L’institut pour la photographie met Instagram en PLS
Des selfies ratés de vos parents aux shootings exquis de vos modèles favoris, le 8ème art a envahi nos vies. Tant sur les réseaux sociaux que dans les publicités, la photographie est partout. Et de fait : dans une ère de surconsommation culturelle, l’image est un formidable vecteur d’informations ; une manière banale d’être original, une façon efficace de marquer les esprits. Ça n’est rien de grave ! Mais il est toutefois bon de se rappeler qu’avant d’être un produit, la photo est un art. C’est ce pari que remporte avec brio l’Institut pour la photographie, dans sa toute première collection : “extraORDINAIRE”.
L’Institut pour la photographie : un havre de paix encore en chantier
L’Institut pour la photographie est une initiative de la région Hauts de France et des “Rencontres d’Arles”, un très important festival de photographie. Il s’est donné pour mission d’éduquer à la photographie et de diffuser la culture du medium, tout en participant à la recherche historique, scientifique, artistique de ce dernier et à sa préservation. En somme, l’institut est un projet extrêmement ambitieux autour de la photo, ce qui lui vaut d’ailleurs le soutien de mastodontes du secteur culturel tels que Polka, Fisheye, Le Monde, Konbini ou La Voix du Nord.
Mais à vrai dire, l’Institut pour la photographie n’existe pas encore. Du moins n’a-t-il pas été officiellement inauguré, puisque cette toute première collection, “extraORDINAIRE”, n’est qu’une préfiguration. Ainsi, s’il doit accueillir d’autres artistes au printemps, l’ouverture définitive de l’Institut n’aura lieu que dans deux ans, puisque des travaux doivent encore être effectués. Le lieu n’en reste pas moins, d’ores et déjà, un havre de paix pour photographe. La pièce maîtresse de cette île merveilleuse au milieu du Vieux Lille est sans aucun doute la bibliothèque qui accueille plus d’une centaine d’ouvrages sur la photographie. De l’histoire du medium à ses aspects techniques en passant par sa dimension philosophique, une multitude de manuscrits et vieux grimoires sont gratuitement laissés à disposition du visiteur.
Hommage au vulgus
“extraORDINAIRE” est une exposition assez diversifiée. Le portrait de famille y côtoie la photographie humaniste, l’argentique et le numérique, le vivant et la nature morte. Néanmoins, un fil conducteur se détache : il faut représenter l’ordinaire, le vulgaire. Ainsi, les amateurs de photographie le savent : on ne reste pas insensible face à Lisette Model, Leon Levinstein ou Diane Arbus ; et s’il ne s’agit que des “grands noms” exposés à l’Institut, d’autres photographes plus contemporains y proposent également d’intéressants travaux. C’est le cas de Laura Henno et de sa série “Radical Devotion”, travail en immersion au sein d’une société états-unienne marginalisée en plein désert. S’y succèdent paysages sauvages, scènes humanistes et clichés particulièrement graphiques ; de quoi plaire aux amateurs de photoreportage.
Le quotidien comme art, avant les stories Insta
Au travers de cette exposition, l’Institut pour la photographie accomplit une importante mission, inhérente à notre société. Il offre à qui le veut la possibilité de consommer autrement. Il n’est plus question ici de photographie de masse, d’heures passées à swiper sur Instagram ou Snapchat, mais de quelques tirages, organisés dans un dédale de couloirs, ne demandant qu’à être admirés. Car si la photographie de masse présente bien des intérêts, elle tend à annihiler l’aspect artistique du medium. Or, la photo peut être un art. C’est en fin de compte à cela que pourrait se résumer “extraORDINAIRE” : le quotidien peut servir l’art, et ce bien des années avant les réseaux sociaux.
Pour vous faire votre propre avis…
L’exposition “extraORDINAIRE” est accessible gratuitement, tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi, et ce jusqu’au 15 décembre. Le bâtiment est situé au 11, rue de Thionville, près de la Porte de Gand.