Le dernier mot de Karima Delli : “Cette élection, c’est pour changer vos vies.”
À deux jours du second tour des élections régionales, le Pépère News s’est entretenu une dernière fois avec la candidate écologiste Karima Delli. Retour sur une Union de la Gauche inédite et une campagne sous Covid.
Dimanche dernier, pour le premier tour des élections régionales, c’est la surprise dans les Hauts-de-France. Le score du candidat du Rassemblement National Sébastien Chenu (24,37%) est dix points derrière les prévisions. La liste du candidat La République En Marche Laurent Pietraszewski arrive sous les 10% et ne passe pas au second tour, devancée par l’Union de la Gauche et des écologistes (18,97%). Xavier Bertrand étant loin devant (41,42%), les dés sont-ils jetés pour le second tour ? Avec 67,16% d’abstention au premier tour, c’est surtout la mobilisation des électeurs qui pourrait faire basculer le score ce dimanche.
Pépère News : Vous attendiez-vous à ce score au premier tour ? En êtes-vous satisfaite ?
Karima Delli : Le score du premier tour permet de nous sélectionner au second tour. Et c’est une première, parce que les écologistes et la gauche sont de retour alors qu’ils étaient absents depuis six ans au sein du conseil régional. Maintenant face à cette élection il faut comprendre que personne n’a gagné dimanche dernier : la grande gagnante, c’est l’abstention.
On vous a vu réaliser de très bons scores dans les grandes villes (Lille, Amiens). La gauche séduit-elle davantage les citadins, et moins en campagne ?
Il y a des villes totalement rurales où on fait de très bons scores. Parce-que les ruraux comprennent totalement ce qu’est le dérèglement climatique. Nous avons rencontré énormément d’agriculteurs et de personnes qui vivent dans la nature, qui se rendent compte des conséquences du dérèglement climatique. On le voit malheureusement avec les inondations à Beauvais, dans l’Oise et dans la Somme ; on le voit également chez les agriculteurs qui aujourd’hui se posent des questions sur la sécheresse et sur les problématiques d’eau.
La campagne pour les élections régionales s’est déroulée sous Covid, et sans la certitude que le scrutin se tiendrait en juin. Quel regard portez-vous sur cette campagne ?
Je crois que cette campagne a été instrumentalisée sur des débats totalement nationaux. On a nationalisé le scrutin : à chaque fois, on nous a parlé des thématiques autour de la sécurité, qui n’est pas une compétence réelle de la région. Il aurait fallu comprendre que des vraies thématiques n’ont pas été abordées : je pense notamment à la précarité et à la pauvreté, dans un territoire où un habitant sur six vit sous le seuil de pauvreté. Alors comment voulez-vous que des personnes qui ont moins de 30 ans et qui n’ont jamais eu de CDI aillent voter ? Comment voulez-vous que des gens qui travaillent et qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois aillent voter ? Ce sont des vraies questions, mais si la politique ne s’intéresse pas à la vie des gens, alors les gens ne s’intéresseront pas à la politique.
En 2015, la liste de gauche s’était retirée au second tour, et cela fait donc six ans qu’elle ne siège pas au conseil régional. Cela vous a-t-il motivée à vous maintenir cette année ?
Absolument. Et surtout, nous avons montré que nous faisions barrage à l’extrême droite quoi qu’il arrive. Aujourd’hui nous sommes dans la capacité de dire que la gauche et les écologistes sont de retour, et qu’ils ont contribué à amoindrir l’extrême droite.
Une moindre abstention pourrait-elle faire basculer les scores en votre faveur au second tour ? Comment lutter contre cette abstention ?
J’invite chaque électeur à prendre quelques minutes pour aller voter dimanche, parce que ce vote est un vote pour six ans, et pour changer les six prochaines années. Ensemble, nous devons aller créer la surprise. Il faut se mobiliser, et cela est important car il est temps de relever notre région. Monsieur Bertrand ne se préoccupe pas de notre région, puisque sa seule ambition est d’aller à la présidentielle. Monsieur Chenu ne se préoccupe pas de cette élection, puisque son ambition est de servir Madame Le Pen. Nous, nous avons un programme concret. Nous avons la volonté de dire qu’il est grand temps d’ouvrir les portes et les fenêtres de ce conseil régional.
On doit installer une convention citoyenne pour le climat. On doit lancer les emplois de demain et les filières d’avenir. On mettra en place une relance du ferroviaire dans notre région, notamment avec la gratuité des transports pour les moins de 26 ans. Nous avons une volonté de dire stop aux déserts médicaux, et réparer cette fracture territoriale. Ensuite, aujourd’hui c’est sur la jeunesse qu’il faut absolument miser. Pour les 90.000 jeunes sans formation et sans diplôme qui vivent dans des conditions de précarité très grande, nous allons expérimenter le Revenu de Solidarité. Enfin, une chose qui nous tient à coeur, c’est faire en sorte que l’industrie fonctionne bien.
Avez vous un dernier mot pour les électeurs ?
Allez voter ! Il existe une alternative heureuse à la droite et l’extrême droite. Cette élection n’est pas une primaire de la droite à la présidentielle. Cette élection, c’est pour changer vos vies. Allez voter pour le climat et pour l’emploi : c’est bon pour vous et c’est aussi bon pour vos enfants. Il faut faire en sorte que, enfin, on puisse regarder les Hauts-de-France, le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie avec des indicateurs au vert, et non en rouge comme ils le sont actuellement.