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L’athlétisme à l’heure du confinement #3 : Un nouvel obstacle sur le parcours de Wilfried Happio

L’athlétisme à l’heure du confinement #3 : Un nouvel obstacle sur le parcours de Wilfried Happio

Le 400 mètres haies : un tour de piste, dix obstacles à franchir, une lutte contre les assauts de l’acide lactique. Wilfried Happio, sociétaire du Lille Métropole Athlétisme, est un grand espoir français de la discipline. Cette fois-ci, le confinement a remplacé les haies. Une nouvelle course s’offre à lui. Rencontre.

À l’annonce du confinement, vous avez décidé de quitter la métropole et de partir en Guadeloupe avec quelques-uns de vos partenaires d’entraînement. Pourquoi ce choix ?

J’ai décidé d’y rejoindre la moitié de mon groupe d’entraînement. Au départ, je devais partir en Afrique du Sud avec l’équipe de France, mais la Fédération française d’athlétisme (FFA) a décidé d’annuler le regroupement. Alors, j’ai directement pris les devants, sachant que même m’entretenir n’allait pas être possible chez moi. En effet, ma mère garde les enfants des corps médicaux appelés en mission. De plus, j’ai passé tout l’hiver sous le manteau parisien, prendre un peu de soleil n’allait pas être de trop.

Comment se passe le confinement en Outre-mer ? Êtes-vous inquiet ?

Pas mal de personnes me posent la question. C’est vrai qu’ici, les conditions ne sont pas les mêmes qu’en métropole, surtout après l’incendie du CHU. Mais honnêtement, quand je vois les photos des rues ou des parcs parisiens noirs de monde, je suis plus rassuré ici. Les Guadeloupéens ont l’air plus sensibles quant à la propagation et la dangerosité du virus.

Parvenez-vous à adapter vos entraînements, votre préparation ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

C’est simple, on n’a pas le choix… Avec les conditions et le report des Jeux Olympiques, les maîtres-mots de ces semaines passées et à venir sont “adaptation” et “entretien”. L’objectif n’est plus au développement mais à la conservation des qualités acquises depuis octobre.

Comment vivez-vous ce confinement ? Pouvez-vous décrire une journée type ? 

Il y a une partie de moi qui se dit : “Cool mec, tu vas pouvoir kiffer en Guadeloupe, appeler tous les jours ta famille et tes potes, mater un tas de séries !”.  Mais, en réalité, je n’arrive pas à kiffer si je ne m’entraîne pas comme il se doit. Je me rends compte que le rythme que m’impose l’athlé m’est indispensable. Là, j’ai comme l’impression d’avoir perdu pas mal de repères depuis le 16 mars et l’annonce du confinement.
Une journée type ? Disons qu’elle ne change pas trop de d’habitude, à part les cours (rires). On essaie avec les coachs [Olivier Vallaeys et Marc Vecchio, ndlr] de ne pas perdre le rythme, mais je galère davantage à trouver du matériel sportif et des repères. Globalement, c’est : réveil à 7h, petit déjeuner à 7h30, Netflix, renforcement à 10h, déjeuner à 13h, dodo jusqu’à 16h, entraînement à 16h30, dîner à 19h, Netflix, dodo à 22h.

Cet été devaient se dérouler les JO. Comment avez-vous réagi face à l’annonce de leur report ?

C’était une sensation bizarre, ça me rappelle les fois où je faisais mes “devoirs maison”, car oui, il m’est arrivé de les faire (rires), et que la prof ne les ramassait pas. C’était horrible !

Sérieusement, on était déçus mais pas étonnés. Je priais pour qu’ils ne soient pas reportés en septembre ou octobre car c’est difficile d’avoir une saison à rallonge comme cela, surtout quand ce n’est pas prévu. Et puis finalement, le coach a raison, si tout se passe bien, j’aurai un an de plus à mon avantage.

Wilfried Happio à l’entraînement 
Crédit photo : Wilfired Happio

En plus du confinement, les sportifs sont confrontés à l’arrêt des compétitions. Avec quelles conséquences pour vous ?

C’est simple : si je ne cours pas avant juillet, je vais devenir fou ! (rires) Je n’ai déjà pas couru cet hiver pour pouvoir avoir une préparation optimale. La suppression de toutes ces compétitions m’empêche de voir les fruits de notre travail. Mais finalement, c’est une bonne frustration pour pouvoir tout déchirer cet été. [L’interview a été réalisée avant l’annonce de la suspension des compétitions nationales jusqu’à fin juillet par la FFA, ndlr].

Les Championnats d’Europe à Paris sont pour l’instant maintenus. Comment envisagez-vous votre préparation pour ce championnat ? Est-il possible d’être prêt malgré les circonstances ? 

Le coach a décidé de ralentir la préparation pour pouvoir atteindre le pic de forme à ce moment précis. Il ne reste plus qu’à prier pour que l’INSEP [Institut National des Sports, de l’Expertise et de la Performance] rouvre ses portes pour qu’on puisse s’entraîner comme il se doit.

Qu’est-ce qui vous manque le plus en cette période de confinement ? Quelle est la première chose que vous ferez à la fin ?

Franchement, la liberté ! C’est un truc de ouf comme on ne se rend pas compte de la chance qu’on a, en France et surtout dans une grande ville comme Paris. Si t’as envie de sortir, tu sors, si t’as envie d’aller prendre un verre à 23h, tu peux. Un cinéma ? Aussi, pourquoi pas. Je me ferai sûrement un bon gros resto en famille.

Faites-vous plus attention à votre alimentation pendant cette période ? 

Non, pas forcément. Avec la chaleur et étant donné que McDo et KFC sont fermés, je n’ai pas à me soucier de mon poids. (rires)

Un conseil pour nos lecteurs sportifs confinés ?

Je dirais qu’il faut que nous fassions confiance au temps, que la patience et la persévérance l’emporteront sur cette période. Nous en sortirons plus fort.

Avec Damian Cornette
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