Mobilisation étudiante, la jeunesse manifeste une troisième fois
Ce jeudi 4 février, les syndicats étudiants et organisations politiques étudiantes ont appelé à manifester pour continuer à se faire entendre. Le cortège s’est élancé de la Porte de Paris à 14h30. Ils continuent de réclamer la réouverture des universités en présentiel avec un protocole sanitaire strict, mais aussi des aides financières. Une manifestation sans débordements.
Un célèbre dicton affirme : “jamais deux sans trois”. C’est ce qui s’est déroulé jeudi dans les rues de Lille où pour la troisième fois depuis le 20 janvier, étudiants, syndicats étudiants et organisations politiques ont manifesté pour faire entendre leur voix. Cette fois, ils étaient peu nombreux, sûrement car il s’agissait aussi d’une manifestation inter-professionnelle, mais leur détermination n’a pas disparu. “C’est important de porter la voix des étudiants dans la rue” déclare Lorenzo, étudiant en troisième année de science politique à l’Université de Lille.
Des mesures jugées insuffisantes et incomplètes
C’est unanime, les dernières mesures prises par le gouvernement pour venir en aide aux étudiants ne sont pas suffisantes selon les manifestants. “Elles sont très très faibles, minimes” affirme Alice, militante Jeunes Communistes et étudiante en troisième année de science politique option journalisme. Alexandra, militante Les Jeunes Insoumis et étudiante en première année de master de science politique à l’Université de Lille, assure que “les mesures ne sont absolument pas satisfaisantes même s’il y a quelques retours en présentiel à Lille 2“.
Lorenzo est catégorique : “Les mesures concrètes ne sont pas là. […] Il n’y a pas de réelle prise en compte de nos revendications.” Mathieu, militant Solidaires étudiants Lille, certifie qu’“aucune des revendications concrètes des étudiants n’a été écoutée”. Il ajoute que “le retour en présentiel ne règle pas tout”. En effet, les étudiants demandent plus et souhaitent un réel accompagnement de la part du gouvernement. Ils exigent, par exemple, la mise en place d’un RSA pour les moins de 25 ans. Ils veulent qu’aucun jeune ne soit sous le seuil de pauvreté, et demandent des aides financières de la part de l’Etat. Pour ce qui est du “chèque psy”, les manifestants répondent que ce n’est pas assez et qu’il faudrait un suivi continu, sur le long terme. Pourtant, d’après Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qui était en live vendredi sur la chaîne Twitch “HugoDécrypte”, le “chèque psy” n’a pas de durée limitée dans le nombre de séances. Est-ce un malentendu, une erreur de communication ou un changement de programme de la part du gouvernement ? En tout cas, la ministre a annoncé, lors de cette interview, que si un étudiant doit suivre une thérapie complète, celle-ci serait intégralement remboursée. Au-delà, donc, des trois séances offertes initialement annoncées par l’Etat. De plus, ils réclament le recrutement de davantage de psychologues, puisque aujourd’hui, il y a 1 psychologue pour environ 30.000 étudiants en France. Une situation “aberrante” d’après ces derniers.
En revanche, les deux repas par jour à 1 euro dans les restos U sont un petit soulagement pour les manifestants, malgré le fait que plusieurs étudiants n’y ont pas accès facilement du fait de leur situation géographique.
Inès, militante Jeunes Générations et étudiante en deuxième année de science politique à l’Université de Lille, souhaite une aide financière de l’Etat parce qu’“avec les conditions sanitaires, la précarité étudiante s’est surmultipliée”. Effectivement, en raison de la pandémie, de nombreux étudiants ont perdu leur travail et n’arrivent plus à vivre dignement. La fréquentation des étudiants dans les banques alimentaires explose, une situation anormale d’après Inès : “Ce n’est pas normal que la jeunesse démarre si pauvrement dans la vie.”
“Le moral est assez bas”
Depuis le début de la crise de la Covid-19 en France, les étudiants sont dans une grande détresse psychologique. “Le moral est assez bas”, répètent à maintes reprises les manifestants. “Ce n’est pas facile. […] On est totalement oubliés par le gouvernement. On ne s’occupe pas de nous”, assure Alice. Inès exprime, elle aussi, un moral en berne : “On se sent invisibles, délaissés, sacrifiés.”“On se sent abandonnés, c’est clairement difficile”, termine Alexandra.
“Ce n’est pas parce que le gouvernement ne nous donne pas de réponse qu’on va abandonner.” – Lorenzo.
En dépit de leur moral au plus bas, les étudiants sont prêts à continuer leur mobilisation afin de réellement se faire entendre par le gouvernement. “On continuera à se mobiliser jusqu’à ce que des mesures soit vraiment prises. Si on n’est pas rapidement entendu, la colère va monter parce qu’aujourd’hui, les étudiants se suicident et c’est inadmissible”, fulmine Alice. “Les étudiants ne seront pas entendus car le gouvernement privilégie l’économie face au reste. On passe après tout un système économique mis en place”, prédit désespérément Inès. Lorenzo veut continuer ce combat coûte que coûte : “On n’a pas l’impression d’être entendu mais on va continuer à faire valoir nos revendications, à se battre. Ce n’est pas parce que le gouvernement ne nous donne pas de réponse qu’on va abandonner.” Alexandra, elle, attribue surtout la faute à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation : “On a l’impression que Mme Vidal a complètement abandonné ses étudiants, qu’elle ne donne que des réponses au compte-goutte.”
Les étudiants sont donc toujours déterminés pour faire valoir leurs revendications. Reste à savoir si le gouvernement va les écouter, et si les étudiants seront exemptés de l’éventuel troisième confinement.
(Propos recueillis avant les dernières annonces de Frédérique Vidal du 05 février 2021, lors d’une interview sur la chaîne Twitch “HugoDécrypte”)