Les 4 moments marquants du grand débat des régionales organisé par France 3 Hauts-de-France
Mercredi soir, France 3 Hauts-De-France organisait un grand débat entre les sept candidats en course pour les régionales dans les Hauts de France. L’arène : le palais des Beaux-Arts de Lille. Et à cadre d’exception, débat farouche. À dix-huit jours du premier tour, la tension devient crispante. Retour sur quatre temps marquants de la soirée.
Des propositions plein la tête, des objections plein la bouche, les sept prétendants se tiennent en arc de cercle en direct de l’atrium du palais. Le débat s’amorce par une photo. Moment figé pour illustrer chaque projet. Un sondage lance une bataille acharnée. Il donne Xavier Bertrand, président sortant, gagnant. De quoi électriser les échanges. Le débat se conclut par une carte blanche. Face caméra, leurs yeux dans les nôtres, les candidats en lice tentent l’ultime persuasion.
Dans l’intervalle, un débat houleux se déploie autour de cinq thèmes : la santé, l’emploi, la sécurité, les transports et la jeunesse. Autant de terrains de discordes. Au casting régional : une Karima Delli combative, un Xavier Bertrand sur la défensive, un Sébastien Chenu assuré, un Laurent Pietraszewski avocat du gouvernement, un Eric Pecqueur ambassadeur des travailleurs, un José Evrard têtu et un Audric Alexandre un peu perdu.
Le procès d’un seul homme
Un contre six. C’est le rapport de force qui s’est installé dans l’arène des Beaux-Arts mercredi soir. Tous acculent le président sortant. Chiffres et témoignages à l’appui, les indicateurs sont au rouge. Objection votre honneur ! Xavier Bertrand nie en bloc. Sûr de lui, il invite les téléspectateurs à suivre ses réseaux sociaux, où selon lui la vérité sera rétablie. Laurent Pietraszewski contre-attaque ironiquement : “Chacun vérifiera sur internet qui a signé les accords de Calais.”
Xavier Bertrand hoche frénétiquement la tête de gauche à droite, à mesure que ses concurrents s’expriment. Face aux accusations, il veut “remettre les pendules à l’heure”. Il défend le dispositif Proche Emploi, lui qui avait promis de remettre la région au travail. Xavier Bertrand est déterminé, dans ce qui ressemble à un galop d’essai à un an du débat présidentiel.
Xavier Bertrand porte plainte contre Sébastien Chenu
Face au torrent d’accusations, Xavier Bertrand riposte. La contre-offensive prend une allure de procès. Le Rassemblement National, adversaire le plus féroce, n’est qu’à une poignée de points d’écart dans les sondages. Xavier Bertrand annonce qu’il porte plainte contre le RN pour propos mensongers. Sa stratégie : diaboliser l’ennemi. Il déclare ainsi : “Moi, je ne confonds pas les musulmans et les islamistes.” Le temps est à l’orage entre les deux ténors de la droite.
Sébastien Chenu tire néanmoins son épingle du jeu. La popularité confortée, il a le vent en poupe. Il s’exprime déjà comme le futur patron de la région. Discours posé, explications claires, piques bien senties. Il veut arrondir les angles. L’enjeu : dédiaboliser le RN, prouver qu’il peut être le représentant de tous. Il déclare : “Certains sont obsédés par l’idée de faire barrage au Front National, je suis obsédé par l’idée de vous protéger.”
Un euro pointé
Karima Delli interpelle tout en symbole. Elle tend une pièce à Xavier Bertrand. La région a dépensé moins d’un euro par habitant pour la santé pendant sa mandature. L’écologiste, seule femme dans la course, se défend bec et ongles. Quand elle prend la parole, “le combat de coqs, c’est terminé”. Combative, vindicative, la Tourquennoise a l’impatience malicieuse. Karima Delli endosse le ton grave des grandes oratrices, mais s’emballe parfois à en perdre son français. Féroce, elle revient à la charge à chaque inexactitude.
Le débat s’éternise sur la sécurité, compétence qui ne relève pas de la région. À la même heure, le thème de l’environnement est évacué par manque de temps, comme passé à la trappe. De quoi desservir la tête d’affiche verte de l’Union de la gauche.
La loi du plus fort
Le respect du temps de parole laisse à désirer. Audric Alexandre (Pour une France fédérale) lance ironiquement : “Je crois que j’ai un petit peu de retard dans mon temps de parole, non ?” José Evrard (Debout la France) dénonce une dépendance européenne délétère. Eric Pecqueur (Lutte Ouvrière) accuse le système capitaliste de tous les maux. Au-delà d’un projet pour la région, il appelle les travailleurs à la révolte. Au vu du temps de parole et des sondages, le fossé est net entre les grosses et les petites têtes de liste.
Laurent Pietraszewski est à la frontière entre les deux. Avocat du gouvernement ou de son propre projet ? Sa voix balance. Crédité de 10% d’intention de vote dans les sondages, il est à un cheveu de passer au second tour. Que fera-t-il alors ? Se retirera-t-il pour faire barrage au RN ? C’est ce qu’il a laissé entendre : “Nous ne sommes pas en train de favoriser quoi que ce soit d’autre que l’émergence du grand front républicain.” Son rôle de pivot s’annonce déterminant.
Un ennemi commun demeure : l’abstention. Rendez-vous le 24 juin pour suivre la course à la région lors du débat d’entre-deux tours.