Les Lillois à la recherche d’un futur perdu
Ce samedi 21 septembre 2019, 2 500 personnes se sont réunies à Lille sur la Grand’ Place pour participer à une marche mondiale. On pouvait y apercevoir étudiants, travailleurs, personnes âgées… Une multitude de visages, tous réunis pour un même combat. Quoique ? Aux habituels slogans climatiques, se sont mêlés les drapeaux syndicalistes, LGBTQ et les gilets jaunes. Tous alliés sous le même mantra : la convergence des luttes.
Des chiffres alarmants
« Habitants de Lille, citoyens, citoyennes, jeunes, vieux, tous pareils, les sept prochains mois seront décisifs ! » scande la représentante de Youth for Climate Lille. Cette marche pour le climat advient en réaction à un constat alarmant. Des chercheurs du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) ont publié, mi-septembre, un rapport indiquant que le réchauffement climatique pourrait atteindre +7°C en 2100. Les manifestants sont inquiets et en colère : « Ce constat-là devrait avoir l’effet d’une bombe ! Mais non, pas le temps, il faut prendre soin de la croissance » crie un organisateur de la marche, sous les approbations des manifestants.
« Quand on se rend compte qu’aujourd’hui 70% des émissions de CO2 sont émises par les entreprises du CAC40, faire pipi sous la douche ça va pas changer grand-chose !«
Pourquoi on marche ?
Cette marche accuse l’inaction des politiques et promeut la nécessité d’agir ensemble pour changer les choses. Chacun fait son maximum pour protéger l’environnement, mais les actions individuelles ne semblent pas suffire, comme le dit Frédérique : « Moi je veux bien, à mon petit niveau, trier mes déchets et faire ce qu’il faut pour l’environnement, mais je ne peux rien faire de plus« . D’autres, comme Fabio, étudiant et militant depuis ses 16 ans, ont un avis plus tranché : « quand on se rend compte qu’aujourd’hui 70% des émissions de CO2 sont émises par les entreprises du CAC40, faire pipi sous la douche ça va pas changer grand-chose !« . Le ton reste le même : les actions individuelles, c’est bien, mais pas suffisant. Il faut une prise de conscience collective et une action politique forte.
Politique et environnement, quel est votre avis ?
Unanimement, on s’esclaffe à la question « trouvez-vous la politique environnementale utile ? ». « Des paroles en l’air » pour un groupe de lycéennes. En effet, cette marche a lieu alors que s’ouvre le premier sommet de la jeunesse à l’ONU. Nombreux sont ceux à qualifier les mesures politiques comme insuffisantes, comme par exemple celles du récent G7. Durant la rencontre des acteurs mondiaux, les Français ont défilé dans la rue, brandissant des portraits d’Emmanuel Macron à l’envers, afin de dénoncer ce que la porte-parole de Youth for Climate Lille appelle des « politiques aussi sourdes qu’obsolètes« . Pour Fabio, l’urgence environnementale et le climat social sont liés : « il y a une nécessité absolue d’agir pour le climat, et en même temps on voit qu’il y a un contexte social qui fait que les gens sont à bout« .
Et le futur, comment on l’imagine ?
Ce qui fait consensus, c’est qu’on ne peut pas continuer dans cette direction : “Il faut vraiment tout changer, prendre un autre virage” dit Frédérique. Plusieurs initiatives sont tout de même proposées. Frédérique demande la gratuité des transports en commun, pour le climat mais aussi en écho aux revendications des Gilets Jaunes : “je vais au travail à pied, mais j’ai ce luxe-là de pouvoir le faire”. Au contraire, Fabio veut un changement radical : “aujourd’hui on n’est plus dans un système démocratique, quand on se rend compte qu’un président est élu en ayant fait campagne six mois en représentant 20% des électeurs. C’est collectivement que le peuple doit répondre à la totalité des questions”.
Avec Jeanne LERICHE.