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Squid Game, la sentence est irrévocable

Squid Game, la sentence est irrévocable

Squid Game

Après la sortie d’Alice in Borderland en décembre, le jeu a le vent en poupe sur Netflix. Suivant cette thématique, Squid Game a débarqué le 17 septembre sur la plateforme, promettant tension et suspense. La série sud-coréenne a déjà séduit son public, se hissant dans le Top 10 pour plus de 90 pays en seulement quelques jours. Attention, spoilers !

Gagner ou mourir

Dans un monde où l’argent est roi, tout le monde a déjà rêvé de remporter le jackpot. C’est ainsi que 456 personnes endettées s’inscrivent au Squid Game, dans l’espoir de remporter 45.6 milliards de won (environ 32 millions d’euros). Pour participer, il n’y a que trois règles : “les joueurs ne peuvent pas arrêter de jouer“, “les joueurs refusant de jouer seront éliminés” et “le jeu peut être arrêté si la majorité est d’accord“. Tous se réveillent donc dans un dortoir et commencent leur première partie avec Un, deux, trois, soleil. Ceux-ci se rendent alors compte que dans ce jeu enfantin et simplet, la défaite est mortelle. Pour remporter la somme promise, il leur faudra risquer leur vie.

Ce n’est pas un hasard si Squid Game trouve si bien son public. L’antithèse au centre de la série, opposant les jeux amusants de notre enfance au concept plus grave de la mort, installe tout de suite l’ambiance angoissante et prenante caractéristique du programme. Créée par Hwang Dong-Hyeok, la série nous tient en haleine : chaque épisode est aussi absorbant que dur pour le spectateur. Il est impossible de se détacher de la série tant on est investi dans le jeu, et on se voit contraint à passer à l’épisode suivant. Pourtant, comme le redoutable Funny Games réalisé par Michael Haneke,  Squid Game émet une critique de la pornographie, de la violence et du voyeurisme du spectateur. Regarder des gens mourir est difficile, et pourtant le public ne résiste pas à la tentation de voir les participants tomber au fil des jeux. Une mise en parallèle que l’on retrouve avec le personnage principal : s’il est amusant pour Seong Gi-Hun (interprété par Lee Jung-jae) de jouer au tiercé en début de saison, il est moins drôle pour lui de devenir le cheval de course. Être diverti et devenir le divertissement n’est en effet pas la même partie de plaisir.

 

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Les participants dans le labyrinthe les menant au prochain jeu. © Netflix.

Une critique acide du capitalisme

À l’instar de La casa de papel ou de l’intrigant Parasite, l’anticapitalisme et la lutte des classes sont au centre de la série. Ce qui pousse les participants à risquer leur vie dans le cruel Squid Game, c’est l’appât du gain. Ils ont tous besoin d’argent : qu’ils soient endettés, réfugiés, immigrés sans papiers ou autre. Ces derniers sont prêts à tout pour se sortir de la misère, même à risquer leur vie. Et pour cause, contrairement à Hunger Games, leur inscription à ce jeu mortel est un choix. La lutte des classes est d’autant plus présente que ce jeu sordide a pour simple but d’amuser quelques personnes riches : des pauvres meurent pour le divertissement de quelques dandys pleins aux as et ennuyés par la vie. Comme l’explique Oh Il-Nam (joué par Oh Young-Soo) au personnage principal : il est si riche qu’il peut posséder tout ce qu’il désire et que plus rien ne l’amuse. Le Squid Game était pour lui un moyen de renouer avec les jeux de son enfance (la période où il était encore heureux) en donnant une chance égale à tout le monde de remporter le prix et d’accéder à une vie meilleure. Pourtant, Gi-Hun lui rappelle que l’existence des classes moins aisées n’est pas là pour divertir celle des riches, et que leurs vies comptent tout autant : “Je ne suis pas un cheval de course, je suis un être humain“.

 

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De gauche à droite : Cho Sang-woo (Park Hae-soo), Seong Gi-hun (Lee Jung-jae) et Kang Sae-byeok (Jung Ho-yeon). © Netflix.

Bien que le jeu permette aux “méchants” de la vie normale, comme les chefs de gang, de gagner grâce à la violence comme le fait Jang Deok-Su (interprété par Heo Sung-tae), il pousse aussi les esprits plus calmes à user de ruse — et de trahison — pour s’en sortir. On voit que la survie peut rendre immoral chaque individu et peut même faire perdre la tête. Or, dans le quotidien, la survie dépend beaucoup de l’argent. D’autre part, si les organisateurs promettent que chacun avance dans le jeu à chances égales, les rapports de pouvoirs et de domination demeurent inchangés : femmes et vieillards ne sont pas prisés par les équipes.

Là où Squid Game sort également son épingle, c’est dans la créativité de sa mise en scène. La réalisation est inspirée et donne de très beaux plans à l’écran. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que les costumes de Squid Game peupleront les rues le soir d’Halloween, comme cela avait été le cas avec les masques de Dalí lorsque La casa de papel avait fait son apparition dans le catalogue. Squid Game n’est pas le premier survival game à faire son apparition à l’écran, mais la série addictive a déjà séduit des millions de spectateurs. Devenant la première série non-anglophone la plus vue sur la plateforme, celle-ci est bien partie pour devenir le programme le plus regardé de l’histoire de Netflix. Inspirée et dénonciatrice, Squid Game invite à réfléchir tout en étant un excellent divertissement pour celles et ceux ayant un estomac bien accroché.

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