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Fin de parcours pour la Maison de la Photographie

Fin de parcours pour la Maison de la Photographie

Entre la nouvelle exposition sur la grande designeuse française Charlotte Perriand et la fermeture pour raisons politiques, la Maison de la Photographie située à Lille Fives ne sait plus où donner de la tête.

La Maison de la Photographie, qui se trouve dans un quartier prioritaire de Fives, a pour vocation de rendre la culture accessible à tous par le biais de la photographie. Ce mercredi 9 septembre a eu lieu le vernissage de l’exposition sur Charlotte Perriand qui marque la fin des 24 ans d’existence de la Maison de la Photographie. L’exposition est ouverte les vendredis, samedis et dimanches, de 14 à 18 heures, et est accessible au prix de 8 euros (tarif normal) ou 5 euros pour les étudiants et seniors.

Le monde de Charlotte Perriand

Cette designeuse et architecte française a été mise à l’honneur par la Maison de la Photographie en prolongement de la grande exposition qui lui avait été consacrée par la Fondation Louis Vuitton du 2 octobre 2019 au 24 février 2020 à Paris. Lors de celle-ci, ses créations et sa qualité de designer avaient été mises à l’honneur. C’est un aspect plus méconnu de l’artiste que la Maison a décidé de mettre en avant, avec l’exposition de nombreux clichés témoignant des talents purs de photographe de Charlotte Perriand. 

Olivier Spillebout, fondateur et directeur de la Maison de la Photographie raconte : “J’ai choisi cette exposition car Charlotte Perriand est la plus grande designeuse française et symboliquement, c’est une chance de présenter ses œuvres à Lille l’année où la ville est Capitale Mondiale du Design.”

On retrouve ainsi des photos en noir et blanc représentant le monde paysan, les objets naturels, les constructions industrielles, la montagne et bien d’autres choses qui ont inspiré Charlotte Perriand. Réalisés entre 1927 et 1940, ces clichés sont le reflet de la vision d’une pionnière de la modernité qui vivait dans un monde où les femmes avaient peu de place dans la société. 

Charlotte Perriand écrivait en 1966 : “La montagne offre à l’homme la possibilité de dépassement dont il a besoin.” © Axelle Dusart / Pépère News

Les artistes régionaux à l’honneur

On peut retrouver, en prélude de l’exposition sur Charlotte Perriand, 16 des 30 clichés de la série Insolation présentée virtuellement en avril par le photographe Alban Gernigon. C’est une série de photos prises dans Lille pendant le confinement. La crainte d’Alban Gernigon était que la force du projet soit diminuée par le fait que les clichés représentent des lieux connus de tous les Lillois. À sa grande surprise, tout l’inverse s’est produit car “voir ces lieux de vie, ces lieux commerçants, ces lieux de passages, ces lieux de travail absolument vidés de toute présence humaine a été pour beaucoup une charge émotionnelle assez forte”, explique-t-il.

Des œuvres de BOLOLO (Loïc Pénet) étaient également présentes. Sa série Pull Jaune met en scène un personnage au pull rayé portant un bonnet rouge qui remplace les protagonistes d’œuvres connues du XVème siècle à nos jours dans les paysages des Hauts de France. Comme il le dit, “la photo c’est ce qu’il y a de plus vrai, c’est ce qui permet de croquer, d’immortaliser des instants de vie, de beauté et la nature. La photo est accessible à tous, c’est un art primaire que tout le monde comprend et que tout le monde pratique”. Inspirées de René Magritte ou encore d’Andy Warhol, quelques 60 œuvres de l’artiste sont exposées à la Maison de la Photographie depuis le 10 septembre 2020.

La Maison de la Photographie
“Le droit au paradis” de BOLOLO – © Axelle Dusart / Pépère News

Le clap de fin pour la Maison de la Photographie

L’établissement va bientôt être contraint de fermer après 24 ans d’existence. Créée par Olivier Spillebout, c’est en 1997 que tout commence avec l’Atelier de la Photo qui deviendra la Maison de la Photographie en 2003.

C’est essentiellement grâce aux subventions de la mairie de Lille, de la région et de l’État ainsi que par l’organisation d’événements privés que la Maison de la Photographie subvenait à ses besoins. Cependant, comme l’indique Olivier Spillebout, “politique et crise sanitaire ont eu raison de la Maison de la Photographie” qui ne peut pas s’appuyer seulement sur la billetterie pour se financer. Il n’y pas de perspective de retour des subventions publiques car nous sommes blacklistés par les politiques en place.”

Néanmoins, il entend continuer à se battre pour une culture qu’il estime “sobre, proche des gens et proche des artistes” et conseille aux jeunes de rechercher la culture près de chez eux via des associations qui font bouger la vie artistique dans les quartiers par exemple. “Rien qu’à Fives, il y a une nouvelle librairie qui vient d’ouvrir, une salle de bal, la galerie la Sécu, une artothèque… Les jeunes trouveront facilement des activités culturelles.” 

Selon lui, il faudrait que les petites structures de quartier comme la Maison de la Photographie soient plus soutenues par les pouvoir publics car il estime que “ce sont elles qui créent du lien social entre les gens”. Cette exposition a donc “un peu un goût d’enterrement” selon Alban Gernigon, l’un des artistes exposés, mais la photographie continuera d’exister.

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