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Le casse-tête du baccalauréat 2020

Le casse-tête du baccalauréat 2020

Ce n’est pas une période de vacances“, affirmait Jean-Michel Blanquer le 14 mars. Faisant référence aux études qui se poursuivent pour tous les niveaux, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse campe toujours sur ses positions : des cours en ligne on été mis en place, les professeurs se rendent disponibles et les conditions d’apprentissage permettent un suivi du programme scolaire. Mais qu’en est-il pour l’examen final du baccalauréat, véritable enjeu pour étudiants et professeurs ?

La difficile équation du gouvernement

La situation était très claire pour le gouvernement, ce lundi 30 mars : le baccalauréat sera maintenu. Les discussions sont en cours avec les organisations représentatives de professeurs, de parents d’élèves et de lycéens. Le ministre souhaite mettre en place un examen garantissant “à tous les élèves de Terminale qu’ils ne soient pas lésés, qu’ils ne perdent pas une année et donc puissent passer un baccalauréat”. C’est donc dans l’attente d’un éclaircissement de la situation que la déclaration du ministre de ce jeudi 2 avril est attendue. Le seul indice dont nous disposons jusqu’à présent est “qu’une large partie de contrôle continu” sera prise en compte.

Dans le flou, alors que seulement trois mois les séparent de la dernière ligne droite, professeurs et étudiants ont des avis divergents sur la situation. Les questions qui reviennent sont néanmoins les mêmes : sous quelles conditions seront maintenues les épreuves ? Sur quelles connaissances seront évalués les étudiants ? Car le confinement est un réel défi pour suivre un programme permettant un apprentissage complet.

S’ajoutent à l’équation les spécificités de chaque élève, avec des facteurs multiples. Qu’en est-il des étudiants en zone blanche ou avec un accès limité à Internet ne leur permettant pas de suivre avec la même qualité et régularité les cours en ligne ? Pour ceux dont le milieu social est une véritable barrière ? Les élèves à “profil dys” ? Ou encore les candidats libres qui ont besoin de passer un examen, faute d’avoir un contrôle continu ?

Une alternative évoquée : l’instauration du contrôle continu

Elles sont plusieurs à avoir émergé : les pétitions en faveur du contrôle continu se multiplient sur les réseaux. À l’initiative de l’une d’entre elles, Pavel Clauzard, étudiant en Terminale ES au lycée Jean Rostand de Chantilly (Oise). Dans sa pétition adressée à Jean-Michel Blanquer, l’étudiant propose “d’attribuer le bac au contrôle continu en tenant compte des résultats des deux premiers trimestres (les moyennes) et aussi des épreuves anticipées de Première.” Cette idée rejoindrait le modèle d’évaluation de la Grande Bretagne, où l’obtention du baccalauréat est un panaché de contrôle continu et d’examens terminaux.

L’alternative est soutenue par certains élèves. Pour Alice, en Terminale S, les cours en ligne sont une “catastrophe. Les programmes ne seront pas bouclés et on n’aura pas les compétences requises ni le niveau adéquat”. Propos confirmés par Ael, élève de Terminale S : “Le plus compliqué c’est dans les matières difficiles où on ne comprend pas, malgré les discussions avec les profs en ligne. Donc si le bac est maintenu et que l’on galère dans les matières scientifiques, ça sera beaucoup trop difficile d’atteindre la moyenne. Ce ne sera pas représentatif de notre réel niveau, ce qui est injuste et frustrant”. 

Pour une partie du corps enseignant, à l’image de Pierre Smajewski, professeur d’Économie Gestion de Terminale STMG, l’instauration du contrôle continu au baccalauréat est une alternative plausible. On se baserait alors “sur les évaluations réalisées avant le confinement”. Selon lui, “réaliser des évaluations notées depuis le confinement” serait inégalitaire, les “fractures numériques et sociales” renforcées. En effet, instaurer un suivi du programme scolaire est un véritable challenge pour les professeurs. L’échange avec les élèves, les évaluations et l’enseignement dans un tel contexte ne sont pas à la hauteur des exigences des épreuves finales.

Une absence de consensus

Certains s’opposent à ce projet, jugé inégalitaire, ne faisant plus du baccalauréat un diplôme national. L’uniformité que garantie une seule et même épreuve pour tous est remplacée par des évaluations “subjectives”. C’est ce qu’avance Marie, étudiante en Terminale L :“si tu viens d’un bon lycée parisien, tu auras des meilleurs résultats que si tu viens d’un lycée de campagne. La copie anonyme permet d’instaurer une véritable égalité des chances. Là, ça ne serait pas le cas”. En effet, les notes sont le reflet d’une situation spécifique. “On est victimes de plusieurs facteurs qui nous échappent dans le contrôle continu” poursuit-elle. Son argumentaire trouve écho chez ses camarades. “Les lycées n’ont pas d’exigences d’évaluation. Quant aux conditions d’examen, elles varient en fonction du professeur, des conditions sociales et géographiques.”

L’éventualité d’un contrôle continu est donc à nuancer. “Cela pénaliserait les élèves qui auraient prévu de faire un forcing en fin d’année pour réussir, ou ceux qui ont vécu une année difficile”, précise Pierre Smajewski. Mais alors que faire ? Garder un système d’évaluation finale après un mois d’enseignement chaotique ? Ce mercredi, le gouvernement a apporté sa réponse à la question : “il ne sera pas possible d’organiser dans les conditions normales le bac 2020”. Alors les esprits s’échauffent pour concilier tous les avis. Un mélange de deux manières d’évaluer est-il à envisager ?  “Le contrôle continu pourrait être couplé avec une épreuve terminale ne concernant que notre spécialité, pour éviter une surcharge de travail et tout de même valider un bac crédible composé d’épreuves finales”, propose Alice.

Alors que faire ? Un contrôle continu ? Un traditionnel examen fin juin ? Une combinaison des deux ? Les avis quant aux mesures à mettre en place sont aujourd’hui bien divergents. L’annonce que tiendra Jean-Michel Blanquer ce jeudi devrait apporter une réponse à toutes ces questions soulevées.

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