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Présidentielle. #EtNousLesJeunes ?  Focus sur la formation des jeunes

Présidentielle. #EtNousLesJeunes ?  Focus sur la formation des jeunes

Clémentine Dupuy, porte-parole des Jeunes avec Macron (à droite) lors du débat présidentiel sur la formation #EtNousLesJeunes de Pépère News et On'Media, le 19/03/2022

#EtNousLesJeunes ? C’est le débat organisé par le Pépère News et On’Média qui rassemble les représentants des 7 partis politiques en tête des sondages du premier tour. En raison de problèmes techniques, le débat n’a pas pu être diffusé mais le Pépère News vous propose de décrypter les programmes des deux candidats du second tour autour des trois grands thèmes qui ont animé le débat : l’écologie, la précarité étudiante et la formation des jeunes. On vous résume ici tout ce qu’il faut savoir sur ce dernier sujet.

L’enseignement supérieur, et de manière plus large la formation, sont des enjeux majeurs de l’élection, car ils irriguent la recherche et la production de savoirs tout en éduquant les citoyens. Pourtant, la France a vu son investissement par étudiant baisser de 10% depuis 2008. Un manque de moyens qui s’est traduit par des places limitées dans certaines formations, ainsi que par des infrastructures parfois inadaptées. Toutefois, Emmanuel Macron se targue de sa politique dans l’enseignement supérieur, un sujet que Marine Le Pen évoque assez peu, préférant se concentrer uniquement sur la formation professionnelle. Lors du débat, c’est Clémentine Dupuy (au second plan ci-dessus), élue lilloise et porte-parole des Jeunes avec Macron qui représente le président. Clément Vanheuverswyn, le référent des Jeunes avec Marine Le Pen pour le Nord, défend le programme de la candidate d’extrême-droite.

Parcoursup, l’algorithme mal-aimé

Le 15 janvier 2018, le Ministère de l’Education Nationale lance l’algorithme Parcoursup . Son objectif est de répartir et sélectionner presque un million de futurs étudiants chaque année dans les différentes formations. Il remplace APB, un service de sélection incluant un tirage au sort des étudiants. Même s’il a été vu comme un progrès par le gouvernement Macron, Parcoursup a été remis en question par beaucoup d’observateurs. Il a été accusé d’être inégalitaire, opaque, et de ne pas permettre à chaque lycéen d’avoir accès à l’orientation de son choix. En effet, très peu d’enfants d’ouvriers accèdent à l’enseignement supérieur. 

 Le gouvernement qui a créé ce système le trouve évidemment excellent. Le président parle d’une “formidable réussite” et rappelle que Parcoursup a mis fin au tirage au sort engendré par l’ancien système APB. Clémentine Dupuy, élue lilloise LREM et porte-parole des Jeunes avec Macron promet toutefois que la sélection sera “plus transparente”, notamment en fournissant les chiffres d’emploi de chaque licence. De plus, Emmanuel Macron promet “d’ouvrir toutes les places nécessaires dans les filières du supérieur qui correspondent aux besoins de la Nation”. Sa représentante, C. Dupuy, estime que “le problème de la France c’est que les études vers lesquelles les jeunes s’orientent ne sont pas forcément adaptées au marché du travail. Parce qu’en ce moment, l’orientation est ouverte à tous: par exemple, en filière de philo en France, on sait que c’est une filière où il n’y pas forcément beaucoup de débouchés derrière.” En d’autres termes, il s’agit d’adapter les places à ce que demandent les entreprises. Des besoins qui sont parfois très mal anticipés : même dans les filières qui embauchent le plus, comme l’informatique, les moyens manquent cruellement. 

Marine Le Pen, elle, décrie la plateforme. Elle  “juge l’arbre à ses fruits et le moins qu’on puisse dire, c’est que Parcoursup n’a pas été un franc succès.” Sans dire comment elle compte le remplacer. Son porte-parole Clément Vanheuverswyn se contente de dire “qu’aujourd’hui, on pousse tout le monde vers les études supérieures et on voit un niveau d’échec assez incroyable […] Tout le monde n’est pas fait pour les études supérieures, tout le monde n’est pas fait pour passer le baccalauréat”. 

Clément Vanheuverswyn (au premier plan), référent des Jeunes avec Marine Le Pen lors du débat présidentiel de Pépère News et On' Media, le 19/03/2022
Clément Vanheuverswyn (au premier plan), référent des Jeunes avec Marine Le Pen lors du débat présidentiel de Pépère News et On’ Media, le 19/03/2022

Miser sur le développement des formations et des stages, la solution magique ?

L’apprentissage et les stages sont des outils puissants pour favoriser l’insertion professionnelle, mais trop peu y ont accès. Pour y remédier, les candidats proposent des mesures contrastées, mais s’engagent tous deux à favoriser la formation professionnelle. M. Le Pen promet un chèque-formation mensuel variant de 230 à 330€ pour les apprentis. Avec cette incitation, C. Vanheuverswyn veut “donner envie” aux jeunes en difficulté à l’école “d’aller dans ces métiers-là (les métiers manuels, ndlr) parce qu’ils n’ont rien à faire à l’université”. “Le tout-bac n’est pas une solution, il y a des jeunes qui dès treize-quatorze ans ont envie de travailler” affirme-t-il. Dans la France du RN, il y aura donc des collégiens qui travaillent, sachant qu’il faut aujourd’hui attendre 16 ans. A méditer.

L’apprentissage est l’un des points sur lesquels Emmanuel Macron a choisi d’insister. Il met en avant son bilan, comme la mise en place d’aides à l’apprentissage pendant la pandémie. Ce qui a mené à des taux de chômage au plus bas depuis une quinzaine d’années chez les jeunes. 700.000 contrats ont été signés en 2021, un record, dont “60 % ont mené à un CDI” rappelle C. Dupuy. Mais les fruits de ce succès ont été répartis de manière inégale. Il existe encore 1,6 million de 15-29 ans “NEET” (ni emploi, ni études, ni formation). Les aides du gouvernement ont surtout profité aux étudiants diplômés, déjà dans une situation plus favorable. Comme par exemple le plan “1 jeune 1 solution” qu’évoque la porte-parole de LREM, dont l’un des objectifs était d’aider les jeunes à “trouver un travail ou un stage”. Même si cette initiative a été critiquée par la Cour des comptes, jugeant que “l’aide à l’embauche […] n’a pas eu d’effet sur le volume total de l’emploi”.  La porte-parole promet aussi qu’Emmanuel Macron va “revaloriser l’apprentissage en simplifiant les règles pour les entreprises”. En tout, c’est un million de jeunes qu’il s’engage à former durant le prochain quinquennat. 

La formation des jeunes est finalement assez peu évoquée par les deux prétendants, alors qu’ils auraient intérêt à étoffer leurs propositions pour une classe d’âge qui s’est massivement abstenue. L’une préfère visiblement s’attaquer aux étrangers, tandis que l’autre sait pouvoir miser sur le vote des séniors. Dans un duel qui s’annonce plus serré qu’en 2017, chaque voix va compter.

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