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Présidentielle. En meeting à Lille, les Insoumis défendent un autre modèle de société

Présidentielle. En meeting à Lille, les Insoumis défendent un autre modèle de société

François Ruffin, député de la Picardie, à un meeting de La France Insoumise. 3 mars 2022,

Ce mercredi 2 mars, quatre orateurs de La France Insoumise étaient à Lille pour un meeting rue Sébastopol. Devant environ 800 sympathisants, ils ont esquissé le projet du parti pour la présidentielle. Récit.

A 18h30, ils sont déjà quelques centaines à s’agglutiner devant le Gymnase, impatients d’écouter les représentants de La France Insoumise (LFI). Ugo Bernalicis, Claire Lejeune, François Ruffin et Adrien Quatennens étaient à Lille ce mercredi 2 mars pour défendre la candidature de Jean-Luc Mélenchon. L’humeur est festive, rigolarde. Malgré l’ambiance apocalyptique qui règne en ces temps incertains, les Insoumis ont fait le choix de l’optimisme.

L’ombre de la guerre en Ukraine

C’est le député de la deuxième circonscription du Nord, Ugo Bernalicis, qui ouvre le meeting. Il est venu pour défendre la position du parti sur le conflit en Ukraine. Après l’invasion du pays par la Russie le 24 février, plusieurs accusations de complaisance envers V. Poutine ont visé LFI. Jean-Luc Mélenchon, qui déclarait encore en janvier que “la menace n’existe pas” en Ukraine, a été pris en défaut. Pour couper court à toute critique, Ugo Bernalicis se veut limpide. L’autocrate russe “porte l’entière responsabilité” de cette attaque, affirme-t-il. Mais le jeune député accuse l’OTAN d’avoir participé à l’escalade de la situation. Il revendique le “non-alignement”, une position stratégique indépendante à la fois des États-Unis et de Moscou. Et fustige le blocus économique infligé aux Russes, lui préférant des sanctions ciblant les oligarques proches du pouvoir. “Ce ne sont pas les peuples qui font la guerre”, considère Ugo Bernalicis, jugeant injuste de faire payer à un pays la politique de son leader. Le parti réclame de plus un cessez-le-feu.

Ugo Bernalicis, député LFI, lors d'un meeting du parti à Lille
Ugo Bernalicis, député LFI, lors d’un meeting du parti à Lille. © Valentin Maio

En plus de permettre à Ugo Bernalicis d’expliquer la politique internationale de LFI, le conflit en Ukraine “apporte de l’eau au moulin de [ses] arguments” sur l’économie. Ceux-ci impliquent un État dirigiste, prêt à geler les prix en cas de crise par exemple. Le jeune Insoumis prend l’exemple des exportations de gaz russe vers l’Union Européenne, dont l’interruption pourrait causer une forte inflation sans intervention étatique. Avant d’affirmer que la France doit retrouver sa “souveraineté économique” pour mieux se protéger dans ce genre de situation, en relocalisant les industries stratégiques.

Une vision systémique de l’écologie

Claire Lejeune succède à Ugo Bernalicis. L’ancienne dirigeante des jeunes écologistes a rejoint LFI en janvier. Ce soir, elle veut montrer que l’environnement est au centre du programme Insoumis. La militante cite le rapport du GIEC sur le réchauffement climatique, sorti le 28 février. 3,6 milliards de personnes vivent dans des régions menacées par l’augmentation de la température. Des données inquiétantes qui justifient selon elle un projet “de rupture” avec le modèle actuel. Le parti défend une vision globale de l’écologie, une “mise en système de toute une série de colères”. Comme celle des Gilets jaunes, un mouvement que presque toute la classe politique semble vouloir récupérer, tant il a su incarner l’opposition à Emmanuel Macron. Ou celle de la “génération climat qui voit son avenir hypothéqué”. Un groupe d’âge qui va, dans sa majorité, voter pour la première fois en avril. La militante de 27 ans met l’accent sur eux dans son discours, cherchant à montrer que leurs priorités correspondent à celles du parti, notamment l’écologie. En 2017, LFI était d’ailleurs arrivée en tête chez les moins de 25 ans. Même si aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui semble les séduire. 

Claire Lejeune, membre du Parlement populaire de LFI, à un meeting à Lille
Claire Lejeune, membre du Parlement populaire de LFI, à un meeting à Lille. 3 mars 2022. ©Valentin Maio

Pour répondre à toutes ces revendications environnementales, un principe : la planification écologique. L’État doit reprendre la main sur la production pour s’assurer qu’elle correspond à la “règle verte” : “on ne prélève pas davantage à la nature que ce qu’elle est en état de reconstituer”. La jeune militante conclut sur cette citation d’Archimède, qu’elle transforme en cri de ralliement : “Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le monde !.

Les Insoumis en rupture avec le système actuel

C’est peut-être François Ruffin, le député de la Picardie, qui incarne le mieux l’optimisme affiché par le parti. Par ces temps où le pouvoir nous veut tristes […] notre arme c’est la joie !Son discours attaque le gouvernement, et “ses actions dispersées sans but global” contre le réchauffement climatique. Pour lui, la politique néolibérale “anachronique” du président est responsable des crises que nous traversons. “Ils ne veulent pas diriger” assène-t-il à propos du gouvernement, qui serait incapable de réguler correctement le marché. François Ruffin critique un système qui profite seulement à une minorité favorisée. Ainsi, les cinq premières fortunes de France ont vu leur richesse doubler depuis le début d’une pandémie, qui plongeait en même temps des millions de Français dans la précarité.

 Notre arme, c’est la joie ! François Ruffin, député de la Picardie

C’est Adrien Quatennens, le député de la première circonscription du Nord, qui conclut le meeting. Il liste les mesures des Insoumis pour sortir de cet ordre libéral qu’ils dénoncent. Ils souhaitent ainsi faire en sorte que “personne ne soit en dessous du seuil de pauvreté”, fixé à 1063 euros, soit 60% du revenu médian. Notamment en créant une allocation pour les jeunes qui dépasseraient cette limite. “Un grand pays comme la France peut éradiquer la pauvreté”, assure Adrien Quatennens. De manière générale, les Insoumis souhaitent une diminution massive des écarts de revenus entre classes sociales, grâce à la redistribution. La France Insoumise défend une vision d’avenir en rupture radicale avec notre modèle de société. Il lui reste un mois pour convaincre les électeurs qu’elle peut réellement leur changer la vie.

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