Législatives. Interview avec Thomas Fabre, candidat de la droite et du centre à la première circonscription du Nord
Le Pépère News a suivi Thomas Fabre, le candidat du centre et de la droite à la première circonscription du Nord pendant une matinée de campagne. Il a accepté de répondre au Pépère sur la formation et l’écologie.
Pépère News : Que promettez-vous au million et demi de jeunes qui sont aujourd’hui sans emploi, sans études, et sans formation ?
Thomas Fabre : Je suis enseignant à l’Université de Lille, en AES. Il y a plein de gens qui sont dans cette formation, qui ne savent pas pourquoi ils sont là. Cette formation n’est pas adaptée à leurs besoins. Comment faire en sorte que chaque jeune puisse avoir son projet ? Comment peut-on accompagner les jeunes vers les métiers en tension ? À un moment, il faut choisir entre les laisser seuls dans la fosse aux lions ou les accompagner. Il faut les rencontrer le plus possible, aller dans les établissements et leur demander : « de quoi avez-vous envie ? ». Mais ce n’est pas leur dire, « toi tu n’es pas très bon, tu iras dans une filière technique ». Il faut demander à chaque jeune quel est le projet qui l’intéresse le plus, pour qu’on l’aide à le faire. Je vois beaucoup trop de gens à la fac qui sont là mais sans savoir pourquoi. La solution pour moi : les stages et l’accompagnement personnalisé. Avec Parcoursup, il y a une logique où l’on tourne le moulinet et l’on voit ce qui ressort sans se poser la question de ce que les gens veulent vraiment faire. Il y a un problème d’information. Il faut rencontrer les jeunes et leur dire : « voilà les formations qui existent ». Aujourd’hui, on envoie tous les jeunes à la fac, et je pense que ça n’est pas la bonne solution. Il faut faire mieux connaître tous les choix qui existent.
Plus d’accompagnement, est-ce que cela signifie plus d’investissements dans l’éducation ?
Il faut absolument que l’État mette les moyens pour sensibiliser et accompagner les jeunes, en leur disant quels sont les métiers qui recrutent. Il y avait une proposition portée par Valérie Pécresse qui était intéressante, qui était de donner à chaque jeune qui va se former dans un métier en tension 670 euros par mois.
Cela reste bien en dessous du seuil de pauvreté…
Il y a des bourses pour ça, d’autres revenus. L’objectif de la mesure n’est pas de donner aux jeunes un revenu qui leur permette de vivre, elle est de dire, « si toi tu fais l’effort de te former dans un métier en tension, l’État va t’accompagner ». L’État met une pierre, on ne peut pas vivre avec 670 euros mais c’est une incitation.
Pensez-vous qu’il faille créer plus de places à l’université ?
Il faut créer plus de places là où il y a des formations en tension et mieux sensibiliser les jeunes sur celles qui n’ont pas de débouchés. Je vois bien ça en AES, ceux qui voulaient faire STAPS et se retrouvent à faire du droit constitutionnel. À la fin, ils finissent où ? Nulle part. Il faut absolument renforcer l’individualisation et la sensibilisation. Il y a un vrai problème de rencontre entre l’offre et la demande. Il y a des études très intéressantes qui sont menées sur les métiers en tension aujourd’hui, qui viennent aussi des entreprises. C’est un travail à mener surtout avec les partenaires sociaux, car ce sont eux qui font le lien.
Quel est votre programme écologique ?
Moi, je suis à fond sur les thèses de Jean-Marc Jancovici (un ingénieur et activiste écologiste, favorable à l’énergie nucléaire et à la décroissance, NDLR). J’ai lu ses livres, c’est super intéressant. Je suis pour une écologie responsable, de sensibilisation. Prenez l’ONG française Gaz Carbone, qui a recensé les dix actions les plus fortes à mettre en place pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Quatre d’entre elles peuvent être faites de manière individuelle. On avait mené une proposition de loi avec le sénateur Henno pour qui je travaille : donner à tous les décideurs locaux un résumé du rapport du GIEC. Il faut le résumer le plus possible, et le rendre accessible. Le vrai enjeu, c’est la sensibilisation, je suis contre l’écologie punitive. Notre objectif, c’est, en 2040, d’avoir une électricité 100% décarbonée, grâce notamment au nucléaire, une énergie qui rejette peu de CO2.
Mais est-ce que demander aux individus de prendre en charge l’urgence écologique n’occulte pas aussi la responsabilité de l’État, et des entreprises qui polluent ?
Mener une action individuelle, c’est une forme de politisation. C’est s’engager pour la société. Aujourd’hui, l’écologie, tout le monde y est sensible. Je ne crois pas à l’écologie punitive, on ne peut pas imposer ce modèle-là. Comme sur d’autres sujets, le rôle de la politique, c’est de rassembler. Je pense que les gens en sont pleinement conscients, ils reprochent même à l’État son impuissance. Aujourd’hui, il y a un jeune sur deux qui ne croit pas en l’État, parce qu’il ne répond pas aux grands enjeux, comme les inégalités et le réchauffement climatique. Il y a une demande, mais ça ne passe pas par la sanction mais par l’accompagnement. Le rôle du consommateur est très important, c’est à l’État de le sensibiliser, et de mener des politiques publiques efficaces.
Cette écologie »incitative » ne bute-t-elle pas sur l’incompatibilité entre les intérêts de certaines entreprises, qui gagnent de l’argent tout en polluant énormément, et l’intérêt général ?
Je pense qu’il y a plein d’entreprises aujourd’hui qui sont écoresponsables, qui sont rentables grâce à ça. Aujourd’hui, c’est un argument de vente prépondérant. Prenez Nutella par exemple. Ils ont dû communiquer pour dire « regardez, on respecte l’environnement ».
Mais est-ce que ce n’est pas du »greenwashing » ? Pour l’instant, la France est très loin de ses objectifs…
Je pense honnêtement qu’il y a beaucoup qui est fait. Sans doute qu’on devrait aller plus loin, mais en même temps, on avance dans la bonne direction. Le rôle de l’État, c’est de montrer la voie. Pour atteindre nos objectifs, il faudrait une rupture de notre modèle économique, qui ne pourra se faire que si les gens l’acceptent.