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Quel avenir pour le cinéma ?

Quel avenir pour le cinéma ?

Afin d’endiguer la pandémie de Covid-19, le gouvernement a fermé tous les “lieux non-indispensables” depuis le 14 mars 2020. Les cinémas et les studios ont alors eu deux options pour l’exploitation de leur film : repousser la sortie de plusieurs mois ou se diriger immédiatement vers les plateformes de VOD.

L’une comme l’autre, ces solutions posent une série de problèmes et de divergences qu’il est intéressant d’énoncer afin de montrer toute la complexité d’une situation insoluble.

Des sorties décalées

La première option, celle du report. Si elle apparaît comme logique et vertueuse, celle-ci est également risquée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, personne ne peut prédire le comportement des spectateurs. Retourneront-ils dans les salles malgré la menace sanitaire ? Rien n’est moins sûr.

De plus, certains films étaient déjà engagés à bras-le-corps dans leur campagne marketing et devront tout simplement la recommencer. On peut citer le nouveau James Bond qui a vu son budget grimper de 30 millions de dollars supplémentaires suite à son report au 11 novembre 2020. Un budget plus élevé rime avec une baisse directe de la rentabilité. Mais aucun risque à l’horizon pour l’agent secret, son box-office étant déjà assuré par la renommée de la franchise. Imaginez plutôt le risque pour un film ayant eu du mal à se financer (coucou Kaamelott !) et dont la sortie est repoussée à une période totalement trouble.

JB - No Time To Die
No Time To sortir au ciné. [“Pas le temps de” emprunté au titre du prochain James Bond No Time to Die, ndlr.] © Universal Pictures France

Une stratégie d’exploitation modifiée

En ce qui concerne la deuxième option, celle de la VOD, elle apporte également son lot d’incertitudes. On éponge les ajouts marketing et les pertes éventuelles au moment d’une hypothétique exploitation en salle. Ici, on retrouve par exemple des films intéressants, comme The Hunt, ou même désastreux, comme Bloodshot ou Forte, qui auraient donc connu une vie en salle très mitigée – voir lamentable – et qui trouvent dans la VOD un moyen de limiter les pertes. Mais un succès en VOD n’est jamais l’égal d’un succès en salle.

Toujours est-il que des plateformes comme Amazon, Canal + ou Netflix ne vont pas manquer cette occasion unique de marquer encore plus de points face à la concurrence des salles. Les retombées de tels changements de consommation sont encore impossibles à prévoir, mais seront très intéressantes à suivre. Le vidéaste InThePanda a aussi répertorié les films dont l’exploitation en salle a été modifiée.

Les victimes

Elles sont nombreuses et diverses. Si Disney a annoncé que la fermeture de ses parcs et la modification de son planning de sortie ne lui coûterait pas moins de 1,4 milliards de dollars, les géants studios n’ont rien à craindre. Ils brassent beaucoup trop d’argent et ne jouent tout simplement pas dans la même cour que d’autres.

Ce sont les studios indépendants et les petits distributeurs qui accuseront réellement le coup. Pour eux, chaque sortie est un pari risqué qui, s’il échoue, a des conséquences directement visibles sur leur fonctionnement. Les petites salles de cinéma de quartier, diffusant toute une “autre” culture – peut-être moins fréquentée, mais tout aussi méritante – ne peuvent pas se permettre de perdre autant de fréquentations de salle. Mais demander de l’aide financière pour sauver ces petits – mais néanmoins importants – acteurs dans un pays déstabilisé apparaît comme très hypothétique. Certaines structures, certaines entreprises proposant un cinéma original devront sans doute fermer.

Festival de Cannes
Pas de Cannes cette année, mais un événement sur YouTube, gratuit et rassembleur. © Hermann (Pixabay)

Toujours du côté négatif, l’annulation des festivals comme Cannes est également à prendre en compte. Au-delà de cérémonies guindées, ils sont l’occasion de rencontres entre réalisateurs, scénaristes et producteurs dans l’immense marché du cinéma. Si certains événements sont maintenus en ligne, il est évident que tout ne sera pas aussi pratique, ni aussi bénéfique. Soyez-en sûrs : certains projets originaux ne verront jamais le jour à cause de cette pandémie.

Que faire ?

Au vu de cette situation inédite, il y a bien une chose que nous pouvons faire. Nous pouvons agir, ensemble, pour participer à la sauvegarde d’un cinéma riche et diversifié. Si retourner dans les salles obscures dès leur réouverture serait un bon moyen, il est impossible de prévoir, ou même d’inciter, le comportement des spectateurs. Depuis le début du confinement, le téléchargement illégal a augmenté d’environ 30 % partout dans le monde, selon le site TorrentFreak. Pourtant, le moyen d’éponger les pertes colossales est simple : arrêtons tout comportement illégal. Même si ce sont des systèmes très faillibles aux moyens discutables, des plateformes comme Canal+ investissent et contribuent à la création d’une offre cinématographique plus large. Passer outre ces plateformes, c’est attaquer un cinéma déjà à genoux. En ce qui concerne la réouverture des salles, attendons la décision du gouvernement qui devrait arriver d’ici la fin du mois.

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