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Sophie Hong et Marcel Gromaire, deux artistes qui subliment la Piscine de Roubaix

Sophie Hong et Marcel Gromaire, deux artistes qui subliment la Piscine de Roubaix

musée, Piscine Roubaix

Les expositions éphémères en l’honneur des artistes Marcel Gromaire et Sophie Hong, qui prendront fin ce week-end, sont l’occasion de mettre le doigt sur deux éléments fondateurs de la Piscine de Roubaix : l’art et le textile. Ces artistes, à travers leurs oeuvres respectives, tissent un lien particulier avec le musée qui les a réunis.

Comment faire honneur à ce lieu ? Quels artistes devons-nous mettre en lumière ? Telles sont les questions que doivent se poser le conservateur et l’équipe des musées avant de choisir une exposition. Et c’est pari réussi pour Bruno Gaudichon, le directeur du musée roubaisien, car ces expositions ont attiré environ 40.000 visiteurs malgré la crise sanitaire.

La réhabilitation de l’inclassable Marcel Gromaire

Il est vrai que cet artiste peut sembler être une évidence pour un musée qui abrite déjà une partie de ses oeuvres dans ses expositions permanentes. Car si l’oeuvre de Marcel Gromaire résonne si bien avec le cadre de la Piscine, c’est qu’ils sont tous deux des monuments du Nord et les témoins d’une époque révolue.

Marcel Gromaire, Piscine de Roubaix
Une virée quotidienne des habitants du Nord, peinte par Marcel Gromaire. © Thomas Fatin-Rouge / Pépère News

Gromaire est un peintre de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, mais il est surtout un artiste de son temps. Les visiteurs pourront alors lire dans ses tableaux les espoirs du Front Populaire et l’effervescence de l’entre-deux-guerres, ainsi que la lutte face au totalitarisme. Son style est empreint d’une approche constructiviste qui lui vient des cubistes, mouvement artistique cher à Picasso, mais aussi d’un esthétisme que l’on retrouve chez des peintres de renom comme Matisse et Cézane. Son sujet de prédilection est la condition des prolétaires dans les activités laborieuses qu’il illustre à l’aide de couleurs terreuses et de clair-obscur. Mais en tant qu’artiste, il se passionne aussi pour des sujets plus académiques comme le nu féminin qu’il décline sur tous les supports. Il représente dans ses nus des figures anonymes ou intemporelles, comme par exemple Eve et Vénus, ou bien parfois des danseuses et modèles.

Marcel Gromaire a pourtant longtemps été écarté de l’histoire artistique car jugé inclassable. Cette exposition permet de réhabiliter un artiste qui n’a eu de cesse de traduire les paysages et les horizons emblématiques du Nord.

Sophie Hong, une artiste entre Paris et Taïwan

Dans l’aile des expositions éphémères, on retrouve la styliste Sophie Hong aux côtés de Gromaire. Sa place dans le musée est particulièrement bien choisie pour une artiste du tissu, quand on sait qu’avant de faire corps avec le musée, l’annexe était l’ancien tissage Hannart.

Cette artiste contemporaine d’origine taïwanaise, basée à Paris, est mondialement connue dans le milieu du luxe pour son travail de la soie. Elle travaille cette matière avec des techniques ancestrales provenant du sud de la Chine. Cela lui permet de façonner des vêtements écologiques qui, en fonction du traitement qu’ils subissent, se déclinent sous différents aspects. Ce qu’on croit être du velours ou du vieux cuir est finalement de la soie laquée qui conserve toute sa légèreté car, si la Piscine est un musée d’art où l’on peut admirer des sculptures de Camille Claudel et des céramiques de Picasso, on y trouve aussi une importante collection de textiles présentant la production française de 1835 à 1940.

La Piscine, une brève histoire du lieu

Habituellement, une piscine, on y nage. Mais plus dans celle-ci. Dans l’histoire de la Piscine, le musée vient avant car dès 1835, les manufacturiers du textile créent un fonds d’échantillons de leur production, auquel s’ajoute trente ans plus tard une dotation d’oeuvres de l’Etat.

vitraux, Piscine de Roubaix
Les vitraux de la Piscine de Roubaix sont les quelques vestiges restés intacts depuis 1932. © Thomas Fatin-Rouge / Pépère News

Suite à la Seconde Guerre mondiale, le musée tombe à l’abandon. C’est grâce à une décision du conseil municipal et de la direction des Musées de France de l’installer dans la Piscine d’Art Déco qu’il va réapparaître aux yeux du public. Cette piscine avait été construite par l’architecte Albert Baert avec l’aval du maire de Roubaix, Jean-Baptiste Lebas. Ce dernier voulait faire construire dans sa ville “la plus belle piscine de France”. Elle ouvre alors ses portes comme piscine municipale en 1932.

Aujourd’hui, de cette piscine subsistent un petit bassin qui traverse la salle centrale, ainsi que des vitraux symbolisant le lever et le coucher du soleil. Elle a fermé ses portes pour des raisons de sécurité car le bâtiment se dégradait. Puis, après quatre ans de travaux, la Piscine a réouvert au public en 2002.

Si la Piscine a changé au fil des aménagements, un visiteur averti peut sentir que l’âme de la Piscine et son identité n’ont pas disparu. On dit même que les visiteurs attentifs peuvent encore y entendre les cris des enfants jouant dans l’eau.

Par Thomas Fatin-Rouge

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