INTERVIEW. Valentin Gendrot, policier dans un quartier populaire parisien
En septembre dernier, Valentin Gendrot, jeune journaliste, sort Flic, livre qui a suscité de vives polémiques. En vidéo pour le Pépère News, il revient sur son travail en tant que journaliste d’immersion.
Vous avez sans doute déjà entendu parler de ce livre. Flic, paru en septembre dernier, était l’événement de la rentrée. C’est le fruit de deux ans d’infiltration dans le monde de la police. Derrière ce témoignage inédit se cache Valentin Gendrot, jeune journaliste infiltré dans le 19ème arrondissement, quartier populaire de Paris. Violence, racisme, mais aussi conditions de vie déplorables et profession déshumanisée, il dresse un portrait inquiétant des gardiens de la paix. Plus qu’un simple témoignage, l’auteur s’inclut dans le récit et rentre malgré lui dans ce schéma.
« De mon côté, je me rends compte qu’en l’espace de six mois, mon niveau d’humanité et d’empathie a chuté. Comme si ce boulot m’avait vacciné contre la sensibilité. » – Valentin Gendrot, dans Flic
Le journaliste indépendant n’en est pas à sa première infiltration. Après cinq investigations à Villeneuve d’Ascq, il publie en 2014 Les Enchaînés, sous le pseudonyme de Thomas Morel, où il dénonce les conditions des ouvriers à la chaîne. Il a aussi endossé le rôle d’employé dans un entrepôt Lidl pour l’émission Cash Investigation. En 2018, il troque ses lunettes rondes pour des lunettes carrées qui lui donnent un air plus coriace, et commence sa formation de policier en tant qu’agent de sécurité (ADS), le grade le moins élevé des gardiens de la paix.
L’immersion, une méthode légitime ?
L’immersion est une technique journalistique qui ne date pas d’hier. Elle consiste à adopter le mode de vie ou le travail d’une personne. Cette méthode a suscité de nombreux reproches, notamment sur le manque d’objectivité de la démarche. Ses détracteurs critiquent aussi son manque de déontologie. Cependant, comme l’explique Valentin Gendrot, « Nellie Bly, qui avait infiltré un asile aux États-Unis, pratiquait déjà l’immersion » au 19ème siècle et sa démarche avait permis de faire évoluer les conditions de vie des prisonniers. Aujourd’hui, personne ne la remettrait en cause. De plus, « cela permet d’avoir accès à des choses qu’on n’aurait pas pu avoir sans une infiltration ». Valentin Gendrot nous raconte « ce que c’est que d’être policier dans un quartier populaire parisien », et nous donne à voir des discussions, des réflexions que l’on aurait pas pu connaître sans une immersion totale.