INTERVIEW. Objectif Tokyo 2021 : Quincy Aye, des plages de Dunkerque au sable de Tokyo
Quincy Aye, athlète français de 26 ans, espère se qualifier pour les Jeux olympiques de cet été. En cas de réussite, ils deviendront, lui et son partenaire, Arnaud Gauthier-Rat, la première paire française qualifiée au beach volley depuis 2004. Retour sur son parcours.
Né d’un père volleyeur, Quincy commence le beach volley à 16 ans avec ses amis sur les plages de Dunkerque. Durant son enfance, le jeune sportif s’intéresse à tout : « Avant le beach volley, j’ai fait du foot, mais avec mes 2m03 ça devenait compliqué. Puis j’ai touché à tout, badminton, basket mais c’est quand j’ai fait du volley que j’ai accroché. » Il commence d’abord par le volley en salle ; le beach, par manque de structure, est difficile à pratiquer en France : « Comparé au Brésil où le temps est parfait toute l’année, ou l’Allemagne et le Pays-Bas qui ont développé des structures en intérieur. »
Du Nord au Sud
En 2016, à 21 ans, le Dunkerquois change d’horizon et déménage à Sète. Là-bas, il est repéré par le sélectionneur national qui lui propose de remplacer l’un des deux joueurs du binôme national. Quincy rencontre alors Youssef Krou, qui lui apportera l’expérience nécessaire, du haut de ses 31 ans : « Ça m’a permis de faire beaucoup de tournoi, de prendre beaucoup d’expérience d’un coup. »
En 2018 la fédération fait le choix de changer la paire en vue des Jeux olympiques, Arnaud Gauthier-Rat est alors le nouveau partenaire de Quincy, désormais basé à Toulouse. Les deux joueurs raflent de nombreux titres, notamment celui de champion de France en 2019. Le binôme se positionne, la même année, à la neuvième place au classement mondial.
Comme beaucoup de sportifs, la carrière de Quincy a été marquée par une blessure, une lésion musculaire mal soignée à l’épaule et une frayeur, le piquet maintenant la bande délimitant le bord du terrain qui a sauté dans sa cornée : « L’ophtalmologue m’as dit que j’aurai dû finir avec un œil de verre. »
À côté du sport, Quincy suit un master 2 de commerce à Grenoble en e-learning, afin de préparer sa reconversion, une fois sa carrière sportive terminée. Il est certes payé par la fédération, mais le beach volley « n’est pas un sport avec lequel tu vis longtemps ». Le rythme est difficile, mais le volleyeur est habitué : « Depuis que j’ai intégré le pôle de Wattignies à 17 ans, j’ai appris à travailler comme ça. On est dans une classe avec des sportifs de haut niveau, c’est adapté, les sportifs n’ont pas de contrainte. »
Le beach volley, un sport unique
Malgré les points communs avec le volley traditionnel, le beach volley se distingue par de nombreuses particularités. Les matchs sont composés de deux sets de 21 points contre 25 au volley en salle. Les dimensions du terrain sont aussi différentes, 8 mètres sur 8 pour le beach, 9 sur 9 en salle.
« T’es livré à toi-même et c’est une fierté quand tu gagnes, c’est toi, ton partenaire et c’est tout. » – Quincy Aye
Mais la différence majeure, pour Quincy, concerne le nombre de joueurs : une équipe de 6 en salle contre un binôme sur le sable. Cette spécificité conjuguée à l’absence de l’entraîneur sur le bord du terrain, responsabilise les beach volleyeurs, ce qui plaît au Français : « T’es livré à toi-même et c’est une fierté quand tu gagnes, c’est toi, ton partenaire et c’est tout. » Un sport qui fait appel au mental donc, où le binôme est obligé de créer une alchimie pour fonctionner ensemble et aller le plus loin possible.
Objectif Tokyo 2021
La paire Arnaud-Quincy se concentre sur la prochaine échéance : les Jeux olympiques de 2021. Pour se qualifier, deux solutions s’offrent à eux : soit le binôme se place dans les sept premiers à la fin des tournois de la « saison régulière » – avec un système similaire à celui des grands chelems au tennis – soit il se qualifie via le tournoi de qualification européen, hypothèse la plus probable : « On a clairement nos chances. C’est un format coupe Davis et là on a le deuxième tour à jouer en mai en Autriche. »
Malgré l’absence de Français depuis 17 ans en beach volley sur les Jeux, Quincy ne ressent pas de pression : « C’est une motivation supplémentaire car t’as envie d’être le mec qui va débloquer ces non-résultats, c’est difficile mais c’est encore plus motivant. »
L’objectif pour la paire et la fédération est clair : se qualifier aux JO de Tokyo et ramener une médaille lors des Jeux olympiques de Paris en 2024.