Présidentielle. Jean-Luc Mélenchon à la conquête des jeunes
Ce lundi 15 novembre, Jean-Luc Mélenchon a tenu une conférence à l’Université de Lille Campus Moulins. Un événement organisé par l’association parlementaire des étudiants de Lille (APEL). Le candidat « Insoumis » a exposé différents points de son programme « Avenir en Commun ». C’était aussi une occasion de recueillir le vote des jeunes.
Lorsque Jean-Luc Mélenchon est apparu dans l’amphithéâtre, des applaudissements et quelques acclamations ont aussitôt retenti. L’accueil était chaleureux, et le candidat à la présidentielle a semblé parfaitement à son aise dans cet environnement. Après une introduction sur sa vision des campagnes électorales et quelques attaques contre les médias, l’ »Insoumis » est entré dans le vif du sujet : son programme.
Une ligne sociale
Jean-Luc Mélenchon le martèle : il ne faut pas se comporter en « donneur de leçons » mais en « donneur de solutions ». Du côté de l’économie, il se montre confiant pour financer son plan d’investissement de 200 milliards d’euros « utile socialement et écologiquement ». Il compte sur un rétablissement de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF), supprimé par Emmanuel Macron en 2018, mais aussi sur la lutte contre l’évasion fiscale et l’emprunt public. « Je les pourchasserai jusqu’en enfer » a-t-il déclaré à propos des évadés fiscaux. Fermement opposé à une économie laissée aux mains du libre-marché, il a affirmé sa volonté de « gouverner selon les besoins du peuple » en promouvant une éducation de haut niveau.
Jean-Luc Mélenchon a été très critique envers l’institution policière, en répétant vouloir « revoir tout de fond en comble, de la cave au grenier ». Il a notamment proposé le remplacement de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) par une police de proximité censée rétablir le lien social entre l’institution policière et la population. Pour lutter contre l’insécurité liée aux trafics de drogue, le candidat à la présidentielle préfère favoriser le travail d’enquête de démantèlement des grands réseaux de criminalité grâce au recrutement dans la police judiciaire plutôt que dans les « brigades de flagrant délit ». Selon lui, il faut rétablir une « police républicaine », contre le « ras-le-bol » d’une « politique du chiffre » et de contrôles au faciès qui sont « une réalité ».
Le candidat « Insoumis » s’est également placé sur une ligne culturellement libérale, en affirmant vouloir introduire le droit à l’avortement dans la Constitution, mais également le droit à mourir dans la dignité ou encore le droit de choisir son genre.
Un air de conquête du vote des jeunes
A travers cette conférence, le candidat LFI espère conquérir de nouvelles voix parmi l’électorat très convoité de la jeunesse. Son mot d’ordre est « convaincre ». Selon un sondage Odoxa pour le magazine l’Obs, réalisé entre le 5 et le 8 novembre, Jean-Luc Mélenchon est crédité de 13% d’intentions de vote auprès des 18-34 ans, derrière Emmanuel Macron (24%) et Marine Le Pen (25%). « J’espère qu’après que vous m’ayez vu, vous vous dites : ce type est moins un barbare que ce qu’on nous a dit » annonce Jean-Luc Mélenchon. Est-ce une tentative pour essayer de redorer son image ? En tout cas, selon lui, ces conférences dans l’enseignement supérieur lui permettent de se « réimprégner de chaque génération ». C’est une situation qu’il qualifie de « précieuse ».
Lors de cette conférence, il a évoqué, très rapidement, l’abaissement de la majorité électorale, de 18 à 16 ans. Cette mesure, qui a pour objectif de lutter contre l’abstention, était déjà défendu en 2017 par le candidat LFI. Une décision contestée par la droite mais partagée par les autres candidats de la gauche : Anne Hidalgo (PS) et Yannick Jadot (EELV).
Pour ce qui est de la lutte contre la précarité étudiante, Jean-Luc Mélenchon propose de mettre en place une « allocation d’autonomie » de 1.000 euros pour tous les étudiants « à condition de ne pas être rattachés fiscalement à leurs parents ». Cette allocation permettrait aux jeunes d’étudier sans avoir à travailler, à trouver un job étudiant pour payer leurs études. Cependant, faute de trouver cet argent, cette mesure serait financée par les impôts.
Le climat est également au cœur des préoccupations des jeunes. Jean-Luc Mélenchon dresse un bilan catastrophique de la COP26 à Glasgow : « On ressort avec rien. C’est extrêmement désolant » affirme le candidat à la présidentielle. Il ajoute que le problème de ces grandes conférences sur le climat est qu’il n’y a « aucun aspect contraignant ». Il propose une « planification écologique », c’est-à-dire un changement progressif de l’organisation de l’économie française, du mode de transport, sans aller plus loin dans son explication. Il conclut le volet de ce programme en indiquant que « les ‘y’a qu’à’, ‘faut qu’on’, ne mènent nulle part ».
Le public de cette conférence était majoritairement étudiant. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon a peu évoqué les problématiques de la jeunesse. Hormis l’allocation d’autonomie et la planification écologique, qui ont été évoquées sans trop de précisions concrètes, aucune autre mesure n’a été annoncée sur ces sujets qui concernent directement les jeunes.
Le candidat de La France Insoumise, qui avait refusé une union de la gauche et qui présentera, mercredi soir, son programme lors du journal de 20h de TF1, a donc encore cinq mois pour convaincre les électeurs.