Le remboursement des abonnements Ilévia, une bataille haletante
Le 6 février dernier, la France Insoumise a invité les étudiants à manifester devant l’agence Ilévia de la Gare Lille Flandres à Lille. Le rassemblement d’une trentaine de minutes aura permis aux jeunes engagés et syndiqués, accompagnés de politiques, de demander le remboursement des abonnements de la société de transport de la métropole lilloise. Les militants n’ont aujourd’hui pas cessé de se mobiliser pour améliorer la situation. Retour sur cette affaire haletante.
Malgré de nombreux refus de la part du conseil métropolitain, les manifestants ont eu à cœur de suivre la célèbre expression qui dit “qui ne tente rien n’a rien”. C’est à travers un mégaphone qu’ils ont fait entendre leur voix. Le but recherché de cette action était le remboursement des titres de transport pour tous les étudiants. En effet, lors du second confinement, une bonne partie des jeunes sont restés chez leurs parents et n’ont donc pas emprunté les transports en commun. Adrien Quatennens, député LFI de la première circonscription du Nord, explique qu’un étudiant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France : “Ce n’est pas normal que des jeunes souffrent de devoir payer un service qu’ils n’ont pas utilisé.”
Rembourser le Pass Ilévia
La volonté est claire, obtenir la suspension des abonnements et le remboursement rétroactif. “Pass pass rembourse les étudiants” et “Étudiant précaire, transport trop cher”, clame Étienne, adhérent aux Jeunes Insoumis du Nord. L’étudiant met en lumière la difficulté pour les jeunes ayant perdu leur emploi depuis le début de la crise sanitaire, de payer un abonnement de transport. Selon lui, alors que trois quarts des étudiants sont en difficulté, payer des titres de transport n’est pas la priorité quand il s’agit de “manger ou voyager”. Il revendique plus d’aides de l’État pour pallier ces problèmes grandissants. Élodie, étudiante en master 2 de Sciences Politiques à Lille 2, ajoute que le gouvernement met “trop de poudre aux yeux” avec des mesures telles que le repas des restaurants universitaires à un euro ou les chèques psy.
Patrick Proisy, le maire LFI de la ville de Faches-Thumesnil, ajoute également que “ce n’est pas normal que les étudiants subissent le coût des cours en distanciel, ces jeunes sont l’avenir du pays. La France ne peut pas tolérer ça !”
Une réponse politique
Le 12 février, le président de la Métropole européenne de Lille, Damien Castelain, a annoncé sur Twitter que l’abonnement Ilévia allait être remboursé aux étudiants. Mais le lendemain, le collectif des Usagers des transports de la MEL a précisé qu’il s’agissait uniquement des abonnements totalement inutilisés. De plus, il a été indiqué que les modalités de remboursement ne seraient connues que le 9 mars. Un mois d’angoisse et d’interrogation pour les politiques et les étudiants.
Étudiants métropolitains, vous êtes les premiers touchés par cette crise inédite. Je vous ai entendu. En conséquent, la @MEL_Lille va rembourser les abonnements #ilevia 10 mois, annuels et permanents non utilisés sur la période novembre 2020 à mars 2021. ⤵️ pic.twitter.com/72ldHc4AaW
— Damien Castelain (@DamienCastelain) February 12, 2021
Stéphane Baly, conseiller métropolitain et municipal membre d’EELV, salue cette décision mais se questionne grandement sur les conditions d’éligibilité de ce remboursement. Ainsi, il s’étonne que “les jeunes de moins de 25 ans ayant utilisé seulement une fois dans le mois leur abonnement n’ont pas le droit à cette faveur”. Il insiste sur le fait que “les étudiants traversent une crise sociale sans précédent”. Une action des pouvoirs publics est alors indispensable. Quant aux Jeunes Communistes, rassemblés le 16 février dans le hall de Lille 3 pour faire signer une pétition sur la situation alarmante des étudiants, ils s’inquiètent sur le fait que ce remboursement ne soit pas pour tout le monde. Alice Labro-Terrier, étudiante en Sciences Politiques et également en L3 à l’Académie ESJ Lille, milite pour une gratuité des transports. Bien plus qu’un remboursement qu’ils jugent “insuffisant”, les Jeunes Communistes du Nord se basent sur le modèle de transports gratuits à Dunkerque ou à Châteauroux pour normaliser les transports.
Des revendications engagées
Le 17 février, un collectif d’élus politiques locaux et de syndicalistes de gauche signent une tribune, publiée dans le Pépère News, appelant Ilévia à rembourser tous les jeunes sans exception. Le 18 février arrive finalement dans toutes les boîtes mails des étudiants titulaires d’un abonnement longue durée un message expliquant qu’ils pourront bénéficier d’un remboursement exceptionnel, uniquement pour les mois où ils n’auront pas usé de leur titre de transport. Cela sera-t-il suffisant pour les militants politiques et syndicaux ?
Réponse le 19 février, au Conseil de la Métropole Lilloise. Suite à l’intervention du groupe de la France Insoumise, le sujet du remboursement des titres de transports non utilisés a bien été pris en compte par le corps politique. Le président du Conseil, Damien Castelain, a affirmé qu’un groupe de travail était en place pour réfléchir sur ces questions.