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INTERVIEW. Samuel Roumeau, co-fondateur du collectif “Revoirleciel”

INTERVIEW. Samuel Roumeau, co-fondateur du collectif “Revoirleciel”

Bénévoles "Revoirleciel"

Samuel Roumeau est le co-fondateur du collectif “Revoirleciel”. Créé en octobre 2020, ce collectif a pour but de lutter contre la pollution lumineuse en éteignant les lumières des commerces la nuit. Ces bénévoles nous permettent de mieux contempler notre voie lactée. L’antenne lilloise de ce collectif compte une dizaine de volontaires. Samuel Roumeau nous explique ses ambitions et appelle à rejoindre le mouvement.

Pépère News : Qu’est-ce que “Revoirleciel” ?

Samuel Roumeau : C’est un collectif, un mouvement qui vise à lutter contre la pollution lumineuse en ville, en prenant le parti de l’action directe et joyeuse d’éteindre les commerces la nuit sans attendre qu’une législation se mette en place, sans attendre que les politiques fassent leur travail, sans attendre que les commerçants le fassent d’eux-mêmes. Une loi existe et elle stipule que les commerces doivent être éteints entre 1 heure et 6 heures du matin, or ils ne le sont que dans quelques endroits. Donc, on éteint les vitrines et on interpelle aussi les marques sur les réseaux sociaux.

Pourquoi nommer ce collectif “Revoirleciel” ?

Je me suis demandé quel était le meilleur moyen de faire passer un message. Je ne voulais pas avoir un nom qui exprime l’idée d’être contre quelque chose. Je voulais que l’on puisse se projeter vers quelque chose de désirable, de positif. L’idée de revoir le ciel est de voir les étoiles et d’avoir un horizon dégagé. Il y a un peu de poésie et on est dans la revendication d’une proposition qui donne envie. C’est une sorte d’aspiration universelle.

Comment vous est venue l’idée de créer ce collectif ?

À chaque fois qu’il y a quelque chose qui me met en colère, je me demande quel est le moyen le plus direct pour y remédier. Voir les commerces allumés la nuit, ça m’agace car je trouve que c’est une omniprésence de la publicité dans la rue et ça nuit à la qualité de vie, à la biodiversité. Je trouve que c’est des dépenses d’énergie inutiles. Le moyen de remédier à cela, c’est d’aller éteindre, avec des copains, les vitrines. C’est comme ça qu’on a eu cette idée de créer le collectif.

Qui sont les participants de ces actions : des jeunes, des groupes d’amis ?

La population est relativement jeune, mais rapidement, on a touché les parents de ces jeunes car on s’est rendu compte que le sujet de la pollution lumineuse est assez largement partagé quel que soit l’âge des personnes. C’est donc plutôt les jeunes qui participent aux actions même si des personnes de 50 ans l’ont déjà fait.

Un bénévole du collectif "Revoirleciel" devant une vitrine d'un magasin
Un bénévole du collectif “Revoirleciel” devant une vitrine d’un magasin. © Benoît Durand

Que faites-vous la nuit ? Quel est votre matériel ?

C’est assez simple. On prend un manche à balai au bout duquel on scotche le bout d’un cintre. Avec ça, on éteint les petits boîtiers au-dessus des commerces. Il y a aussi une méthode plus acrobatique où on saute pour atteindre les boîtiers.

Pourquoi privilégier l’action directe plutôt que des pétitions ?

De manière générale, si les pétitions ne sont pas suivies d’actions concrètes, elles tombent un peu à l’eau parce qu’il y a un tas d’autres qui sont tout aussi légitimes. On s’est dit que l’action directe serait un bon moyen d’interpeller les gens contrairement aux pétitions. Par contre, on peut utiliser conjointement ces deux formes d’actions.

Vous luttez contre la pollution lumineuse mais qu’a-t-elle comme effets, comme conséquences ?

Il y a plusieurs conséquences néfastes : un gaspillage de l’énergie, une atteinte à la biodiversité pour les animaux qui vivent la nuit ou les oiseaux migrateurs qui n’arrivent plus à se repérer à cause de l’éclairage massif. Cela a aussi des nuisances sur les êtres humains en terme de sommeil et de qualité de vie parce qu’on ne peut plus voir le ciel.

Comment réagissent les commerçants quand vous éteignez leurs magasins ?

Quand on éteint les lumières des magasins, on laisse un petit mot en expliquant la démarche. On a toutes sortes de réactions : il y a des gens qui ne réagissent pas forcément très bien, mais c’est assez rare et il y a des gens qui nous disent qu’on a raison et qu’ils vont éteindre intégralement leurs lumières. On est certains que ça ne va pas faire changer d’avis tous les commerçants mais ils sont de plus en plus nombreux à nous soutenir et éteignent leurs commerces dès la fermeture.

Ce mouvement s’étend un peu partout en France, notamment dans les grandes villes. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous vous dites : “Enfin, on va pouvoir faire bouger les choses” ?

Oui, évidement que c’est une bonne chose. C’est un bon signe pour la suite mais il y a encore beaucoup de commerces qui n’éteignent pas leurs lumières dès la fermeture. Il faut mener le combat dans toutes les villes, aller au-delà de simples actions dans la rue, en discutant avec les élus et les marques. Il y a encore du travail avant que tout soit éteint.

Vous souhaitez que les bénévoles de “Revoirleciel” gardent l’anonymat – vous excepté. Pourquoi ?

Au départ, c’était pour des raisons très pratico-pratiques car des bénévoles ont été embêtés par la police. Maintenant, ce n’est pas tant qu’on souhaite garder l’anonymat, c’est plutôt qu’on ne veut pas se mettre plus en avant que la cause. On veut que ce soit la cause avant tout. C’est l’objectif qui nous importe, à savoir le fait que les magasins éteignent leurs lumières.

Quel est votre objectif final ? Attendez-vous des mesures de la part du gouvernement ?

On attend surtout des choses de la part des marques et des villes plutôt que du gouvernement. Mon souhait, c’est qu’à la fin de l’année, on puisse se balader dans les rues des villes de France et que tous les bâtiments qui n’ont pas besoin d’être allumés soient éteints.

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