#PayeTaPlainte : La police lilloise déteste-t-elle les femmes ?
Mis en place depuis mars dernier par le Groupe F, le #PayeTaPlainte se veut dénonciateur de la mauvaise prise en charge des plaintes pour agression sexuelle contre les femmes. Ce collectif a notamment créé une carte interactive ayant pour but d’indiquer aux victimes dans quel commissariat se rendre si l’on souhaite se faire entendre correctement. À ce jour, Lille n’en compte pas un seul.
Pour créer cette carte, le Groupe F a recueilli plus de 500 témoignages de femmes ayant décidé de porter plainte à travers la France. Le résultat n’est pas fameux puisque dans 91% des cas, les femmes dénoncent une mauvaise prise en charge. Pour vous donner une idée de ce qu’il en est à l’échelle du territoire français, seuls les commissariats en vert sont représentés – par celles qui y ont été – comme ayant accepté les plaintes sans problème de prise en charge.
Pour ainsi dire, il est compliqué de trouver un commissariat où il semble facile de porter plainte à travers l’hexagone. Plus préoccupant encore, les victimes de violences sexuelles lilloises ont, au vu de la carte, du souci à se faire quant au recueil correct de leur plainte. Pour comprendre ce qu’il en est vraiment, le Pépère News a pris contact avec certaines victimes ayant traversé l’expérience difficile de porter plainte dans les commissariats lillois.
Triste est la réalité quand la plupart d’entre elles disent avoir été mises mal à l’aise au cours de leur témoignage par certains comportements ou réflexions des agents de police. Entre les remises en question de la parole de la victime, les questions portant sur les vêtements de celles-ci ou autres réflexions ressenties comme inacceptables, la réalité dans nos commissariats lillois en matière de prise en charge de plaintes pour violences sexuelles suscite de l’inquiétude.
Parmi les différents témoignages, beaucoup relèvent des remarques irrecevables de la part des officiers de police lillois. “Vous êtes bien sûre que c’était un viol ?”, “Comment étiez-vous habillée ?” ou encore “C’est comme les filles qui se font toucher les seins, c’est pas non plus dramatique”, citent certaines d’entre-elles. Aussi, la plupart de ces témoignages sont issus de jeunes femmes, souvent encore étudiantes, qui sont parfois renvoyées à leur condition “d’adolescentes” se voyant indiquer que les faits étaient dignes “d’une cour de lycée”. Sans compter sur la culpabilisation des victimes : “Elle [la policière, ndlr] me faisait comprendre que c’était de ma faute, que je n’avais pas à dormir seule chez un ami”.
Parmi l’ensemble des témoignages reçus, seuls deux d’entre-eux ne relèvent aucun souci dans la prise en charge des plaintes. Consciente de la chance d’être écoutée et d’être l’un des rares cas où la plainte se passe sans problème, une jeune femme nous avoue quand même sa frustration et sa grande tristesse quand le policier qui la recevait lui a avoué qu’il était presque impossible que son témoignage donne lieu à quoi que ce soit. Ainsi, pour les femmes victimes de violence sexuelle à Lille, espérer avoir un accueil correct ou une suite judiciaire après des témoignages apparaît comme quasi-impossible. D’ailleurs, le commissariat “vert” le plus proche se situe à Lens, et est donc accessible uniquement en voiture pour les habitants de Lille.
Contacté dans le cadre de l’article, la préfecture du Nord n’a pas répondu à nos sollicitations.