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Le dernier mot de Sébastien Chenu : “Voter est un droit, mais c’est aussi un devoir.”

Le dernier mot de Sébastien Chenu : “Voter est un droit, mais c’est aussi un devoir.”

sébastien chenu débat régionales

À deux jours du second tour des élections régionales, le Pépère News s’est entretenu une dernière fois avec le candidat du Rassemblement National, Sébastien Chenu. Retour sur une campagne sous Covid et un premier score inattendu.

Alors qu’il était annoncé au coude-à-coude avec Xavier Bertrand dans les sondages, avec 32% des intentions de vote (2 points de moins que le président sortant), Sébastien Chenu s’est retrouvé devancé de plus de 15 points dimanche dernier. Avec 67,16% d’abstention au premier tour des élections régionales, le candidat ne tient pas rigueur des 24,37% des voix récoltées par le Rassemblement National dimanche dernier, et semble partir confiant pour le second. Tout le monde se l’accorde, c’est la mobilisation des électeurs qui pourrait faire basculer le score ce dimanche.

Pépère News : Vous avez réalisé un score inférieur à celui de 2015 et nettement inférieur aux prévisions des derniers sondages, comment expliquez-vous cela ?

Sébastien Chenu : Je pense qu’il y a plusieurs explications. D’abord, un scrutin particulièrement mal organisé par le gouvernement : dans certains bureaux de vote, nos bulletins manquaient, et des professions de foi et la propagande électorale ne sont pas arrivées chez de nombreux électeurs ; il y a eu une mauvaise information autour du scrutin et des enjeux de celui-ci. La deuxième chose, c’est que beaucoup, et en particulier chez les jeunes, n’ont pas compris à quoi pouvait servir la région, comment elle pourrait impacter leur vie – et on ne peut pas leur en faire le procès. Tout cela a été mal exprimé, les régions qui ont fusionnées ont éloigné les électeurs de ces centres de décision… Et à partir du moment où l’on ne perçoit pas l’intérêt d’une élection, et bien on ne se déplace pas pour aller voter. Nos électeurs ne se sont pas mis à voter pour d’autres, ils ne sont tout simplement pas allés voter.

La campagne pour les élections régionales s’est déroulée sous Covid, et sans la certitude que le scrutin se tiendrait en juin. Quel regard portez-vous sur cette campagne ?

Il va falloir sincèrement repenser les campagnes électorales dans ce pays. Le Covid, l’abscence d’informations du gouvernement sur les enjeux de cette campagne, l’impossibilité de faire des meetings, tout ça n’a pas aidé à la mobilisation des électeurs. En période normale, faire des meetings, pouvoir rencontrer les électeurs, faire du porte-à-porte, ça aide à la mobilisation. Là, il n’y a rien eu de tout cela. Résultat : c’est un désastre démocratique. Il va falloir repenser, et redonner du sens à toutes les élections. Montrer aux gens que, lorsqu’ils votent, ils sont représentés.

Votre score semble plus faible dans les villes (10% à Lille). Comment tentez-vous de séduire les citadins ?

Traditionnellement, nous sommes plus forts dans la ruralité. Mais parler aux citadins, c’est leur expliquer que les solutions que nous avons peuvent répondre à leurs problèmes. Quels sont les problèmes des villes ? Ce sont souvent des problèmes de sécurité, de transports ; il faut expliquer que sur ces problèmes, nous avons un certain nombre de réponses. La qualité de vie dans les villes est en train de se dégrader fortement. Je le vois du côté de Lille, mais aussi dans toutes les grandes métropoles du Nord et des Hauts-de-France, la qualité de vie est en train de se dégrader. Et si l’on souhaite que cela cesse, il va falloir prendre des dispositions pour lutter contre l’insécurité, améliorer les transports. Pour l’instant, on ne voit rien, à part une situation qui, chaque jour, est de moins en moins correcte.

Sébastien Chenu et Xavier Bertrand débat régionales
Xavier Bertrand (Président sortant), et Sébastien Chenu (RN) au Palais des Beaux Arts de Lille le 2 juin 2021, lors du débat du premier tour. © Célia Consolini

Que faut-il retenir de l’abstention très forte de dimanche ? Comment lutter contre cette dernière ? 

Dimanche il n’y a pas eu de gagnant. Ou plutôt, le seul gagnant, c’est l’abstention. Ce désastre démocratique en dit long sur la santé démocratique de notre pays. Les Français ne se sont pas mobilisés, probablement parce qu’ils étaient mal informés ou peu intéressés, considérant qu’on ne peut pas changer leur vie. Je pense qu’il est important de penser au mode de fonctionnement des élections, important de remettre en place la proportionelle, important de redonner du sens. En fait, on se déplace, mais seulement si l’on trouve un sens à l’élection pour laquelle on se déplace. Ce sens a manqué profondément, et je pense que cela doit toucher et interpeller tous les politiques.

Êtes-vous confiant pour le second tour ? Une moindre abstention pourrait-elle faire basculer les scores, et en votre faveur ?

Oui, bien sûr. Parce-que quand vous avez 67% d’abstention, c’est énorme, et cela veut dire qu’il y a une réserve d’électeurs à mobiliser. Tous ne seront peut-être pas mobilisés pour le second tour, mais si vous en mobilisez 25 ou 30%, cela change toutes les données et tous les équilibres électoraux.

Aujourd’hui, quelle est la priorité pour la région ? 

La priorité, ce sont les habitants qui en décident. Quand, dans des études, les habitants disent que leur priorité est la lutte contre l’insécurité, puis le chômage et la santé, cela doit aussi être la priorité des élus et des candidats. Malheureusement, nous n’avons rien vu dans la région des Hauts-de-France sur la sécurité, c’est un chapitre qui n’a pas été ouvert ; sur l’emploi c’est un échec, nous avons perdu 20.000 emplois industriels dans la région. Ces deux sujets prioritaires sont un échec pour les sortants, et c’est pour cela que je dis aux électeurs du Rassemblement National de se mobiliser s’ils ne veulent pas subir à nouveau les mêmes politiques et les mêmes absences de résultats.

On entend beaucoup que la sécurité n’est pas une compétence de la région. Que répondez-vous à cela ?

La sécurité est une compétence de la région en ce qui concerne les transports et les lycées. Et puis à partir du moment où la région vient aider des communes, et peut mettre en place des politiques de soutien aux communes, elle peut ouvrir des chapitres de sécurité pour les aider. Les équipements, les brigades de police, la vidéoprotection… Tout cela sont des possibilités, encore faut-il les saisir. Xavier Bertrand a choisi de ne pas s’occuper de ces sujets-là, je fais le choix inverse.

Avez-vous un dernier mot pour les électeurs ?

J’ai envie de leur dire que voter est un droit, mais c’est aussi un devoir. Et les Français sont très attachés à ce droit et à ce devoir. Je leur dit qu’il faut se mobiliser, car s’ils ne se mobilisent pas, alors ce seront les sortants, et le système en place qui vont tirer le bénéfice de l’abstention. Ils se frottent les mains, Macron et Bertrand, qu’il n’y ait pas beaucoup d’électeurs. Donc je dis aux électeurs, qu’ils soient jeunes, ouvriers, employés, de toute cette France qui a besoin de se faire entendre, ne vous laissez pas voler votre victoire.

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