Parvis Ludovic Boumbas, la commémoration silencieuse du 13 novembre
Les attentats du 13 Novembre à Paris auront ôté la vie de 130 hommes et femmes. Parmi ces victimes, Ludovic Boumbas, un lillois qui fêtait un anniversaire à la terrasse du café La Belle Équipe. Chaque année, la ville de Lille ravive sa mémoire sur le parvis qui porte son nom.
Une vingtaine de personnes s’attroupent sous un crachin terne ce matin du 13 Novembre. Proches et familles se serrent autour du panneau bleu où est inscrit « Parvis Ludovic Boumbas », du nom de celui dont ils honorent aujourd’hui la mémoire. Il y a 6 ans, il était à Paris, au café la Belle Équipe, pour fêter un anniversaire avec ses amis. En s’interposant entre Chloé et les balles des terroristes ce soir là, l’homme de quarante ans se sacrifie en héros. « Il est mort comme il a vécu » déclare Estelle Rodes, présidente du Conseil de quartier de Moulins, où se situe la place.
La commémoration est minimaliste. Sous la pluie, la mère du défunt est accompagnée d’Estelle Rodes. Les deux femmes s’avancent lentement, une gerbe de fleurs est déposée sous le panneau au nom de Ludovic Boumbas, sans un bruit. Aucun son n’avait été entendu avant que l’on ne prononce « je vais vous demander une minute de silence ».
C’est un silence éloquent, lourd de sens. « Cet hommage, on le veut respectueux de la douleur de la famille. Beaucoup de choses sont déjà dites. On est un certain nombre d’élus présents aujourd’hui, mais l’importance ne tient pas au discours. Il faut avant tout montrer que la République n’oublie pas » affirme l’adjointe au maire.
Un lieu symbolique
Sur la plaque qui indique « parvis Ludovic Boumbas », les gouttelettes se posent. La place prend ce nom en 2016, un an après la tragédie. Elle est située juste devant le Flow, le Centre eurorégional des cultures urbaines. « Il était une figure du monde culturel et notamment du hip- hop lillois, c’était une demande de ses amis du monde de la culture » explique Estelle Rodes.
Un symbole fort pour la famille et les proches. « Ça fait chaud au coeur de voir qu’on ne nous oublie pas. C’est toujours symbolique de venir où il a créché. On préfère se recueillir ici plutôt qu’à Paris, sur un si beau parvis, avec le rapport à la musique, ce qu’il aimait le plus » confie son frère cadet Ioanes.
Le lointain procès parisien
Le procès des attentats du 13 novembre a lieu à Paris en même temps que les commémorations. « Nationalement ça réveille des choses » constate Estelle Rodes, même si « la douleur est là depuis 2015, c’est une vraie meurtrissure » que ces procédures ne peuvent apaiser si rapidement. « J’ai accompagné la fille qu’il a sauvé, Chloé, le premier octobre à la barre » se rappelle Ioanes.
À côté un enfant joue avec son parapluie, la pluie s’est apaisée. A 17h, le palais des Beaux-Arts et la Préfecture prendront les couleurs du drapeau tricolore. La mémoire des victimes illuminera les bâtiments de la place de la République.