Présidentielle. Martine Aubry fatiguée par les « combats de catch » de la rentrée politique
A Lille, la campagne présidentielle se prépare. Martine Aubry, tout en apportant son soutien à la candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo, s’inquiète de la campagne médiatique, qu’elle juge violente et éloignée de la réalité.
« J’ai envie de répondre : « mais va te faire ! » » s’insurgeait début octobre la maire de Lille concernant le candidat (ou presque) Eric Zemmour et son attitude. Fin du mois, le discours est quasiment identique lors du premier meeting de la candidate à la présidentielle Anne Hidalgo. Si la rhétorique est un peu lissée, la rengaine est la même. Lorsqu’ elle parlait du « match de catch » médiatique durant sa conférence de rentrée à la mairie de Lille, elle évoque au Grand Palais « une gauche qui ne hurle pas avec les loups« . Bref, une ténacité calme, une force tranquille qu’elle représentait, en matriarche, pour cette convention d’investiture du Parti socialiste.
De maire de Lille à mère du PS
Cette quiétude, elle l’incarne pour être à l’opposé des autres candidats, de l’extrême droite notamment. En renouvelant son soutien à la maire de Paris, elle déclarait au Bazaar St So : « Ce projet, il réunit au lieu de diviser ». Ceux qui divisent, ce sont, bien sûr, les polémistes et le camp d’en face, avec en ligne de mire Eric Zemmour. Le quasi-candidat est définit comme un « homme pétri d’orgueil », mais il incarne surtout selon la maire socialiste le « délitement de la société ». Un « symptôme » d’une maladie, d’une « France rabougrie, divisée », où « il n’y a plus que la violence pour se faire entendre ». L’ancien journaliste est hué par les tribunes du Grand Palais à Lille, Martine Aubry prend alors un rôle de grand sage : « Ne vous en donnez pas la peine, il ne représente en rien la France » professe-t-elle.
« C’est la course pour sortir la proposition la plus trash » – Martine Aubry lors du meeting d’investiture d’Anne Hidalgo
S’il ne représente en rien la France, comment expliquer sa montée dans les sondages ? La maire de la capitale des Flandres esquive d’avance cette objection. D’ailleurs, si sa candidate patine dans les intentions de vote, qu’importe. « La politique aujourd’hui c’est demander ce que vous pensez des derniers sondages » fustige-t-elle. « Savoir si ce sera Zemmour ou Le Pen au second tour ? Mais on veut parler des Français ! ». Les sondages, pas d’importance donc. Car le sujet n’est pas là, et les débats actuels font que « les Français s’éloignent de la politique, ces votes pour les extrêmes » le montrent pour l’ancienne ministre socialiste. « Mais de quoi parle-t-on ? De leur problèmes ? Non, de l’immigration. […] C’est la course pour sortir la proposition la plus trash ».
Ne voulant pas hurler, le parti socialiste a du mal à se faire entendre
Un débat politique saturé de violence selon la maire de Lille, violence contre laquelle elle ne comprend pas l’absence de réponse. « Fut un temps où les républicains auraient été dans la rue pour dire : « ça suffit d’entendre ces propos » ». Une passivité qu’elle rechigne, mais que son parti, malgré elle, incarne. En scandant « ayez le goût de l’avenir, d’un destin en commun », Martine Aubry se place du côté des calmes, des non-violents. Mais c’est au dépend de la visibilité de son groupe, de cette gauche qui ne hurle pas avec les loups, mais qui peine à se faire entendre sur le plan national, malgré une salle comblée pour ce premier meeting lillois.