Rattrapages. Daft Punk Unchained, un documentaire sur le duo électro mythique
Le 21 février dernier, le monde de la musique électronique apprenait une bien triste nouvelle : la séparation du groupe légendaire des Daft Punk. Le documentaire Daft Punk Unchained, réalisé par Hervé Martin Delpierre en 2015, montre le mythe que ce groupe a su construire et cultiver pendant ses vingt ans de carrière. Derrière leurs casques connus du grand public international, le premier documentaire sur le groupe apporte une dimension intimiste et profonde sur la vie des deux DJ.
Vous les connaissez sûrement sous les noms de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. Ils commencent à se faire connaître alors qu’ils sont de jeunes lycéens, et ne savent absolument pas qu’ils vont connaître une carrière flamboyante. Le documentaire retrace le parcours du groupe, jusqu’en 2014 où ils triomphent à Los Angeles en recevant cinq Grammy Awards pour leur album Random Access Memories. On voyage ainsi avec eux à Tokyo, Paris, et même Los Angeles.
Le début de la Techno Underground
Le documentaire débute en 1992. C’est cette année que les deux DJ fondent le groupe Darlin, avec à cette époque la présence de Laurent Brancowitz, qui deviendra par la suite le guitariste du groupe pop français Phoenix. Afin de rendre l’oeuvre plus vivante, des témoignages complètent les archives. Des plus grandes stars avec qui ils ont collaboré (Kanye West, Pharrell Williams, Nile Rodgers, Skrillex…), à leurs anciens managers comme Daniel Dauxerre, les invités racontent le duo.
« Daft Punky Trash » : voici la critique qui va apparaître dans un journal au début de leur carrière et va aussi la lancer. Traduite par « ces fous qui font du Punk à jeter à la poubelle« , elle blessera les deux adolescents mais les inspirera aussi pour leur nouveau nom de scène. Les deux artistes en herbe pensent déjà au futur, et savent pertinemment pourquoi ils sont là : faire danser le peuple français. Ce qui les réunit, c’est cette passion commune pour la musique des années 70 et 80. C’est ainsi qu’ils vont amener inconsciemment les débuts de la Techno Underground.
Si vous n’êtes pas de fins connaisseurs du terme « Techno Underground », vous connaissez sûrement le terme « Rave Party« . Pour résumer, le style de la Techno Underground va se démocratiser dans la seconde moitié des années 90. Elle va débuter à Londres à l’aide de différents types de musiques technos, avec l’émergence des Disc Jokeys, et s’alimente avec des spectacles de lumières dans des soirées extrêmement soignées. Le début du documentaire met en évidence l’énergie et le bien-être que le groupe procure aux fans. Cela se traduit au travers des corps qui se mêlent et qui s’expriment dans la foule. En 1993, ils sont fans du titre Positive Education du groupe Slam. C’est ainsi que le label Soma Records va les emmener dans le monde de la musique.
L’année 1997 note l’apparition du synthétiseur. Le manager des Daft Punk est alors Giorgio Moroder. Le public ressent ainsi cette pratique virtuose du synthétiseur dans le titre I feel Love, produit avec Donna Summer. L’utilisation de cet instrument va constituer une étape cruciale dans le développement de leur musique.
L’apparition des robots
C’est avec leur tube planétaire Around the World que le duo s’affiche avec des casques, alors qu’ils sortent leur premier album Homework en 1997. La deuxième partie du documentaire se focalise sur cette fascination que le groupe a pour le bug de l’an 2000 et le passage mondial à l’informatique. Alors qu’ils jouissent d’une renommée extrême au début des années 2000, ils veulent plus que tout s’émanciper du « star system » qui commence à les envahir. Ils signent chez le label Virgin, et se tournent vers la pop. Un parallèle est mis en place entre le monde de la techno, dans le début du documentaire, et la transformation des deux DJ en robots, en deuxième partie.
La techno dans les années 90 était considérée comme la culture sans visage. C’était le cas lorsque les férus de techno dansaient dos aux DJ lors de soirées. La technologie et la technique sont indissociables de leur mode de fonctionnement musical. Ils confient dans le documentaire qu’ils se sont inspirés de leur film préféré : Phantom of the Paradise de Brian de Palma pour leurs choix de costumes et de casques. Homework apporte ainsi un vent nouveau dans la musique électronique. Les jeunes artistes sont excessivement sollicités. En effet, Janet Jackson et Georges Michael chercheront à collaborer avec eux, en vain.
L’apparition du sampling (le fait d’ajouter différentes mélodies en boucle), va constituer leur nouvelle empreinte musicale robotique. Human After All, le troisième album des Daft Punk sorti en 2005, soulève un accueil déconcertant au cœur des labels et des médias. Ils ne cherchent pas à faire la promotion de cet album et n’aspirent pas a créer ce que le public attend de leur musique. Ils soulèvent ainsi cette « French Touch », en tant que groupe français précurseur au niveau international. Plusieurs groupes puisent leurs ressources dans leurs créations, notamment le groupe électronique français Justice.
Un groupe devenu légendaire à travers le temps
Malgré cette effervescence grandissante autour du jeune groupe, le documentaire démontre en 1h30 que les deux adolescents ne s’attardent pas sur l’argent et le succès. Ils apportent le style musical de l’EDM (Electro Danse Music), lors de leur concert mémorable au festival Coachella en 2006. Ce concert avait sollicité un niveau de production fondamental avec une qualité visuelle exceptionnelle. En 2000, ils sortent le tube dansant et solaire One More Time. Il leur permettra d’ouvrir les frontières de la House Music aux États-Unis. En vingt ans de carrière, le groupe a su s’affranchir de sa transformation robotique.
Le documentaire Daft Punk Unchained produit par BBC Worldwide France, est à retrouver sur Youtube et sur la chaîne France TV Culture Box. Les Daft Punk se sont imposés dans les différents mondes de l’électronique, la disco et la house, ces vingt dernières années. Le documentaire retrace leurs pas et démontre une humilité inchangée tout au long de leur carrière.