Les confidences de Louis Arthur dans son journal intime de confinement
Depuis un mois et demi, le comédien roubaisien Frédéric Sallé – alias Louis Arthur – publie chaque semaine sur son site internet et son compte Instagram un chapitre de son journal intime de confinement, Confidence pour confidence. Mêlant pop culture, émotions et auto-dérision, il reprend les contours de son spectacle, interrompu par la pandémie. Le succès que rencontre ce format lui donne des idées pour son retour sur scène. Le Pépère News l’a joint par téléphone.
Pépère News : Avais-tu l’habitude de tenir un journal intime ?
Louis Arthur : Pas du tout, c’est venu naturellement. Avant le confinement, nous étions en répétition avec ma metteuse en scène, Caroline Mansard. J’étais invité sur plusieurs plateaux de comedy clubs où je devais présenter des textes inédits. Le confinement a coupé cette dynamique. C’est vraiment le travail d’écriture qui m’a manqué. Un peu comme tout le monde, je me suis demandé ce que je pouvais bien faire et j’ai eu cette idée d’articles hebdomadaires.
PN : Ce sont plutôt des articles ou des chroniques, quelle appellation préfères-tu ?
LA : La première semaine, je me suis replongé dans ma bibliothèque. J’ai relu les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin, des chroniques journalistiques qui sont devenues un livre, puis des livres, et aujourd’hui une série Netflix. J’ai également regardé Sex and the City, une série que j’aime beaucoup et qui prend aussi la forme de chroniques. Donc oui, le terme « chroniques » me convient parfaitement.
PN : Ce journal est-il la continuité de ton spectacle, L’Amoureux solitaire ?
LA : La première a été publiée de façon tout à fait spontanée, sans calcul, sans vouloir faire de promo. J’aime vraiment bien le format du journal intime, son côté fiction. On se demande ce qui relève de la vérité ou pas. C’est un journal intime de confinement qui se veut drôle, tendre, intergénérationnel et réconfortant. On y retrouve toujours ce qui me caractérise sur scène : la tendresse, l’émotion, la dérision, des références à la pop culture… J’aborde les angoisses, les questionnements, le rapport à soi en cette période compliquée. D’habitude, je doute en permanence. Le confinement est une période encore plus auto-centrée donc je doute encore plus.
« Les gens me partagent leurs propres anecdotes. » – Louis Arthur
PN : La pop culture : le cinéma, la littérature… et la musique ?
LA : J’écoute toujours toujours de la musique, ça doit être un enfer de vivre avec moi. En ce moment, j’écoute l’album posthume du rappeur Mac Miller et le dernier album de The Strokes. Pour écrire l’épisode 5, j’ai écouté au moins 45 fois en boucle « Never Ever » des All Saints, ça a dû être un enfer pour mon chéri.
PN : Tu écrivais pour jouer sur scène, à présent, tu écris pour être lu…
LA : Mon projet initial était d’écrire pour la scène, mais pour être joué. Je suis monté sur scène un peu par hasard, en suivant les conseils et le succès rencontré en tant que comédien. J’ai d’ailleurs conçu mon spectacle comme quelque chose pouvant être lu. En ce moment, je découvre vraiment le plaisir d’être lu. J’essaye de garder la même routine d’écriture que pour le stand up. Je me fixe une durée d’écriture et je le fais d’une traite.
PN : Est-ce un public fidèle ou nouveau qui suit ce journal intime ?
LA : Ça touche et amuse beaucoup de personnes. Depuis la parution du premier chapitre, j’ai reçu plus d’une centaine de messages et témoignages. Sur Instagram, je suis passé de 240 à 600 abonnés, enfin surtout abonnées. Progressivement, un lien s’est créé avec les personnes qui me suivent et qui me lisent. Il y a une identification des gens aux notions de douceur et de tendresse que je place dans mon personnage. Et puis j’utilise l’humour pour de l’auto-dérision et non de la moquerie. En retour, les gens me partagent leurs propres doutes et anecdotes.
PN : Quel est l’avenir de ce format spécial confinement ?
LA : Un deuxième spectacle est peut-être en train de naître avec ce confinement. C’est en réflexion avec ma metteuse en scène, Caroline Mansard. Le projet est bien avancé, il est quasiment écrit. On le propose aux théâtres. Ce sera quelque chose de plus simple et spontané, sur ma dernière année, sur ce qui m’a poussé à monter sur scène. Ce sera le journal intime de l’année qui vient de s’écouler, autour de mon arrivée dans le stand up avec mon personnage très gauche et maladroit dans un univers très codifié et toujours électrique. J’en ai tiré de nombreuses anecdotes, notamment des décalages entre personnages.
Les cinq premiers chapitres du journal intime de confinement de Louis Arthur, Confidence pour confidence, sont disponibles sur sa page Instagram et son site internet. Afin de vous occuper côté littérature pendant cette période de quarantaine, vous pouvez aussi suivre les conseils lecture de la rédaction du Pépère News.