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Mille et une manières de lire en confinement

Mille et une manières de lire en confinement

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Au beau milieu d’un confinement qui s’allonge, comment faire pour s’échapper d’un quotidien anxiogène ? Par la littérature, en plongeant dans un monde qui n’est pas le nôtre. Mais notre “PAL” (pile à lire) s’est vite écoulée en un mois. Comment alors se procurer des livres en ces temps si particuliers ? C’est simple : vous ne pouvez pas vous déplacer ? La littérature vient à vous. Tour d’horizon des alternatives à la littérature en temps de confinement.

Internet au service de la littérature

Les librairies, ne faisant pas partie des commerces de première nécessité, ont toutes fermé leurs portes depuis le 17 mars. Mais leur volonté de distribuer du contenu littéraire n’a, elle, pas cessé. Conscientes que l’accès à la culture est restreint par la fermeture de nombreux lieux comme les médiathèques, plusieurs actions solidaires ont été mises en place par des libraires et éditeurs. L’opération Bol d’Air propose ainsi un “calendrier de l’Avent” pour nous faire attendre la fin du confinement en proposant chaque jour un nouveau e-book gratuit, du genre fantasy. “On ne te promet pas un vaccin contre le Covid-19 mais juste de quoi passer un confinement un peu plus supportable avec des belles histoires et des auteurs géniaux pour s’évader un peu“, c’est ainsi que le résume ConfinementLecture, autre site vous proposant un nouvel e-book toutes les 24 heures ainsi qu’un livre audio.

Néanmoins, ces initiatives ne sont pas nouvelles : bien avant le confinement existaient des plateformes de lecture en ligne. Internet est aussi vaste que les genres de la littérature : classiques, fantasy, feel good, policiers ou politiques, chacun peut y trouver son bonheur. Vous trouverez ainsi sur Wikisource, Gutenberg Project et Gallica les ouvrages numérisés par la Bibliothèque nationale de France, tombés dans le domaine public. Et, pour les lecteurs qui en ont marre des classiques de la littérature française, une plus grande diversité s’offre à vous avec la bibliothèque numérique de TV5 monde, ou ebooksgratuits.com.

On nous fait la lecture

La littérature, ce n’est pas que de la lecture. C’est aussi écouter. Alors, au lieu d’encore plus s’abîmer la vue sur nos écrans déjà saturés par nos heures passées sur les réseaux, pourquoi ne pas aiguiser notre ouïe ? C’est ce que proposent plusieurs émissions radio où des invités sont conviés à faire la lecture aux auditeurs. Chroniqueurs et écrivains se mettent au service de ce noble projet, à l’image des podcasts Lettres d’Intérieur d’Augustin Trapenard sur France Inter. Au programme : lectures de Daniel Pennac, Christiane Taubirat, Sjor Chalandon ou Wajdi Mouawad, pour n’en citer que quelques uns dont les plumes ont posé des mots sur nos angoisses, questionnements et rêveries en ces temps inédits.

À l’image des salons de lecture tenus à la cour du château de Versailles au siècle des Lumières, des séances de lectures et d’échanges 2.0 s’organisent. Des “lectures live” se tiennent sur les réseaux sociaux. Libraires, écrivains, influenceurs, beaucoup se dévouent à lire en direct des passages ou une histoire entière à leurs internautes. On retrouve alors l’écrivain François Bon, qui publie très régulièrement des vidéos sur sa chaîne personnelle, ou alors l’émission “Voyage au bout de la nuit”, produite par la chaîne C8 et qui propose de voir ou revoir les différentes lectures intégrales sur YouTube. Uniquement des classiques libres de droits sont lus devant la caméra, au milieu d’un décor inchangé, canapé devant une vue de Paris. Et, pour ce qui est des livres audio, Syquel ou Audible sont là pour vous !

Les bienfaits de la littérature

Alors certes, on vous l’accorde, l’e-book et la lecture à voix haute ne provoquent pas les mêmes sensations que les feuilles de papier ou l’odeur d’un vieux bouquin oublié dans notre bibliothèque. Mais les effets s’en rapprochent. Dans un monde au futur lointain et incertain, la lecture apaise. Plongés dans un monde qui n’a rien de semblable à ce que nous vivons, nous pouvons, le temps d’une aventure, oublier nos angoisses. Notre envie d’évasion et de rencontre trouve une certaine satisfaction à s’envoler, au fil des pages, loin des quatre murs qui nous entourent.

Et si elle ne permet pas de retrouver les autres, elle nous permet de nous retrouver nous-mêmes. Dans les histoires qu’on survole, on peut trouver un écho de nos expériences et rencontres. La littérature est une forme d’introspection bénéfique, qui nous permet de mettre en perspective nos peurs ou nos envies. Soigner les maux par les mots, en voici sa force : alors que le confinement peut nous asphyxier, elle nous permet de respirer un air un peu plus frais.

Mais avant tout, la littérature rapproche. Bibliothèques solidaires où chacun dépose son livre préféré dans le hall de son immeuble, lecture d’un passage à un membre de sa famille, applications pour partager nos lectures à nos amis… Les initiatives ne manquent pas pour nous prouver que la littérature est créatrice du lien qui nous manque tant dans ce monde d’isolement. Du moins, c’est ce que Daniel Pennac écrit : “Pendant ce foutu confinement dû au coronavirus, j’ai découvert que la lecture sauvait de tous les enfermements. Un matin sur France Inter, un type a raconté que le philosophe Antonio Gramsci lisait Kipling et Anna Karenine pour s’évader des prisons de Mussolini, que Soljénitsyne, l’auteur de L’archipel du Goulag, écrivait et lisait contre le bagne et le cancer, que le Chinois Dai Sijie s’était sauvé de son camp de rééducation en lisant Balzac, que, pour ne pas devenir fou, l’otage Jean-Paul Kaufmann avait relu indéfiniment le deuxième volume de Guerre et Paix. Ce jour-là, les enfants, j’ai donné rendez-vous aux 28 locataires de mon immeuble pour deux heures de lecture quotidienne. Je me suis assis sur mon palier et je leur ai lu Cent ans de solitude, le roman de Gabriel Garcia Marquès. Une heure le soir, une heure le matin, juste avant qu’ils ne s’endorment et juste après qu’ils se réveillent. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce furent les cent plus belles années de nos vies, mais en tout cas ce ne fut pas du temps perdu.

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