En lecture
Konexio, l’association connectée au monde du travail

Konexio, l’association connectée au monde du travail

Konexio, l’association attachée à faciliter l’insertion professionnelle par le numérique, a ouvert l’été dernier une antenne à Lille. Laurent Thieffry Atticus, responsable de développement, et trois conseillers numériques, lancent les premières formations. Peu à peu, un programme est établi dans la région des Hauts de France, ce que met en place Konexio depuis cinq ans.

Une association en expansion

Cette association loi 1901, lancée il y a cinq ans par Jean Guo à Paris, a pour but la formation et l’autonomisation dans la lutte contre la fracture numérique. Cette mission ne doit pas remplacer les programmes et structures préexistants, il s’agit de trouver une place complémentaire. À Lille, Konexio agit en complément d’Emmaus Connect, concentrée sur l’accès au matériel numérique essentiel à bas prix, ou de Simplon, qui propose également des formations.

Ce n’est pas seulement à une insertion professionnalisante que se livre Konexio. Il y a en effet avant tout un désir, un besoin d’insertion sociale chez ces personnes. Ainsi, Konexio, les associations partenaires, et les centres sociaux de QPV (quartiers prioritaires de la ville) cherchent à inciter à la mobilité en variant les lieux de formation, en cela l’association lutte aussi pour l’insertion sociale.

Pour l’instant, pour l’antenne lilloise, il s’agit principalement d’instaurer des partenariats. Cette recherche de partenaires les mène vers les CCAS (centre communaux d’action sociale) et les associations des QPV (quartiers prioritaires de la ville), quelques rares Pôles Emplois. L’essentiel de leur travail est actuellement la mise en place de lien avec des associations prenant en charge des publics dits “en marge”, susceptibles de suivre ces formations.

Les formations proposées par Konexio

Ces formations sont ouvertes à tous, avec pour seuls critères : être sans emploi, âgé de plus de 16 ans et avoir un niveau A2 en français. En ce sens, elles n’accueillent pas un profil unique. Tant qu’il y a une démarche de recherche d’emploi et un besoin d’accès à l’outil numérique, chaque profil est légitime.

Malgré tout, les responsables constatent une véritable autocensure. Celle-ci peut être due au secteur concerné, le numérique, où certains publics se sentent à tort moins légitimes. L’association cherche à amener à elle le “public invisible”. Un public non répertorié dans les systèmes d’aide de l’État, mais qui connaît un vrai besoin d’aide à l’insertion professionnelle.

À leur arrivée, un diagnostic est établi : l’ABCDiag permet d’évaluer leur niveau. Leur résultat les oriente vers l’une des trois formations de Digitall, le premier programme Konexio. Les cours ont lieu à la maison des associations, 27 rue Jean Bart, de deux heures par semaine par des conseillers numériques et des bénévoles, d’ailleurs recherchés par l’association.

 

  • Le niveau débutant a pour dessein la découverte de l’outil informatique et l’autonomie dans l’usage d’un ordinateur afin d’effectuer des “démarches personnelles ou professionnelles simples“.

 

  • Le niveau intermédiaire en 20 heures également “sensibilise à l’utilisation professionnelle des outils bureaucratiques“.

 

  • Le niveau dit avancé, dernier de la formation Digitall, se concentre sur la prise en main des tableurs et sur les notions essentielles liées au web, comme la question de protection des données.

 

À la fin de cette formation, il est possible de se diriger vers deux autres programmes de Konexio. Le premier est une découverte du codage, “Digistart”. Le second est la formation professionnalisante (600 à 800 heures) menant aux postes de développeurs web ou techniciens réseau.

Pourquoi une antenne locale à Lille ?

Il est notoire que la région des Hauts de France, et en son sein la ville de Lille, abrite un public en difficulté sur les plans économiques et professionnels, en mal d’insertion. Le responsable, Laurent Thieffry Atticus, originaire des Hauts de France, a été investi par Konexio du développement régional. Ce choix vient du fait de la volonté de missionner un régional d’État. Ce qui permet que le responsable en poste connaisse les communautés et besoins locaux, les structures avec lesquelles travailler. Laurent développe: “c’est pour éviter qu’un responsable de la capitale soit parachuté dans une région où le public l’estimera illégitime, ce qui freinerait l’action de Konexio”.

Les hauts de France comptent le plus grand nombre de quartiers prioritaires de la politique de la ville, à savoir près de 45 000. C’est aussi un espace géographique marqué par un très fort taux de chômage (566 870 demandeurs d’emplois au troisième trimestre de 2021), en besoin d’infrastructures axées sur l’insertion professionnelle.

Le choix d’implanter Konexio à Lille est aussi expliqué par la rencontre de deux demandes. Car face à cette demande d’emploi, est observée une demande croissante d’employer des travailleurs du numérique. Lille devient, en effet, un lieu important dans le développement de ce secteur. L’association a déménagé le 31 janvier à Euratechnologies, qui est comptée dans le top 3 des incubateurs d’Europe. Là-bas, de nombreuses startup à la recherche d’employés sont hébergées. La période rend ce développement plus nécessaire que jamais : des études estiment que la crise sanitaire a fait rattraper à la France sept années de retard en matière de numérisation. Ce bond creuse l’écart entre “numérisés” et personnes touchées par “l’illectronisme” (individus en marge des connaissances et des outils électroniques). Le numérique peut se révéler être un réel frein dans l’insertion au monde du travail, or, encore un quart des jeunes ne sait pas se servir du numérique dans une optique professionnelle.

Quel futur pour Konexio Lille ?

Sur le long terme, le centre de Lille évoque également sa réflexion sur l’accueil éventuel de nouveaux publics pour des formations sans but professionnel, comme des personnes âgées en marge du monde du numérique.

Laurent se concentre sur la métropole lilloise, mais le responsable “Hauts de France” compte bien déployer les formations et projets de l’association à plus grande échelle. À savoir sur l’ensemble de ce territoire inégalement touché par l’accès au numérique et à l’emploi.

Aujourd’hui Konexio a un grand besoin de bénévoles, ceux-ci ne doivent pas nécessairement être spécialistes. Les cours étant déjà établis, un sens de la pédagogie et une connaissance des bases informatiques suffisent pour assurer le suivi !

 

Quelle est votre réaction ?
J'adore !
2
J'ai hâte !
0
Joyeux
0
MDR
0
Mmm...
0
Triste...
0
Wow !
2

Auteur/Autrice

Voir les commentaires (0)

Répondre

Votre adresse Email ne sera pas publié

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.