Grosses chaleurs et neige dans la même semaine, le phénomène expliqué
La météo se détraque dans les Hauts-de-France. En une semaine, les thermomètres ont fait le grand écart : de 26 à 0°C. Des rayons aux flocons, des tee-shirts aux blousons, des gelées aux bourgeons, le temps déboussole. Sur les réseaux sociaux, les internautes ironisent. D’autres s’inquiètent. Ces bouleversements ne laissent en effet rien présager de bon. Un climatologue nous explique.
Il y a une semaine à peine, les thermomètres s’affolent, affichant des températures records pour un mois de mars. Tee-shirts, batailles d’eau et pique-niques sont de sortie sur les pelouses de Lille. Bondés, certains parcs sont même évacués par les forces de l’ordre. Mais ce mercredi matin, les Lillois ont eu la surprise de se réveiller dans une ville aux toits enneigés. Des chamboulements qui questionnent.
Avantage d’habiter à Lille on peut taper BQQ et 3 jours après une raclette pic.twitter.com/w396sqgG7I
— Poloo (@paul_becquart) April 1, 2021
Le phénomène est météorologique, mais il peut être expliqué par les bouleversements climatiques. Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) pendant treize ans, nous éclaire. Selon lui, « les températures d’aujourd’hui sont peut-être un peu froides, mais plutôt de saison. L’évènement climatique notable, c’est les températures très élevées de la semaine passée ». Un vent du sud a soufflé avec vigueur sur les Hauts-de-France, avant d’être repoussé par la masse d’air du grand nord. Des températures inédites, flirtant allègrement avec les extrêmes, qui risquent de se répéter, de s’amplifier et d’empirer dans les prochaines années.
Jean Jouzel l’assure, cela s’inscrit dans un contexte de réchauffement climatique. « C’est clair que le rythme des saisons se modifie. On n’échappera pas à en moyenne un degré supplémentaire, y compris en hiver », déclare-t-il. Dans la pratique, le temps lunatique entrave surtout la végétation. Les bourgeons naissants sont aussitôt anéantis par les gelées, de quoi inquiéter producteurs fruitiers et maraîchers.
« C’est clair que le rythme des saisons se modifie. On n’échappera pas à en moyenne un degré supplémentaire, y compris en hiver » – Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du GIEC
Fait étonnant : la rapidité avec laquelle la météo mute. Les Hauts-de-France sont le terrain idéal au yoyo de la météo : nous nous trouvons en zone tempérée. Notre latitude se niche aux confins de zones climatiques distinctes, à la limite entre percées d’air polaire et anticyclones. Le phénomène se reproduira, donc à nous de nous acclimater.