Marie-Hélène Lafon explore la face cachée d’une famille dans son nouveau roman “Histoire du fils”
Sorti le 28 août dernier, Histoire du fils nous raconte l’histoire d’André, un jeune avec une mère absente et un père inconnu mais qui a tout de même une famille derrière lui. Déjà lauréat du prix des libraires de Nancy, le dernier roman de Marie-Hélène Lafon est également en lice pour le prix Renaudot des lycéens et le prix du roman des étudiants de France Culture et Télérama.
André vit chez sa tante Hélène, dans le Lot. Il est entouré de ses cousines qu’il considère comme ses sœurs. Sa mère vit loin de lui, à Paris. Son père, il ne l’a jamais connu. Alors qu’il tente de se persuader qu’il n’a pas besoin de connaître son identité, l’autrice nous fait découvrir la face cachée de son histoire remontant à 1908.
Cent ans de secrets
Marie-Hélène Lafon nous fait en vérité découvrir l’histoire de deux familles, mêlées l’une à l’autre par un amour soudain. Ce sont deux familles marquées par les deux guerres qui ont frappé le XXème siècle. De 1908 à 2008, on voyage de la naïveté de l’enfance à la dure réalité d’adulte, en passant par la légèreté de l’adolescence, le tout très facilement. Grâce à la plume de Lafon, simple et sans fioriture, le lecteur peut dévorer chaque mot qu’elle a choisi d’écrire.
Pourtant, l’autrice n’a pas choisi la facilité. En effet, on ne se promène pas à travers les époques d’une façon chronologique : douze journées qui ne se suivent pas, sur cent ans d’histoire. Cet ordre, qui pourrait surprendre et paraître aléatoire, prend tout son sens une fois que le roman est terminé. Le rythme est très marqué et intense grâce aux changements incessants de temporalité. Avide, le lecteur en veut plus et désire connaître le fin mot de cette histoire de famille.
À la découverte du royaume de Chanterelle
Sans nous perdre malgré une chronologie alambiquée, Marie-Hélène Lafon nous transporte avec elle dans sa campagne natale. Car si le roman se déroule dans le Lot, une grande partie de l’intrigue est étroitement liée à Chanterelle, dans le Cantal. Ce département est le décor de nombre de ses romans, elle qui est originaire d’Aurillac.
Dans Histoire du fils, le Cantal est le berceau de nombreuses traditions qui perdurent et encadrent la vie des personnages. Héritage, honneur et pudeur sont au centre de toutes les discussions. C’est à cause de cette tradition ancrée dans le terroir de l’entre-deux-guerres qu’André n’a jamais connu son père. Il a pourtant accepté son origine et s’est créé sa propre famille, mais au fur et à mesure il réalise qu’il y a un bien un vide dans sa vie, celui de ce père qui ne le connaît peut-être pas non plus.
Une adaptation méritée
Ce roman pourrait parfaitement être adapté à la télévision ou au cinéma. Que ce soit en série ou en film, il a beaucoup de potentiel pour plaire au public. Souvent friands de généalogie et de secrets de famille, les Français seraient sûrement très attirés par cette histoire. L’auteur évoque des moments forts de l’Histoire en général, comme la Résistance ou la Première Guerre mondiale vécue depuis l’arrière, qu’il pourrait être intéressant d’exploiter. Jongler entre les différentes époques et les différents personnages ajouterait un certain rythme qui devrait passionner les spectateurs. En attendant une hypothétique adaptation, on lui souhaite bonne chance pour les prochains prix littéraires.