Les 111 des arts, deuxième édition : quand l’art combat la maladie
Du mardi 15 au dimanche 20 septembre, 1.200 œuvres seront exposées à la salle de la Halle aux sucres à l’occasion de la seconde édition des 111 des arts, une association promouvant l’art contemporain et soutenant la recherche contre le cancer.
La salle entière est recouverte de peintures, de mosaïques, de photos et d’explorations, les idées et les pigments bouillonnant aux quatre coins des murs. Alors que les souvenirs douloureux ternissent d’habitude l’éclat du quotidien, ils semblent ici donner forme à un projet utile et reconstructeur, prototype d’un pansement public.
Les 111 des arts : une histoire de solidarités
Le but de cette association est de soigner. D’abord les enfants et adolescents malades du cancer, mais également les familles qui, grâce à l’association, peuvent aussi s’engager et participer financièrement à ce fameux “combat”. Combat. Un terme qui est d’ailleurs interrogé et contesté au début de l’exposition car pouvant être culpabilisant.
Les figures à l’origine de l’événement sont deux femmes : Dominique Cronier et Catherine Soubrier. “Suite aux décès de nos enfants, Justine et Paul-Émile, qui se connaissaient et étaient amis, nous nous sommes demandées ce que nous pouvions faire. Dominique a trouvé l’association Les 111 des arts sur Internet, qui existait déjà à Lyon, Toulouse et Paris depuis 25 ans”, explique Catherine. Elles ont donc créé une antenne à Lille en avril 2018 et, en mars 2019, la première édition était lancée.
Monter ce projet était pour les deux femmes le moyen de prolonger les passions de leurs adolescents qui avaient, précise Catherine, “le souci du beau”. Ce désir de redonner vie aux intérêts et aux goûts de leurs enfants se retrouve également dans le choix du parrain de l’association. “LEM est un street artiste de Roubaix. Il avait customisé des baskets pour Paul-Émile, on l’adore”, expliquent-elles. Le docteur Cyril Lervat, qui a prodigué des soins aux enfants au centre Oscar Lambret de Lille, est quant à lui parrain médical. Ce projet né d’une solidarité entre les deux familles implique donc de nombreux proches des adolescents, et le conseil d’administration n’échappe pas à la règle, puisqu’il est majoritairement présidé par des jeunes, amis ou frères et sœurs de Justine et Paul-Émile.
- Les oeuvres de 20cmx20cm sont exposées géométriquement pour ne pas faire de distinction entre les artistes. © Prune Avemani
Un fonctionnement simple pour toucher tout le monde
Suite à un appel à candidatures, 100 artistes de la région et de ses environs ont été retenus. Bien que Catherine et Dominique aient toujours aimé l’art, elles admettent ne pas en être spécialistes. C’est la raison pour laquelle “un jury indépendant composé, par exemple, d’un galeriste, d’un photographe, d’un commissaire priseur, d’un membre du Louvre-Lens, sélectionne les artistes”. L’artiste produit ensuite onze œuvres au format 20×20. Pour Catherine, un tel format permet de mettre tous les exposants, connus ou non, au même niveau, et de proposer des œuvres au prix abordable de 111 euros.
“Sur cette somme, 15 euros sont utilisés pour les timbres, 48 euros sont reversés à l’artiste et 48 euros sont consacrés à la recherche”, détaille-t-elle. Cette année, Les 111 des arts de Lille partageront les bénéfices entre le centre Oscar Lambret, dans lequel Justine et Paul-Émile étaient soignés, et le CHR de Lille.
Quel est l’impact réel de cette association ?
Les 111 des arts, c’est d’abord un véritable succès. 835 tableaux vendus l’année passée, et un bénéfice de 75.000 euros reversés pour la recherche. En pratique, 60.000 euros ont servi à l’embauche d’un chercheur au centre Oscar Lambert et 15.000 euros ont été consacrés au mieux-être de l’hospitalisation des patients. En outre, l’événement est très prisé par les artistes. “En tant qu’artiste, il est important de montrer son travail, et cette exposition est une formidable opportunité car le nombre de visites est très important et l’accueil très chaleureux. C’est aussi l’occasion de rencontrer de nombreux artistes, de tous univers”, explique Christophe Cauchin. Habitué aux grands formats, il semble cependant s’accommoder du 20×20 exigé. “Le format étant imposé, on doit se plier à la règle. Mais j’aime bien parce que je fais beaucoup de détails, donc cela ne me pose pas de problèmes.”
- Christophe Cauchin, l’un des artistes exposant, crée en direct une nouvelle oeuvre pour l’exposition. © Prune Avemani
Une exposition attractive et ouverte à tous
Comme le souligne Christophe Cauchin, les visites sont nombreuses. Entrée gratuite, zone de ventes de gâteaux, manifestations artistiques diverses, autant de facteurs qui attirent les visiteurs, et leur donnent la sensation de faire partie d’une grande famille à la cause commune, dans une ambiance joyeuse et bienveillante. Durant l’exposition, le prix de l’adhésion à l’association est exceptionnellement ramené à 20 euros. Cette adhésion permet d’acheter des œuvres et peut se déduire des impôts. Les 111 de l’art vous donnent rendez-vous dans le Vieux-Lille pour soutenir cette initiative et promouvoir l’art contemporain !