I Care a Lot, une comédie drôlement perturbante
Réalisé par Jonathan Blakeson, à qui l’on doit notamment le film La cinquième vague, I care a lot est la nouveauté Netflix qui fait sourire. Disponible depuis le 18 février sur la plateforme de streaming américaine, cette comédie n’a pas fini de faire parler d’elle.
I care a lot séduit tant pour ses idées progressistes et ses visuels que pour son casting doré. À l’affiche, Diane Wiest, Eiza Gonzalez que l’on a pu voir dans Fast and Furious: Hobbs and Shaw ou encore Rosamund Pike, dont la prestation a été récompensé d’un Golden Globes le 28 février.
Une comédie noire
Marla Greyson, infirmière dont la vie et le salaire ne la satisfont plus, décide de se reconvertir. Arnaqueuse, tel est son nouveau métier. En se prétendant tutrice spécialisée pour personnes âgées, elle décide de leur destin mais surtout de celui de leurs biens. Sa méthode est simple. Repérer sa future victime grâce à l’aide de son amie médecin, faire en sorte de la faire passer pour folle et inapte à s’occuper d’elle-même. Puis, la placer dans une maison de retraite on ne peut plus ordinaire avant de récupérer maison, bijoux de famille et tout ce qui s’ensuit. Marla Greyson, prédatrice, n’aura plus qu’à les revendre pour faire gonfler son compte en banque. Accompagnée de sa compagne et associée Fran, elle mène une vie paisible et glorieuse avant de rencontrer plus forte qu’elle.
Alors qu’elle pense avoir trouvé une proie en or: Jennifer Petterson, une femme riche sans aucune famille, ses affaires et sa vie personnelle vont basculer. Maligne mais surtout mère d’un chef de la Mafia russe censé être décédé, Jennifer Petterson ne compte pas en rester là avec sa rivale. Une tension, ou plutôt une vraie guerre, va alors s’installer entre les deux camps, qui ne se soldera pas sans victime.
Du progressisme à la Netflix
Le personnage plein de vice de Marla Grayson nous intrigue. On admire l’audace de cette femme qui n’a peur de rien et frôle la mort chaque jour. Ce personnages brise les codes. Par sa personne infâme que l’on attribuerait d’ordinaire à un homme : maligne, joueuse, carriériste et tout simplement méchante. Marla Grayson est aussi admirable que détestable. Mais aussi par son histoire d’amour. Une relation homosexuelle entre la personnage principale et son associée Fran. Cette relation passionnelle renforce l’intention de détruire les tabous et l’invisibilité de la communauté LGBTQ+, encore malheureusement trop présents dans notre société et sur nos écrans.
I Care a Lot est un film qui transpire le féminisme. Avec une majorité de personnages féminins, une protagoniste femme et des répliques toutes plus anti-patriarcales les unes que les autres, il s’inscrit dans une dynamique féministe sans égal. Mais la place trop importante du féminisme et le manque d’implicite de ces valeurs fondatrices, donne une impression d’excès et le rend presque faux – même si cet excès relève sûrement d’un choix de réalisation.
Un film à l’américaine
Suspens et tension remplissent l’atmosphère dérangée de ce film. Séduit par le tempérament de Marla Grayson, on s’accroche à l’intrigue et les plans rythmés ne font que renforcer l’angoisse face au danger auquel les personnages font face. Musique alarmante, lumières tamisées, les scènes d’actions sont haletantes bien que parfois surfaites. Cette ambiance particulière nous mène à la chute du film plutôt inattendue, que l’on espère tout de même dès le début. La remarquable performance de Rosamund Pike sublime cette comédie plus que mouvementée mais ne suffit pas à la placer au rang de film réussi. Si le jeu d’acteur de Rosamund Pike est indéniablement bluffant, il est l’une des seules choses qui sauve ce film incarnant le vide. Difficile de saisir le message, ou la perspicacité de l’histoire. D’autant plus que certains détails comme la relation implicitement biaisée entre la justice et la sadique Marla ne relève pas le niveau de ce film quelque peu décevant. Si la forme y est, le fond ne convainc pas.