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Le rugby tourquennois dans la tourmente de la crise sanitaire

Le rugby tourquennois dans la tourmente de la crise sanitaire

Crise sanitaire, confinement, reprise, avenir. Quatre mots qui continuent de rythmer la vie du club amateur de rugby de Tourcoing, le rugby olympique club Tourcoing (ROCT). Entre rétrospectives et suppositions, tour d’horizon d’une année écoulée et projection vers des lendemains espérés meilleurs.

Julie Lefèvre, 18 ans, joueuse en deuxième ligne chez les cadettes, Marion Mailly, 31 ans, même position chez les séniors et Thierry Fricheteau, président. Trois acteurs du club tourquennois qui, à travers leur regard et leurs mots, nous serviront de fil rouge. 

Une saison plaquée par le confinement

« Brutalement », c’est ainsi que la saison s’interrompt, d’après le président et les deux joueuses. En effet, à l’annonce du confinement, les équipes du ROCT, pourtant bien placées dans leur championnat, sont contraintes à l’arrêt. Premières au classement provisoire du championnat des Hauts-de-France, les cadettes en payent le prix fort : « notre objectif était de gagner la finale et de participer aux inter-ligues » témoigne Julie avant d’ajouter :  « on était très déçues parce qu’on voulait rencontrer de nouvelles équipes ». Côté séniors, Marion juge « frustrant » d’arrêter ainsi la compétition alors qu’elle et son équipe faisaient l’expérience du rugby à 15. C’est donc à contre-cœur que le complexe ferme ses portes, à la suite des décisions gouvernementales. 

Pour garder les troupes motivées, Thierry Fricheteau et son comité directeur mettent un point d’honneur à informer régulièrement les dirigeants, joueuses, joueurs et parents sur la fin de la saison. « Le club nous unit, il doit rester permanent dans nos esprits » affirme-t-il. Mais face à un confinement qui joue les prolongations, événements organisés et compétitions doivent être repensés. 

Pour poursuivre la préparation, les entraîneurs envoient quotidiennement des programmes de maintien en forme à leurs catégories, enrichis par des instructions de la Fédération française de rugby (FFR). À cela s’ajoutent des exercices collectifs en visioconférence, une à deux fois par semaine. Une bonne initiative selon Julie :  « grâce au coach qui était toujours derrière notre dos, on a réussi à se motiver et la reprise a été plus simple ». Marion, elle, souffre du manque de contact social « heureusement qu’on avait les réseaux sociaux ». Ce qui la motive : la reprise du championnat avec sa filleule du rugby, Julie :(système de parrainage instauré entre séniores et cadettes, ndlr)  « on s’était dit que cette année on se motivait à deux ». 

Julie / ROCT
Julie au coeur de l’action. © Facebook ROCT

Reprendre à l’heure de la Covid 

La reprise, on ne peut plus attendue, suscite une vague de motivation chez les joueuses. « On se dit qu’à n’importe quel moment on peut se retrouver enfermées chez soi. Il faut profiter de chaque entraînement, chaque match, chaque conseil des coachs. Mon seul souhait est de ne pas attraper le virus, de ne pas devoir arrêter les entraînements », témoigne Julie. Si la réouverture du stade a été rapide, la préparation de cette rentrée est orchestrée depuis avril. « On fait partie des 5% des clubs qui ont pu rouvrir le 8 juin, conformément au plan de reprise instauré par la FFR et des mesures extrêmement strictes qui avaient été mises en place », précise le président

Pour n’en citer que quelques-unes : balisage sur tout le site, jauge maximum de neuf joueurs sur le terrain, entraînement sans ballon de 45 minutes, autodiagnostic, aucune touche, distance de dix mètres d’écart entre les joueurs et port du masque obligatoire en dehors du terrain. C’est à ce prix que les entraînements ont pu reprendre pour toutes les catégories. À cela s’ajoute la nomination d’un « Covid-manager club » chargé de veiller au respect des règles sanitaires. Un protocole qui peut paraître encore plus contraignant pour les plus petits, ce à quoi Thierry Fricheteau répond « c’est vrai pour les enfants mais aussi pour les autres, ce n’est qu’une question de volonté ».

Un avenir incertain

Depuis septembre, un « rugby classique » avec l’adoucissement des mesures sanitaires se met en place, en suivant le protocole de réathlétisation en sept étapes établi par la FFR. Et la suite ? Une question qui résonne en permanence dans les esprits de tous les sportifs, comme une épée de Damoclès qui rappelle à chaque instant que la situation ne tient qu’à un fil. Pour le ROCT tout a bien failli basculer il y a quelques semaines lorsqu’un cas suspect est révélé chez les garçons. L’ Agence régionale de santé (ARS)  est aussitôt sollicitée, « la personne a été isolée, un entraînement a même été annulé », précise le président. Finalement,  une fausse alerte, le test est négatif. Comme pour rappeler la fébrilité de cette nouvelle saison qui s’offre à tous.

Une saison, que tous veulent entrevoir avec espoir. Marion manifeste une motivation décuplée :  » tout le monde est à fond dans les entraînements, c’est motivant. Je pense qu’on va faire une meilleure saison que l’année dernière, c’est bien parti”. Pour les séniores, le début de la saison est tout proche. Le premier rendez-vous est fixé au 4 octobre pour le premier match du championnat régional. Concernant les cadettes, la situation est plus délicate, deux obstacles obstruent encore le chemin. Elles n’ont pas, pour l’heure, réussi à former une équipe complète de dix joueuses. Julie garde néanmoins le cap : « On essaie de recruter à fond, mais beaucoup de filles ne veulent pas s’engager puisqu’elles ne savent pas si elles vont pouvoir jouer toute la saison. » Elle finit sur une note d’espérance :  « On souhaite que ça ne s’arrête pas. »

Marion / ROCT
Marion résistant aux assauts de ses adversaires. © Marie Bouquilion

Avec quelles conséquences ?

Thierry Fricheteau répond avec franchise et pragmatisme : « Je n’ai pas de boule de cristal ». Pour lui, le principal frein actuel à la pratique du rugby en compétition est l’accès aux vestiaires. « Aujourd’hui, il n’y a pas plus de 30% des villes qui autorisent l’accès aux vestiaires aux clubs de rugby et qui en assurent la désinfection. Concernant Tourcoing, j’ai décidé d’acheter des bombes de désinfection. C’est une dépense très chère que le club assume ». Pour lui, la suite de la saison est donc dépendante de l’accès aux infrastructures sportives. Il finit à propos de la propagation du virus : « là-dessus, on ne maîtrise rien »

À l’heure actuelle, une seule dimension reste limpide, celle de l’impact économique de la crise sanitaire sur la structure tourquennoise. Le président n’hésite pas : « C’est énorme ! On a perdu de 18% à 20% du budget prévisionnel”. D’avril à juin, le club accueille effectivement un tournoi international jeune avec « entre 750 et 800 jeunes joueurs sur un week-end, qui viennent de région parisienne, des Hauts-de-France et même des Hollandais, des Anglais ou des Belges », mais aussi des tournois inter-entreprises.

Les phases finales de chaque championnats ou les fêtes du club complètent la liste des événements annulés et autant de recettes perdues. Toutefois, « la fédération a fait un geste gigantesque ». L’instance a décidé de ne pas prélever la partie qu’elle s’octroie en temps normal sur le coût de chaque licence. Le président reconnaît que « La FFR a soutenu l’ensemble des clubs d’un point de vue sportif et financier. Elle nous a beaucoup épaulés”. 

Mais l’envie de courir, ballon ovale à la main semble plus forte que le virus. “Je n’ai pas le sentiment que la crise aura d’impact sur le nombre de licenciés », affirme le président. De quoi entrevoir le bout du tunnel. 

Crédits photos : Marie Bouquillion
Auteurs : Laure Sevrin et Damian Cornette

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