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Man on the Moon III : The Chosen, la renaissance de Kid Cudi

Man on the Moon III : The Chosen, la renaissance de Kid Cudi

Album Man on the Moon III de Kid Cudi.

Kid Cudi a fait son retour dans l’industrie musicale en proposant, vendredi 11 décembre, de clore sa trilogie avec la sortie de son nouvel album : Man on the Moon III : The Chosen.

Dix ans en arrière, alors qu’il sort le second volet de Man on The Moon, Scott Mescudi (sous le nom de Kid Cudi) apporte des touches oniriques et personnelles dans une réalité propre à lui. Avec son album certifié disque d’or en 2012, il rencontre un franc succès. En 2009, il commence sa saga avec le premier album Man on The Moon : The end of the day, avec l’essor du single international Pursuit of Happiness. Après cette attente infinie, qu’en est-il de ce troisième album de la lignée Man on The Moon ?

Une immersion céleste hors du temps

Le rappeur, venu tout droit de Cleveland dans la région du Midwest, apporte une dimension réelle et touche particulièrement une jeunesse morne et pleine de désillusion. Kid Cudi sait déjouer les codes encore une fois et s’avère être la source d’inspiration d’artistes tels que Travis Scott, Kendrick Lamar, ou même Drake. En effet, le MC a très vite compris les messages qu’il souhaitait transmettre à ses auditeurs. Très précurseur en la matière, il mêle dans ses chansons les thématiques de la drogue, de ses problèmes de solitude, de dépression, et des angoisses du quotidien. Ainsi, Kid Cudi n’a pas pour but de catégoriser sa musique dans un rap pur et brut. Sa musique, il l’interprète comme un support expiatoire. Il s’échappe dans ses paroles et ses mélodies, qui lui permettent de se recentrer sur lui-même. Un vécu douloureux se retrouve dans sa lutte perpétuelle pour rester en vie, cette lutte se ressent à travers les différents titres de ses chansons.

Sa trilogie Man on the Moon met en avant cette perte constante de l’artiste dans un vide spatial. Ce dernier se traduit dans des émotions négatives qu’il transmet, et son âme qui s’égare à travers les drogues qu’il consomme. Ses premières phases de dépression et de solitude apparaissent à l’âge de onze ans alors qu’il perd son père. Ravagé par des idées de plus en plus moroses, il décide de se lancer dans la musique. En 2009, lorsqu’il sort Man on the Moon : The end of the day, le premier de la trilogie, on retrouve d’ores et déjà son univers psychédélique dans lequel il nous emmène, parsemé de nuits torturées et de rêves impénétrables.

Une construction d’album audacieuse

Man on the Moon III est divisé en quatre actes. Act 1: Return 2 Madness, Act 2: The Rager, The Menace, Act 3: Heart of Rose Gold et Act 4: Power au sein desquels sont répartis 18 titres. On le retrouve notamment dans des featuring très éclectiques avec Trippie Redd dans la chanson Rockstar Nights, mais aussi avec l’auteure-compositrice-interprète américaine Phoebe Bridgers dans le son mélodieux Lovin’ me. Mais les collaborations ne s’arrêtent pas là puisque le titre Heaven On Earth est produit par le producteur français DST the Danger (notamment connu pour travailler avec Booba, Lacrim, PLK ou Ninho). Cet album s’avère être l’album de la maturité pour Scott Mescudi qui nous révèle des sons qu’il n’avait encore jamais explorés comme dans son feat Show out avec Pop Smoke et Skepta.

Cependant, il reste attaché à cette tradition d’établir un fil rouge cinématographique au travers de ses titres. Il semblerait que cet album représente l’achèvement de ces épreuves douloureuses à répétition. On retrouve ainsi un style qui se veut plus rap que d’habitude, chaque élément se trouve à sa place et n’est pas laissé au hasard dans une fonction évolutive. Chaque titre a une résonnance particulière avec les autres tout au long des quatre actes. Il nous introduit dans son univers en commençant par son titre introductif Beautiful Trip. Ainsi, il commence à poser les fondations de son album. Le premier acte, Return to Madness, commence du premier track en terminant par Dive. On y retrouve le rythme scandé que l’on retrouvait dans ses débuts de carrière. Le deuxième acte, The Rager, The Menace, revient dans les tréfonds de sa vie personnelle. Il exprime un passé encore une fois douloureux et cet acte se révèle lugubre, notamment dans le titre Show out : “All of this evil that’s in my way / I pray to God, we’re over arms.” (“Tout ce mal qui est sur mon chemin / Je prie Dieu, nous sommes au-dessus des bras.”)

Heart of rose gold est l’avant-dernier acte. C’est l’acte de l’expiation dans lequel l’artiste nous montre qu’il a réussi à survivre à ses vieux démons.  C’est la partie la plus poignante, dans laquelle il délivre des émotions puissantes. Le morceau Sept 16 l’illustre très bien : “No, I can’t forget her at all, hauting me / And I’m wishing you were mine, all of me.” (“Non je ne peux pas l’oublier du tout, elle me hante / Et je souhaite que tu sois à moi, tout à moi.”) Et c’est en douceur que se termine cet acte avec Lovin’Me. Dans le dernier acte, Power, Kid Cudi semble s’être définitivement rangé de ses peines et luttes quotidiennes – il fusionne uniquement avec le bonheur de sa musique.

Une pochette reflétant la dualité de l’artiste

Sam Pratt est l’artiste à l’origine de la pochette de l’album. Cet artiste américain n’en est pas à sa première création, puisqu’il a déjà collaboré avec Logic pour la pochette Everybody mais également celle de Modus Vivendi de 070 Shake ou encore Childish Gambino. Cette pochette d’album, lors de sa première apparition, avait pleinement convaincu sur les réseaux sociaux. Cette couverture se veut psychédélique et elle rentre parfaitement dans les thèmes évoqués par les musiques de Kid Kudi. Elle démontre néanmoins cette duplicité, caractéristique fondamentale de l’artiste, que l’on retrouve en permanence, dans cette division de visage en deux. Il s’inscrit ainsi dans la continuité de ses deux albums précédents de la trilogie Man on the Moon.

Que l’on adhère ou non à ce dernier album de la trilogie de l’artiste aux multiples facettes, il faut reconnaître qu’il a su apporter une dimension mystérieuse dans son dernier chapitre. Alors que Kid Cudi s’est imposé dans le domaine du rap dans les années 2010, le virtuose a su démontrer sa polyvalence à la fois musicale et thématique au travers du prisme de sa personnalité tourmentée.

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