Philippe Poutou, candidat malgré tout
En meeting à Lille, au gymnase Sébastopol, le candidat du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) poursuit sa tournée des villes de France. A quelques semaines du premier tour de la présidentielle, Philippe Poutou a rassemblé ses partisans autour d’une idéologie commune : le renversement de la classe bourgeoise. Retour sur un meeting animé devant plus de 400 personnes.
“On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là” scandaient fièrement les militants anticapitalistes le poing levé. Entre drapeaux rouges, autocollants et tracts antifascistes, jeunes comme moins jeunes ont donné de la voix en guise de révolte contre ce “monde détenu par les plus riches”. Avant que Philippe Poutou ne prenne la parole, un hommage a été rendu à Alain Krivine, figure emblématique de Mai 68, décédé le 12 mars dernier.
Philippe Poutou : un des oubliés de la présidentielle
“On s’est fait chier à aller chercher les parrainages pendant plus de huit mois, mais maintenant qu’on les a, notre motivation, c’est d’emmerder ce monde-là” déclare le candidat. En faisant référence aux médias détenus par les grands actionnaires proches du pouvoir, le candidat anticapitaliste dénonce un système antidémocratique. Tout comme Nathalie Arthaud, Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou n’a pas été convié à l’émission Face à la guerre sur TF1. Pour faire suite à ce qui peut être considéré comme un incident médiatique et démocratique, son équipe de campagne a lancé le #OùEstPoutou. Ironie de l’histoire, TF1 était la seule chaîne de télévision présente pour couvrir ce rassemblement.
L’objectif du NPA n’est pas de gagner la présidentielle mais bien d’imposer des sujets. En abordant notamment les thèmes du modèle économique et des inégalités en France, P. Poutou souhaite conquérir un électorat qui voterait pour Jean-Luc Mélenchon, figure associée au vote utile à gauche pour accéder au second tour. Mais comme il l’indique dans son programme, “le vote utile, c’est le vote Poutou”. En s’érigeant comme le bouclier à la réélection d’Emmanuel Macron, sa candidature relève tout de même de l’utopie. Mais ayant obtenu ses 500 parrainages validés, P. Poutou annonce occuper le terrain jusqu’au 10 avril prochain.
Philippe Poutou : mode d’emploi
À l’aise devant le public et faisant même parfois preuve de cynisme, Philippe Poutou a exposé son programme devant ses sympathisants. En se distinguant des autres candidats, le syndicaliste CGT ne compte pas “faire de promesses” . Il opte davantage pour des solutions qu’il considère concrètes pour rompre avec le capitalisme. Parmi ses mesures phares, un salaire minimum de 1.800 €, la semaine de travail de 4 jours et l’interdiction des licenciements. Une fois mises en place, ces dispositions constitueraient une véritable bouffée d’oxygène pour les plus pauvres. Elles ont encore plus de sens aujourd’hui avec l’augmentation des prix du gaz, de l’électricité et du carburant en conséquence de l’inflation due à la reprise post-Covid et de la crise ukrainienne. Mais, ces mesures sont-elles véritablement réalisables ?
On s’est fait chier à aller chercher les parrainages pendant plus de huit mois, mais maintenant qu’on les a, notre motivation c’est d’emmerder ce monde-là” – Philippe Poutou
La jeunesse constitue un des piliers du programme de Philippe Poutou. Il souhaite “proposer à l’ensemble de la jeunesse de ne pas rester dans un système qui nous mène dans le mur”, où “les riches sont encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres”. Mettant en avant la question du réchauffement climatique, la figure de proue du NPA entend mettre fin aux énergies fossiles d’ici 10 ans et les remplacer par des énergies renouvelables. Comme plusieurs candidats à la présidentielle, P. Poutou souhaite un revenu étudiant. Le droit de vote à 16 ans, l’abrogation de Parcoursup, 20 élèves par classe aux lycées et l’interdiction des contrats précaires sont tout autant de mesures visant à convaincre la jeunesse.
Avant d’entonner L’Internationale, à la place de la Marseillaise, Philippe Poutou termine son meeting par l’expression “c’est ça notre projet”, référence à Emmanuel Macron en 2017. Mais, Philippe Poutou fera-t-il mieux que les 1,09% obtenus en 2017 ? Réponse le 10 avril pour le premier tour de l’élection présidentielle.
