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Le dernier mot – Martine Aubry : « Je sais où je vais, et j’y vais avec le maximum de Lilloises et de Lillois »

Le dernier mot – Martine Aubry : « Je sais où je vais, et j’y vais avec le maximum de Lilloises et de Lillois »

Martine Aubry municipales

À quelques jours du second tour des élections municipales à Lille, l’édile socialiste sortante Martine Aubry s’est adressée une dernière fois à la presse, et spécifiquement au Pépère News sur certains thèmes. L’occasion de revenir sur cette campagne électorale bien différente de celles déjà vécues par l’actuelle maire lilloise.

C’est lors d’une conférence de presse au Quartier Libre que Martine Aubry et son équipe ont refait surface dans les municipales lilloises, interrompues par la crise sanitaire du Covid-19 face à laquelle la maire de Lille a dû faire face. Cette situation inédite a donné à la course au beffroi un caractère unique faisant d’elle la « campagne la plus dure » pour M. Aubry, à la tête de la politique lilloise depuis le 25 mars 2001. En passant par la crise sanitaire, sa campagne et son programme, la tête de liste de « Lille en commun, Lille en confiance » revient une ultime fois sur ces élections municipales qui vont enfin connaître leur aboutissement.

Une piqûre de rappel en temps de crise

« Un mot tout d’abord pour vous dire que nous n’avons pas eu besoin de changer notre projet au regard de la crise. » Dès le début de la conférence, le ton est donné. Martine Aubry ne se sent pas affaiblie par des mois de campagne et de débats car, dans le monde d’après, son programme est « conforté, validé ». La maire met un point d’honneur à rappeler que son programme est le seul, avec celui de la France Insoumise, à avoir parlé dès le début des « problèmes essentiels : l’emploi et la santé ».

Au Quartier Libre, Martine AUbry et son équipe sont revenus une ultime fois sur le programme de la candidate socialiste © Hugo Palacin
Au Quartier Libre, Martine Aubry et les membres de son équipe sont revenus une ultime fois sur le programme de la candidate socialiste. Un tour de parole de son équipe s’est effectué par la suite. © Hugo Palacin

Selon elle, bien que certains évoquent l’idée de lien social et de lutte contre les inégalités, seul son programme concrétise cette lutte en un réel projet. « Tout le monde nous parle de cette formidable solidarité sociale dans les quartiers, mais qui l’oublie dans les projets ? Certainement pas nous. Oui, la ville de Lille dispose d’un grand nombre d’acteurs sociaux et c’est formidable. Mais il y a encore beaucoup de gens mis à l’écart et il va falloir faire un effort pour qu’ils rentrent dans le mouvement de cette ville si particulière par sa diversité : l’action doit être menée de partout. » Une piqûre de rappel donc de son projet, dans lequel la liste socialiste trouve plus d’un écho aux enjeux qui vont suivre la pandémie.

« Pour être maire il faut de la compétence, de l’engagement et du travail, et il en faudra encore plus dans la crise économique dans laquelle nous sommes déjà » – Martine Aubry, maire sortante, candidate à sa réélection

Lors du rappel de ses grandes mesures, Martine Aubry le martèle : « Nous voulons une ville solidaire et inclusive. » En passant par la question du logement, de la transition écologique, de l’éducation, du sport, de la culture, de la santé ou de l’emploi, la candidate revient sur ses propositions en faisant un parallèle avec son idée de « Lille de demain ». Concernant la jeunesse, la maire sortante a rappelé la mise en place de la Garantie Jeune pour 5.000 jeunes et compte en recréer 5.000 autres pour le mandat qui vient. Quant au Service Civique, M. Aubry rappelle que la ville de Lille en a connu 1.900, faisant de Lille la plus grande porteuse de Service Civique en France, et souhaite atteindre les 3.000 propositions lors de son prochain mandat. Enfin, la candidate a évoqué le « circuit-court » – l’organisation de rencontres entre des professionnels et des étudiants pour permettre aux plus jeunes d’accéder à des stages ou des emplois – qui a permis de faire embaucher 3.000 jeunes en CDD pour six mois ou en CDI.

« Je préfère parler de concurrents que d’adversaires »

Mais M. Aubry n’a pas parlé que de son futur projet. La candidate est également revenue sur une campagne commencée fin 2019. « Le 28 juin, il s’agira d’un second tour d’une campagne bien longue. Je me permets de faire un rappel de ce qu’est une campagne municipale, parce que lorsque l’on regarde le climat de ce second tour, avec ces concurrents, on a l’impression que l’on n’est pas dans un débat démocratique, ce que ça devrait pourtant être. Dans cette campagne on préfère les contre-vérités et les attaques personnelles. »

« J’en suis navrée pour les Lillois et la politique. Ça ne me touche pas mais ça m’attriste : à Lille on a toujours su tenir des combats sur le fond mais ici, ça me paraît extrêmement difficile. » – Martine Aubry

Le matin même, Jean-René Lecerf, président du conseil départemental du Nord, a apporté son soutien à la maire sortante. L’occasion pour elle de réitérer son appel à un rassemblement de la gauche à ses côtés. Lors d’un tour non exhaustif de ses mesures, M. Aubry en profite pour rappeler que derrière elle se tient un « vrai rassemblement de la gauche et du centre : le parti communiste, des radicaux, le centre et des écologistes ». Mais cette dernière a également pris le temps d’insister : « Je n’ai demandé aucune alliance – j’en ai même refusé – et je ne fais appel à personne si ce n’est aux Lilloises et aux Lillois. » Le temps des ralliements étant arrivé, c’est également Thierry Pauchet qui a appelé à voter pour M.Aubry. Cette dernière explique ainsi que « Thierry Pauchet, dans mon opposition depuis longtemps et qui m’a vu fonctionner durant des années, est choqué qu’on puisse faire preuve d’autant de mauvaise foi et mentir sur mon autoritarisme, faute d’avoir un réel fond lors de ce deuxième tour. »

Martine Aubry © Célia Consolini
Martine Aubry a fait un retour sur une « campagne des idées », à l’image de sa conférence de presse du 2 mars 2020. © Célia Consolini

Néanmoins, la candidate nuance. Ces décisions sont hors de ses directives, et si d’autres partis appellent à voter pour elle, c’est parce que les électeurs se retrouvent dans son programme et ses idées « et non parce que je les force ou par dépit ». En prenant en exemple ses opposants, M. Aubry affirme qu’elle n’est pas prête à faire des alliances : « On me reproche d’être de l’ancienne génération, alors je vais garder mes vieilles habitudes. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer et m’asseoir sur les valeurs qui sont les miennes. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais faire des petits arrangements, preuve de pragmatisme, et changer au gré du vent. »

« Mon inquiétude, c’est l’abstention et seulement l’abstention »

Ce contexte inédit de la crise sanitaire influera forcément sur les résultats du second tour, et la maire en est consciente. Elle a également remarqué que des hommes et femmes politiques ayant l’habitude de travailler avec elle – même dans l’opposition – croient en elle dans cette crise que nous traversons. « Et je me sais soutenue parce que je suis la seule à mêler transition écologique et progrès social, et que je crois en ces valeurs que j’ai exacerbé durant toute la campagne alors que d’autres en occultent certains points. Résultat : des hommes et femmes de l’opposition se retrouvent dans mes idées. Même si nous avons des désaccords, ils savent que je suis capable de travailler dans la concertation et la transparence avec un projet qui tient la route. Et par les temps qui courent, il faut un capitaine du bateau qui sait où il va. »

Débat des municipales 2020 à Lille - 25/02/2020
Martine Aubry et Stephane Baly (EELV), respectivement arrivés 1er et 2eme au premier tour, sont au coude à coude dans le sondage. © Quentin Saison

Questionnée sur la nervosité dont elle a fait preuve depuis la parution du sondage commandé par la Voix du Nord à l’IFOP, la candidate contredit en affirmant que le sondage n’a entraîné aucune inquiétude car « il est tout à fait réel ». Selon elle, ces résultats sont surtout la preuve que les personnes âgées et les catégories populaires continuent à avoir peur et que les mêmes causes qui ont crée un tel taux d’abstention le 15 mars (67% d’abstention) peuvent se reproduire au second tour. « On est dans l’irrationalité, dans la peur, et c’est là qu’est mon inquiétude. Elle n’est pas dans mes concurrents, mais dans la peur des Lillois et les conséquences que leur angoisse aura sur le scrutin de dimanche prochain. »

Après la conférence de presse, le Pépère News a eu l’occasion d’échanger avec la candidate socialiste

Pépère News : Quelle place occuperont les étudiants à Lille si vous êtes élue maire ?

Martine Aubry : Ma priorité, c’est la rentrée et l’emploi. Nous sommes en train de préparer le programme « emploi jeune » qui commencera dès début juillet. J’ai déjà réuni un certain nombre de chefs d’entreprises que les jeunes pourront rejoindre dans des réunions de quartiers ou à Pôle emploi, pour qu’ils discutent de leurs demandes. Et il y a tout ceux qui n’ont pas été acceptés par Parcoursup que je vais prendre en charge. Ce qui importe aussi, c’est la ville : il faut rester attractif. L’année dernière Lille avait été élue « Ville la plus cool de France » et c’est grâce aux jeunes : ils apportent de l’énergie, de la gaieté et de la vie, et à la sortie du Covid on va en avoir besoin. Pour la culture, on continuera à mettre en place des structures à l’image de Fives et Saint-Sauveur dans chaque quartier. À l’heure où l’on parle de racisme, de discrimination, la culture est un lien social indispensable qui nous donne envie de nous retrouver et de partager ensemble. Je veux aussi qu’on continue à promouvoir le sport, y compris le sport individuel, pour être une grande ville sportive : on va essayer de développer une appli qui programmera des balades adaptées aux envies des personnes dans la ville par exemple. On garde également l’idée d’une grande ville universitaire où l’on accompagne les écoles et université. Et enfin, pour moi le jeune de demain c’est celui qu’on aura accompagné dès son plus jeune âge, donc on va continuer de prendre en charge les écoles et d’œuvrer pour l’ouverture des plus jeunes à tout.

Ce sera une désillusion si vous n’êtes pas réélue maire ?

Ça sera une grande tristesse… et je ne sais pas, une drôle d’impression. Il y a eu des campagnes beaucoup plus dures avec la population, comme en 2001 où l’on nous accusait d’oublier les quartiers populaires. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, regardez comment a évolué Lille Sud ! Ça serait donc une grande tristesse parce que j’aurais l’impression que ce n’est pas ce que les Lillois me disent, que le résultat ne sera pas représentatif. Avec l’abstention, on a fait au 1er tour 10% dans des bureaux de vote où on avait des scores de 70%, alors on perd énormément de voix. Mais je ne me mets pas dans cette hypothèse : je ne veux pas y croire, parce que ce n’est pas ce que les gens nous disent. [Silence] Non, je ne veux pas y croire.

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