Les “Jeunes avec Macron” en croisade contre le RN

En pleine campagne pour les élections municipales, les Jeunes avec Macron (JAM) envahissent le Nord. Alors que la majorité présidentielle axe sa stratégie électorale autour de la lutte contre le Rassemblement National, ce choix n’est en rien arbitraire.
L’évènement est national. C’est à Lille que se sont retrouvés, en ce premier week-end de février, les jeunes macronistes de France et de Navarre. Au Grand Palais, l’organisation est minutieuse et, à en croire les bénévoles sur place, stressante. Pourtant, la salle réservée à l’occasion ne paraît pas bien pleine. 400 jeunes y sont réunis, mais personne ou presque n’occupe les rangées du fond. L’ambiance n’en reste pas moins électrique, et les Lillois, Bretons et Bourguignons réunis autour d’En Marche ne manquent pas de faire entendre leur ferveur, à grand renfort de goodies et de huées anti-RN.
Du beau monde et un discours galvanisant

Durant tout le meeting, la même blague, telle un running-gag. “Je fanfaronne moins qu’hier soir… D’ailleurs, vous êtes bien-entendu invités au Smile !” Comprenez-le : les JAM sont jeunes, et quand on est jeune on fait la fête. Une litanie à laquelle rient volontiers les plus anciens. Car il importe de le souligner : le casting est prestigieux. Si Violette Spillebout, candidate au beffroi investie par le parti présidentiel, est évidemment au premier rang, de hauts dignitaires de LaREM ont fait le déplacement. Ambroisse Méjean, secrétaire général des JAM, galvanise ainsi les foules, tandis qu’arrivent Gérald Darmanin, Julien Denormandie, Pierre Person ou encore Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat aux retraites.
L’occasion est idéale pour évoquer le rôle des JAM, “forces de proposition” au sein de la majorité parlementaire. Et de rappeler qu’ils sont les politiciens de demain, “les progressistes” qui feront l’avenir de la politique.
“Il reste encore beaucoup à faire sur notre territoire. Il faut remettre en marche notre région !”
– Clémentine Dupuy, étudiante en communication
Mais au-delà de l’auto-congratulation, ça dézingue. On critique Jean-Luc Mélenchon. On reproche aux verts d’être anti-nucléaire. Et bien-entendu, le RN en prend pour son grade, ce “parti politique fondé par un amical d’anciens nazis”.
“Un safari” à Hénin-Beaumont
Mais pour ces jeunes macronistes aux prétentions progressistes, pas question de lutter contre le RN sans l’avoir compris. Dans plusieurs villes du Nord, les JAM ont ainsi organisé des campagnes de porte-à-porte avant le meeting, pour tenter de dialoguer avec les lepenistes. Et sans surprise, à Hénin-Beaumont où 55% des votants soutenaient la liste de Jordan Bardella aux élections européennes, l’initiative ne fait pas consensus. Et Steve Briois, maire RN, de déclarer : “Notre ville n’est pas un safari où l’on vient se montrer et faire des photos auprès de ceux que l’on méprise”. Il est vrai que sur Twitter, les JAM semblaient presque se voir en missionnaires.
"Regardez, ils sont là, ils sont dans les campagnes, dans les villes, sur les réseaux sociaux, les envahisseurs"
Une soixantaine de @JeunesMacron présents à Henin-Beaumont pour véhiculer des messages progressistes dans une ville RN.#ForumJAM2020 #FaceAuRN pic.twitter.com/NwLCz3fy79
— Jeunes avec Macron (@JeunesMacron) February 1, 2020
“Écouter les électeurs RN”, une simple stratégie de communication politique ? Durant la retranscription des témoignages, l’assemblée n’est pas toujours tendre avec les sondés. Durant l’écoute, quelques quolibets moqueurs fusent du public, aussitôt calmés par d’autres jeunes. Faut-il applaudir ou huer ? L’essentiel des gradins finira par applaudir, bien timidement, alors que d’autres conspuent. Et lorsque le clip de campagne des JAM est projeté, affichant quelques images dramatiques d’une Marine Le Pen discourant, la question ne se pose plus : cette campagne est belle et bien orientée contre l’extrême droite. Les jeunes avec Macron, eux, en sont un rouage à part entière.