforme Salto. Une occasion pour le public français de s’intéresser au système social danois.

 

Quelle est votre réaction ?
J'adore !
1
J'ai hâte !
1
Joyeux
0
MDR
0
Mmm...
0
Triste...
0
Wow !
1

Auteur/Autrice

Voir les commentaires (0)

Répondre

Votre adresse Email ne sera pas publié

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.