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Meeting de Liévin #2 : Simon Denissel, un athlète acharné

Meeting de Liévin #2 : Simon Denissel, un athlète acharné

Simon Denissel, 29 ans, licencié au Lille Métropole Athlétisme, est l’un des athlètes phares de la région. Avec un record à 3’34’’54 sur 1 500 mètres et une médaille de bronze aux championnats d’Europe en salle, il a marqué l’histoire du demi-fond lillois. Retour sur une carrière mouvementée.

Simon commence l’athlétisme en 2008, il est alors en classe de terminale. Avec ses copains, il décide sur « un coup de tête » de participer aux cross UNSS. C’est le début d’une très belle histoire, qui l’a amené au plus haut niveau. Il raconte :  « J’ai gagné les districts, puis j’ai continué, je me suis qualifié pour des cross de plus en plus relevés. À chaque fois, je gagnais. Je me suis donc inscrit en club la même année, et pareil j’ai gagné les départementaux, puis les régionaux. » 

Seulement trois mois plus tard, Simon Denissel porte le maillot de l’équipe de France pour la première fois. Il représente le pays lors des Championnats du monde de cross. Puis il enchaîne les sélections internationales jeunes.

Tout observateur pourrait se demander, avec justesse, comment une telle ascension est possible. La réponse, il l’a : « J’avais déjà un bon niveau en arrivant, je faisais du foot, j’avais donc de bonnes bases. » 

2013, première année sénior (catégorie Élite). C’est l’explosion d’un talent, la confirmation. Simon décroche le bronze aux Europe en salle à Göteborg. 

Des réussites nées de désillusions 

Un début de carrière de rêve, qui se complique et se stoppe net en 2016. « J’ai eu des petits soucis au tendon d’Achille, j’ai eu une grosse tendinite qui s’est compliquée avec une calcification. Il m’a fallu un peu plus d’un an pour revenir et pouvoir courir. »

Les athlètes jouent avec leur corps, le poussent toujours plus loin et il est parfois difficile d’accepter l’ampleur d’une blessure. Il nous explique : « J’avais le choix entre deux opérations, une petite ou une grosse. Je choisis donc la première, mais le chirurgien m’a prévenu que si c’était trop abîmé, il ferait la grosse. Je me suis donc réveillé beaucoup plus tard que prévu de la table d’opération. Là je me suis rendu compte que ça allait être beaucoup plus compliqué que cela pour revenir. » 

Simon nous confie que cette blessure a constitué sa plus grande épreuve : « Quand on voit qu’on est dans une impasse, qu’on doit faire un gros pas en arrière pour revenir, c’est difficile. On pense avoir tout mis en place pour être au top, mais on se rend compte qu’on est dans le faux. On doit alors prendre le temps de se soigner, récupérer pour revenir et cela c’est très fatigant. » Mais celui-ci rebondit immédiatement : « Les plus grosses satisfactions c’est de revenir, c’est de retoucher le top niveau et d’être pas très loin de mes records. Ce n’était pas donné d’avance que je revienne au top niveau. C’est la plus belle expérience. »

Puis, il revient sur ses années passées avec grande philosophie : « Ça a peut-être été trop facile au début. » 

Un quotidien 100% athlé 

Simon travaillait encore pour un groupement d’employeur en tant qu’ingénieur jusqu’au 1er septembre 2019, date à laquelle il a décidé de se consacrer uniquement à sa carrière d’athlète. Un choix motivé par l’envie de « tout miser sur l’athlé jusqu’à Paris 2024 » et par précaution. « Je mets plus de temps à récupérer, j’ai 29 ans, plus 20 ans. »

Sa journée type ? Il nous la décrit avec précision : « Le matin, je me lève, je déjeune, ensuite je fais une séance de stretching. Je vais m’entraîner sur les coups de 10 heures. Je rentre, je mange, je fais une sieste. Le soir je retourne à l’entraînement à partir de 17 heures ». Il précise : « Il faut une bonne hygiène de vie. Je ne vais pas à l’entraînement pour m’entraîner mais pour essayer d’être en forme, d’être le meilleur de moi-même à chaque fois. »

Une expérience de vie 

Simon a réalisé des stages de préparation en altitude au Kenya, terres mythiques du demi-fond mondial. Il s’y est déjà rendu à deux reprises depuis le mois de septembre et il en est ressorti grandi humainement. « Un ami y a monté une association avec laquelle il a construit une école, des terrains de sport et une cuisine pour les enfants. C’est très compliqué pour les petits qui sont dans l’extrême pauvreté. C’est mieux pour certains qu’ils soient le moins possible chez eux. Il y a des situations familiales très compliquées. »

« Il faut profiter qu’on soit athlète pour montrer ça et filer un coup de main avec les moyens qu’on a. »

C’est la première fois qu’il voit ce pays sous cet angle :  » Nous ce qu’on voit c’est les photos, c’est tout beau au Kenya. » Il nous décrit ensuite les conditions de vie d’habitants de la ville d’Iten, fief des athlètes internationaux. Des familles entières, d’une dizaine d’individus, vivent dans des maisons de terre de moins de 10m² très peu résistantes aux intempéries. Les lits sont au mieux posés à même le sol, mais il arrive qu’il n’y ait pas de lit pour les enfants. « Ce sont encore des situations qu’il y a au Kenya et ça se passe à 500 mètres du centre d’Iten », déplore-t-il.

Rendez-vous au meeting de Liévin 

Simon sera aligné sur le 1 500 mètres ce mercredi à l’occasion de ce meeting international. Cet événement a toujours une saveur particulière pour le local : « C’est là où je m’entraîne. Je ne connais pas tout le monde dans la salle mais presque, les gens me connaissent aussi. Il y a une bonne ambiance. »

Sur son état de forme, il ne semble pas inquiet. « Je monte en puissance. J’ai mis les moyens cette année pour faire le taf, comme on dit. Le travail commence à payer, à porter ses fruits. » Ses ambitions sont simples, il espère faire sa meilleure performance de l’hiver et un bon chrono. 

En tant que spectateur, Simon porte toutes ses attentions sur le jeune phénomène Armand Duplantis, qui vient de battre à deux reprises le record du monde de la perche. « Ce serait bien d’avoir un record du monde. » Mais il avance que la surprise pourrait venir d’ailleurs, peut-être du 1 500m féminin. 

En ce qui concerne la suite de la saison, le Lillois aura à cœur d’aller chercher une nouvelle victoire aux Championnats de France en salle qui se dérouleront à partir du 29 avril devant son public de Liévin. Il précise : « Cet hiver il n’y a pas vraiment d’objectif. » Simon a déjà le regard tourné vers cet été avec les Jeux Olympiques et les Championnats d’Europe. « Il faudra faire moins de 3’35 pour les Jeux et courir rapidement fin avril pour faire les minima avant le 15 juin. » 

Le rendez-vous est pris. 

Avec Laure Sevrin et Mathieu Diseur

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