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Quelles aides pour les étudiants lillois en cette période de crise sanitaire ?

Quelles aides pour les étudiants lillois en cette période de crise sanitaire ?

Université de Lille, précarité étudiante

La précarité étudiante n’a fait que s’accentuer au gré de la crise sanitaire. Pour pallier les instabilités psychologiques et financières des jeunes, des dispositifs ont été mis en œuvre à Lille, entre autres par la ville, la région et les organisations politiques. 

Les files devant les banques alimentaires ne cessent de croître, la précarité matérielle enraye un bon suivi pédagogique, l’insertion professionnelle se raréfie, et par-dessus tout, l’isolement détruit. Cette précarité étudiante a toujours existé, « la crise actuelle n’a fait que révéler des difficultés et des fragilités, qui ne sont pas nouvelles », nous confie Daniel Lecas, vice-président régional en charge de l’enseignement supérieur. Alors, comment les producteurs de politiques publiques tentent-ils d’alléger la charge financière et mentale des étudiants ?

Une région qui se doit de perpétuer sa jeunesse

Statistiquement, les Hauts-de-France est la région provinciale la plus jeune de France. Pourvoir des aides à l’égard des étudiants permet non seulement de pérenniser ce dynamisme juvénile, mais cela semble aussi aller de soi. 80% du budget de l’enseignement supérieur est alloué aux aides étudiantes en ce moment, alors quelles sont-elles ?

Les emplois étudiants relais santé ont récemment été multiplié par deux. L’étudiant à ce poste se doit de faire le relais entre un étudiant en détresse, notamment psychologique, et les professionnels de santé. Grâce à une formation en amont, il apprend à identifier les comportements à risques tout en s’appropriant un rôle de conseiller. Le but est d’informer ceux qui sont éloignés des canaux de communication traditionnels quant aux différentes aides qui existent et les démarches administratives inhérentes. Le but est de pallier le renoncement au droit, et de fait, beaucoup de dispositifs ne sont pas mobilisés car demeurent méconnus des plus concernés. « C’est rarement ceux qui ont le plus besoin des politiques qui viennent voir les politiques », déclare Daniel Lecas.

Pareillement, 1.000 nouveaux contrats étudiants ont vu le jour. Les missions sont variées : cela peut être du tutorat comme de l’accompagnement dans l’apprentissage du maniement des outils numériques. Les contacts au sein des établissements pour demander des informations sur les offres à pourvoir et faire acte de candidature sont précisés sur le site de la Région.

« C’est rarement ceux qui ont le plus besoin des politiques qui viennent voir les politiques » – Daniel Lecas, vice-président régional en charge de l’enseignement supérieur

Il est aussi possible de prétendre au Fond régional social d’urgence par le biais du Crous. Cette aide n’est pas exclusivement réservée aux boursiers et permet aux étudiants en détresse financière, après examen de dossier, de prétendre à une somme d’argent d’une valeur comprise en 400 et 460 euros en moyenne. Après la généralisation des repas à un euro aux étudiants non-boursiers, ces derniers ont désormais la possibilité de demander la gratuité des repas des restos U, au nombre de 100 au total. Cette demande est, une nouvelle fois, soumise à l’expertise du Crous.

« Franchir les portes des mairies de quartier »

Charlotte Brun, adjointe au Maire en charge de la jeunesse et du quartier de Wazemmes propose de « franchir les portes des mairies de quartiers », qui mettent en contact les jeunes dans le besoin avec le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) et ses aides. En effet, les élus sont en contact étroit avec la Mission Locale, les Centres Sociaux ou encore les associations de proximité qui tentent, à leur échelle, de venir en aide aux étudiants. Si la majorité des aides sont recensées sur le site de la mairie, de nombreux dispositifs restent méconnus.

De nombreux espaces de coworking ont été mis en place pour déjouer l’isolement. Ainsi, la Fabrique du Sud (quartier Lille Sud), initialement destinée à devenir un lieu pour les associations, s’est vue transformée par la mairie en un espace de coworking ouvert du lundi au vendredi à partir de midi. Cette initiative s’est vite répandue, la Voisinerie de Wazemmes a également ouvert un espace de coworking le mercredi, tout comme la maison de quartier du Vieux Lille et ailleurs encore. Sans oublier les initiatives de certaines entreprises privées, telles que O Architecture, qui a arrangé ses locaux en espace de convivialité et de coworking pour les étudiants.

Outre ces lieux de travail, la maison de quartier de Wazemmes propose des repas à un euro le jeudi, une occasion de s’extirper de la cantine habituelle qu’est devenu le restaurant universitaire. Au sein des maisons de quartier, on peut aussi y trouver un réseau de médiateurs pour aider les étudiants à réaliser des démarches administratives.

La mairie dispose aussi d’un partenariat avec Emmaüs connect et les centres sociaux connectés. Ces structures de solidarité luttent contre la précarité numérique, en collectant du matériel numérique et en réalisant des dons. Pour en bénéficier, il est nécessaire de contacter la plateforme Emmaüs connect directement.

Par Ailleurs, la Ville recrute des étudiants pour être animateurs, notamment lors des pauses méridiennes. Evidemment compatibles avec l’emploi du temps universitaire, ces offres sont à retrouver sur le site de la Mairie.

Les Jeunes Insoumis luttent par des actions concrètes

En ce moment, les Jeunes Insoumis, chapeautés par le député du Nord Adrien Quatennens, organisent ponctuellement des distributions de denrées alimentaires et de protections et produits hygiéniques à destination des étudiants, sur le site des résidences universitaires.

Distribution de denrées alimentaires ©Lili Pateman / Pépère News
Distribution de denrées alimentaires par les Jeunes Insoumis. © Lili Pateman / Pépère News

Engagés dans la lutte contre la précarité étudiante, ces derniers dénoncent l’enrichissement des milliardaires français qui tirent profit de la crise sanitaire aux dépens des plus démunis. « Nous n’arrivons pas à accepter ces îlots de richesse indécente, au milieu d’un océan de pauvreté », nous déclare Adrien Quatennens. De fait, au printemps dernier, le porte-monnaie des ménages les plus fortunés aurait augmenté de près de 30% alors que dans le même temps, l’insertion professionnelle des jeunes peine à se concrétiser et les banques alimentaires sont saturées.

« Nous n’arrivons pas à accepter ces îlots de richesse indécente, au milieu d’un océan de pauvreté » – Adrien Quatennens, député La France Insoumise du Nord

L’objectif principal pour lequel militent les Insoumis est d’arriver à ce qu’aucun jeune ne soit en deçà du seuil de pauvreté. Si les aides pourvues par la région, la mairie ou encore les Insoumis sont incontestablement bénéfiques pour lutter contre la précarité étudiante dans le canton lillois, il n’est pas sans rappeler que ces derniers viennent en appui à l’État, qui dispose des clefs pour lutter efficacement contre cette précarité touchant les jeunes. Les compétences de la région, comme de la mairie, sont restreintes, étant donné que l’organisation des politiques publiques est largement centralisée. « La vraie impulsion doit venir de l’État », conclut Daniel Lecas.

Mis à jour le 12/03/2021 à 13 heures 25

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